Panafricanisme d'Alain Foka et Jules Domtché: un écrivain ivoirien fait tomber les masques

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Mon, 11 Aug 2025 Source: www.camerounweb.com

Les deux stars camerounais de l'audiovisuel devenus récemment panafricains et se sont érigés en acteurs de la "libération" de l'Afrique à travers leurs podcasts, prise de parole et interview diffusés à profusion sur la toile.

Vrai héros et stars pour certain, Alain Foka et Jules Domché sont pour l'écrivain ivoirien, Florent Raoul Couao-Zotti, ils sont 'le nouveau duo du panafricanisme haut de vol', et leur panafricanisme souffre de plusieurs maux. Des maux qui laissent transparaitre leu vrai visage: les amis des dictateurs africains.

Lisons:



"Une étrange vidéo circule depuis quelque temps sur les réseaux sociaux : on y voit Jules Domtché, ex-journaliste reconverti en distributeur officiel de pensées, donner une conférence dans le confort moelleux d’un hôtel d’une capitale africaine. Il y parle, très sérieusement et avec une gestuelle de professeur, des « tares » de la démocratie africaine. Selon lui, la démocratie nous aurait été livrée sans notice, et si des militaires en treillis finissent par s’installer au pouvoir, ce serait la faute… des civils. Vous avez bien lu : les victimes sont coupables, et les dictateurs sont des solutions.

Aux côtés de Domtché, on retrouve Alain Foka, star du journalisme audio-visuel et tout frais émoulu du panafricanisme. Avec son collègue de "Voxx of Africa", ils forment ce que la Francafrique connaît depuis longtemps : des journalistes bling-bling, plus familiers des tapis rouges des palais présidentiels que des quartiers populaires. Plus prompts à faire des selfies avec les chefs d’État qu’à gratter sous le vernis du pouvoir.

Les deux hommes se sont récemment redécouverts une mission : libérer l’Afrique… mais depuis un plateau climatisé, micro en or à la main. Et ils sont prêts à nous répéter à l'envi, combien l’Occident méprise l’Afrique; un mépris que Foka a patiemment enduré, facturé et converti en carrière pendant trois décennies à RFI.

Quant à Domtché, fidèle perroquet de son mentor politique, il tente de se faire passer pour un lumineux. À force de labourer l’idéologie avec la régularité d’un motoculteur, il m’a poussé à une question simple mais existentielle : est-ce de la pure mauvaise foi ou de l'ignorance ?

Dans cette vidéo en question, il a même eu l’audace de demander pourquoi Mamady Doumbouya arborait autant de décorations qu’un général soviétique en fin de carrière. Pour lui, les titres présidentiels – Président de la République, Chef de l’État, Chef du Gouvernement, Chef suprême des Armées – seraient un empilement suspect, une sorte d’orgueil institutionnel tropical.

Il oublie pourtant un détail, un minuscule : ces titres sont une norme dans les régimes présidentiels. C’est écrit dans les constitutions, du Bénin au Brésil. Le problème, ce n’est pas l’intitulé des fonctions, c’est ce que certains en font. Ce n’est pas le fauteuil qui est toxique, c’est l’arrière-train qui s’y incruste et refuse de se lever.

Domtché accuse aussi la démocratie, la vraie, comme si c’était elle qui fraude les élections, tripatouille les constitutions à minuit, décapite la durée des mandats ou fait disparaître les urnes gênantes. Ce ne sont pas les institutions qui trichent, ce sont les apprentis dictateurs qui s’en servent comme d’un tour de magie mal exécuté. Ils transforment les constitutions en pâte à modeler, et la volonté populaire en bruit de fond.

Pendant que certains États africains organisent des élections comme des spectacles de prestidigitation, d'autres pays du continent montrent que la démocratie peut fonctionner. Pas parfaitement, non, mais au moins elle respire. Elle tousse, parfois, mais elle n’est pas morte. Le Bénin, le Ghana, le Nigeria, la Namibie, le Cap-Vert, l’Afrique du Sud, le Liberia, le Kenya… la liste est longue. Là-bas, l’alternance existe. Elle n’est pas toujours élégante, mais elle est réelle.

À l’inverse, les régimes où l’on tripote la constitution, où l’on recycle les présidents comme des bouteilles en plastique, restent heureusement minoritaires. Le problème, c’est que ce sont ces modèles dysfonctionnels que Domtché et Foka nous présentent comme des alternatives viables. Et c’est ce genre d’argument douteux qui a permis, par exemple, de vendre au président togolais une version maison du régime parlementaire, tricotée dans l’ombre, loin des yeux et encore plus loin du peuple. Et cette innovation est tellement applaudie par les Togolais qu'ils étaient obligés de sortir pour crier leur indignation. Résultats: sept morts pêchés dans la lagune de Bè, des disparus, des arrestations, des casses".

Source: www.camerounweb.com