La situation de la jeunesse camerounaise suscite de plus en plus d'inquiétudes parmi les observateurs de la société civile et les analystes politiques. Plusieurs facteurs structurels semblent entraver l'épanouissement de cette frange de la population qui représente plus de 60% des 27 millions d'habitants du pays.
Le secteur de l'éducation fait face à des défis considérables. Les infrastructures scolaires vieillissantes, le manque chronique d'enseignants qualifiés et les retards récurrents dans le paiement des salaires constituent autant d'obstacles à une formation de qualité.
Selon les dernières statistiques officielles, le taux de scolarisation primaire reste préoccupant dans certaines régions, tandis que l'enseignement supérieur peine à absorber la demande croissante. L'accès limité aux nouvelles technologies et à Internet haut débit dans les zones rurales accentue la fracture numérique.
Les jeunes diplômés dénoncent régulièrement les pratiques de corruption qui gangrènent le marché de l'emploi. L'obtention d'un poste dans la fonction publique ou le secteur privé semble souvent dépendre davantage des relations personnelles que du mérite, créant un sentiment de frustration et de désespoir chez les jeunes qualifiés.
Cette situation pousse de nombreux jeunes vers l'économie informelle ou les activités illégales, faute d'opportunités légitimes d'insertion professionnelle.
Le taux de chômage des jeunes de 15 à 35 ans avoisine les 30% selon les estimations non officielles, un chiffre alarmant qui traduit l'inadéquation entre l'offre de formation et les besoins du marché du travail. Les secteurs porteurs d'emplois restent limités, et l'entrepreneuriat se heurte à de nombreuses barrières administratives et financières.
L'agriculture, qui emploie encore une grande partie de la population, peine à attirer les jeunes en raison de sa faible rentabilité et de l'absence de modernisation des techniques de production.
Face à ces difficultés, de nombreux jeunes Camerounais choisissent l'émigration vers l'Europe, l'Amérique du Nord ou d'autres pays africans plus dynamiques économiquement. Cette fuite des cerveaux prive le pays de ses forces vives et de ses compétences les plus prometteuses.
Les universités européennes et nord-américaines accueillent chaque année des milliers d'étudiants camerounais dont une grande majorité ne reviendra pas au pays après leurs études.
Malgré ce tableau sombre, plusieurs organisations de la société civile et associations de jeunes travaillent à proposer des alternatives. Des programmes de formation professionnelle, des incubateurs d'entreprises et des projets de développement communautaire voient le jour, portés par des jeunes entrepreneurs déterminés.
Ces initiatives, bien qu'encore marginales, démontrent la capacité d'innovation et de résilience de la jeunesse camerounaise face aux défis structurels du pays.
Les experts appellent les autorités à adopter une approche globale et cohérente pour répondre aux attentes des jeunes. Cette politique devrait notamment inclure la réforme du système éducatif, la lutte contre la corruption, la facilitation de l'accès au crédit pour les jeunes entrepreneurs et la modernisation de l'économie.
Sans ces réformes structurelles, le Cameroun risque de perdre une génération entière, compromettant ses perspectives de développement à long terme.