Les propos du secrétaire à la communication de l'UNDP remettant en question la qualité du dossier de candidature de Maurice Kamto créent un malaise au sein du parti de Bello Bouba Maïgari, alors que des tractations pour une alliance avec l'ex-candidat du Manidem sont en cours.
Les déclarations de Saidou Maïdadi, secrétaire à la communication de l'Union nationale pour la démocratie et le progrès (UNDP), sur l'éviction de Maurice Kamto de la course présidentielle font grincer des dents au sein du parti dirigé par Bello Bouba Maïgari. Une polémique qui tombe mal pour l'UNDP, alors que des négociations discrètes seraient en cours pour rallier l'ex-candidat du Mouvement africain pour la nouvelle indépendance et la démocratie (Manidem) à leur cause.
Dans une sortie qui fait débat, Saidou Maïdadi avait estimé que "le dossier de Maurice Kamto avait été mal monté" et qu'il n'y avait "pas de raison de douter du Conseil constitutionnel". Des déclarations qui tranchent avec la ligne officielle de solidarité affichée par l'opposition face aux décisions controversées de l'institution.
"Pour ce qui est du Pr Maurice KAMTO, je ne sais pas exactement où s'est trouvé le problème pour que son dossier soit rejeté. Si le dossier avait été monté avec la même minutie que nous peut-être que le dossier serait passé", avait-il déclaré, ajoutant qu'on avait "trouvé une faille" dans le dossier de l'opposant.
Rapidement, plusieurs responsables de l'UNDP et proches de Bello Bouba Maïgari ont pris leurs distances avec ces déclarations. Ces derniers rappellent que Saidou Maïdadi "n'est pas le porte-parole du candidat" et que ses propos n'engagent que lui. Une mise au point qui témoigne de l'embarras suscité par cette sortie médiatique au sein du parti.
Cette polémique interne intervient à un moment particulièrement délicat pour l'UNDP, qui multiplie les signaux d'ouverture vers Maurice Kamto depuis la confirmation de son éviction par le Conseil constitutionnel.
Selon nos informations, l'UNDP fait partie des formations politiques qui courtisent activement Maurice Kamto pour un éventuel ralliement. Le parti de Bello Bouba Maïgari, considéré comme un "allié objectif" de l'ex-candidat du MRC, mène des négociations par l'intermédiaire du député Jean-Michel Nintcheu, coordinateur des discussions au sein de l'Alliance pour une transition pacifique (ATP).
Ces tractations s'inscrivent dans une course contre la montre, les candidats ayant jusqu'au lundi 11 août à minuit pour confirmer leur candidature ou se désister en faveur d'un autre. Un délai crucial qui pourrait voir naître une grande coalition de l'opposition face au président sortant Paul Biya.
Un enjeu stratégique
Pour l'UNDP, rallier Maurice Kamto représenterait un atout considérable dans la perspective d'un second tour face à Paul Biya. L'ex-candidat du Manidem dispose d'un électorat fidèle et organisé, particulièrement dans les régions anglophones et urbaines du pays.
Mais les déclarations de Saidou Maïdadi risquent de compliquer ces négociations délicates. En remettant en question la qualité du dossier de Maurice Kamto, le secrétaire à la communication de l'UNDP a involontairement alimenté les soupçons de certains militants de Kamto sur la sincérité des nouveaux alliés de leur leader.
Cette polémique met en lumière les difficultés de l'opposition camerounaise à parler d'une seule voix, même dans l'adversité. Pour l'UNDP, l'heure est aux clarifications et à la réparation des dégâts causés par ces déclarations intempestives.
La concertation prévue ce samedi 9 août entre Maurice Kamto et ses nouveaux alliés sera l'occasion de mesurer l'impact réel de cette controverse sur les négociations en cours. Une chose est certaine : dans la course effrénée pour constituer une coalition face à Paul Biya, chaque faux pas peut s'avérer fatal.