Le ministre de l’Administration territoriale choisit visiblement ses combats. Il y a certains sujets sur lesquels il se montre intransigeant et impitoyable. Sur d’autres affaires qui requièrent aussi son intervention, c’est du silence radio. Comme le kidnapping des 5 enfants d’une même mère par des éléments de Boko Haram qui demandent une rançon pour les libérer.
Le journaliste Joseph Essama a donc écrit une lettre ouverte au ministre Paul Atanga Nji. Il l’invite à se mouiller et à retrousser ses manches, comme il l’a déjà promis.
Monsieur le ministre, les autorités administratives qui sont sous votre autorité, sont, selon la loi du 12 novembre 2008, des dépositaires de l'autorité de l'État. La Constitution, dans son préambule, indique quant à elle que l'État assure la sécurité de chaque individu dans le respect de l'intérêt supérieur de celui-ci (l'État).
Lors d'une interview accordée à la CRTV il y a quelques semaines, vous affirmiez vous-même que dans ce rôle qui vous est dévolu, chaque fois qu'un individu défie l'autorité de l'État, il creuse son propre trou et quand il y tombe, vous ne mettez pas la terre, mais plutôt du ciment.
Monsieur le ministre, voilà plus de cinq jours que 17 personnes dont cinq enfants d'une même mère, ont été enlevés par des hommes armés non identifiés. Voilà plus de cinq jours que des hommes sans foi ni loi défient l'autorité de l'État, et ce, sous vos yeux. Voilà plus de cinq jours que ces individus ont décidé de creuser eux-mêmes leur propre trou, pour emprunter à votre exaltant lexique. Voilà plus de cinq jours qu'on attend que vous alliez mettre le ciment sur leur trou. Malheureusement, comme impuissant, vous restez cloîtré dans vos bureaux douillets de Yaoundé comme un nourrisson sur le sein de sa mère.
Même si on n'a jamais été d'accord avec la conception du rôle qui est le vôtre, cette fois monsieur le ministre, nous voulons vous voir dans le feu de l'action. C'est un défi personnel auquel je vous incite, pour me rassurer de cette toute-puissance qui ne vous a jamais fait fausse route dans la traque et la persécution des vrais opposants au régime satanique que vous servez avec un zèle plus que malsain et excessif, pour dire le moins.
Monsieur le ministre, il est vivement attendu que vous fassiez la démonstration de votre efficacité, pour autre chose que la répression des opposants, et redonniez le sourire à cette mère et à ces familles qui vivent un cauchemar et un traumatisme qu'aucun mot ne saurait décrire. Monsieur le ministre, sortez le Moulinex pour écraser et la truelle pour cimenter ces hors-la-loi donnés comme de Boko Haram.
Monsieur le ministre, malgré que ces ravisseurs passent quotidiennement les appels aux familles des victimes, vos services de renseignements qui sont prompts à localiser les appels des opposants et à géolocaliser des journalistes avant de les assassiner, sont-ils subitement devenus si incapables à mettre le grappin sur ces individus qui manquent de respect à l'État ?
Monsieur le ministre, à plusieurs reprises, nous vous avons par ailleurs entendu vanter l'efficacité de votre Moulinex. Voilà donc des condiments qui s'offrent gratuitement à vous. Actionnez donc sans états d'âme le Moulinex et l'État restera debout.