Photogouvernance ou la gouvernance par les hautes instructions: l'Abbé Etienne Bakaba sort la sulfateuse et détruit Etoudi

Abe Bakaba Image illustrative

Fri, 15 Aug 2025 Source: www.camerounweb.com

Le prêtre de Douala critique ouvertement la rencontre entre la hiérarchie catholique et le Secrétaire général de la Présidence, révélant des divisions au sein de l'Église

Les remous provoqués par la rencontre entre le Conseil Permanent de la Conférence Épiscopale Nationale du Cameroun (CENC) et le Secrétaire général de la présidence de la République ne se limitent pas aux cercles politiques. Au sein même de l'Église catholique, des voix critiques se font entendre, à l'image de l'Abbé Etienne Bakaba qui n'a pas mâché ses mots.

Sur sa page Facebook, le vicaire à la cathédrale Saint Pierre et Paul de Douala, également directeur adjoint de Radio et Télévision Veritas, a posé une question qui fait mouche : « Le conseil permanent de la CENC qui représente tous les évêques du Cameroun, vient-il de valider la photogouvernance ou alors la gouvernance par les hautes instructions ? Je m'interroge. »

Cette interpellation directe révèle un malaise profond au sein de l'institution religieuse. Pour l'Abbé Bakaba, la rencontre avec le SGPR pourrait être perçue comme une forme de validation du mode de gouvernance actuel, en dépit des critiques récurrentes formulées par l'Église sur l'état du pays.

L'Abbé Bakaba n'en est pas à sa première sortie polémique. En janvier 2025, il avait déjà fait parler de lui en exhortant Paul Biya à prendre une « retraite bien méritée », une déclaration qui avait fait sensation dans les milieux religieux et politiques.

Plus récemment, à la veille de la rencontre des évêques à Buea, il avait adopté un ton prophétique pour mettre en garde contre « les mauvais esprits de la corruption endémique » : « Les évêques du Cameroun se rassemblent à Buea du 4 au 11 janvier. Ils vont encore verser un peu d'eau bénite sur le pays à partir de la région anglophone... Que les démons de la malgouvernance se tiennent bien. Partout au Cameroun, il y aura de l'exorcisme épiscopal en 2025. »

Ces prises de position révèlent l'existence de fractures profondes au sein de l'Église catholique camerounaise. D'un côté, on trouve des voix critiques comme celle de l'Abbé Bakaba ou encore de l'archevêque de Douala, Mgr Samuel Kleda, connus pour leurs positions fermes face aux dysfonctionnements de la gouvernance.

De l'autre, la CENC semble privilégier une approche plus institutionnelle et conciliatrice, cherchant le dialogue direct avec les autorités publiques plutôt que la confrontation ouverte. Cette stratégie divise visiblement au sein de l'institution religieuse.

L'interrogation de l'Abbé Bakaba soulève une question fondamentale : l'Église doit-elle maintenir une distance critique avec le pouvoir ou s'engager dans un dialogue institutionnel qui pourrait être perçu comme une forme de compromission ?

Le terme de « photogouvernance » utilisé par le prêtre fait référence à une gouvernance de façade, privilégiant l'image à l'efficacité réelle. Quant à la « gouvernance par les hautes instructions », elle évoque un système centralisé où les décisions importantes sont prises au sommet, sans véritable consultation démocratique.

Ces divisions internes à l'Église surviennent dans un contexte politique tendu, marqué par l'approche des élections présidentielles. La position que choisiront d'adopter les autorités religieuses pourrait avoir un impact non négligeable sur l'opinion publique, tant l'influence de l'Église catholique reste importante au Cameroun.

L'interrogation de l'Abbé Bakaba traduit peut-être une crainte partagée par certains fidèles et observateurs : que l'Église, en privilégiant le dialogue institutionnel, ne perde de sa capacité prophétique et critique face aux dérives du pouvoir.

Au-delà de la polémique, la sortie de l'Abbé Bakaba peut être lue comme un appel à la cohérence. Comment l'Église peut-elle, d'un côté, dénoncer la mauvaise gouvernance et les dérives du système, et de l'autre, participer à des rencontres qui pourraient être interprétées comme une forme de validation de ce même système ?

Cette tension entre prophétie et diplomatie traverse l'histoire de l'Église, mais elle prend une résonance particulière dans le contexte camerounais actuel, où les attentes des citoyens vis-à-vis de l'institution religieuse restent très élevées.

Source: www.camerounweb.com