A quelques semaines de l'élection présidentielle de 2025, les candidats dont les candidatures ont été validés aussi bien par Elecam que par le Conseil constitutionnel, commencent à dévoiler leurs programmes.
Le candidat du SDF, Joshua Osih a dévoilé son programme au cours d'une conférence de presse, le mardi dernier au siège du parti politique.
L'analyste politique Dieudonné Essomba a suivi la présentation du programme de bout en bout. Il le décrypte pour les Camerounais:
"Hier, j’ai assisté à la Conférence de Presse du candidat Joshua OSIH et j’en suis sorti, totalement édifié. Osih a présenté son programme en anglais en en français, et a répondu à 3 séries de questions.
Ce qu’il faut en retenir, c’est qu’Osih a élaboré un programme solide et structuré, fondé sur une patiente récolte des données sur le terrain, des consultations participatives, des analyses économiques et sociologiques et des simulations financières, pour en évaluer la faisabilité opérationnelle.
Après avoir présenté un état des lieux sinistre sur le plan politique, économique et social du Cameroun, l’honorable Osih a imputé ces crises multiples à un modèle institutionnel défectueux, qui a concentré tous les pouvoirs et toutes les ressources entre mains d’un seul individu et étranglé les capacités productives de la Nation.
De manière claire, impitoyable et féroce, le candidat OSIH a indexé le pouvoir unitaire comme principal responsable du blocage du Cameroun, la principale source de la misère, du chômage et de la violence politique.
Face à ce modèle qui a échoué et que le RDPC de Paul Biya et ses Opposants-Ministres veulent perdurer, OSIH propose un nouveau contrat social fondé sur l’appropriation du développement par des entités infra-étatiques à commencer par la Commune. C’est la Commune qui doit tout initier, et ce n’est que lorsque la Commune est trop petite par rapport au domaine que les missions sont transférées aux Régions, sur la base du principe de subsidiarité. Et de manière itérative entre les Régions et l’Etat central.
Deux principales questions ont porté sur le fédéralisme. La première concernait la décentralisation administrative adoptée par le régime actuel. L’Honorable OSIH a relevé que la décentralisation administrative était une volonté politique du pouvoir central de sous-traiter certaines taches que lui-même avait choisies, de manière opportuniste et particulièrement manipulable par ses décrets et sa gestion du calendrier. Cela vidait l’autonomie des entités infraétatiques de toute sa substance.
A contrario, le Fédéralisme s’appuyait sur des dispositions constitutionnelles qui s’imposaient à tous, notamment le partage des pouvoirs et des ressources.
La seconde portait sur le lieu commun que le fédéralisme a été supprimé au Cameroun en 1972 pace qu’il aurait montré ses limites. L’Honorable OSIH a dénoncé cette grossière imposture historique, car a-t-il dit, tous les indicateurs économiques pertinents de cette période montrent de manière claire que c’est pendant cette période que le Cameroun a connu sa meilleure croissance. Ce qui est d’ailleurs vrai car en dépit de la guerre contre les UPCistes, et en dépit des facteurs défavorables comme le niveau intellectuel bas et la défaillance des réseaux de transport, la croissance y a été en moyenne de 7%. Un taux qui n’a jamais été retrouvé par la suite.
En fait, le fédéralisme a été supprimé sous la pression de la France qui entendait par ce fait, contrôler tout le Cameroun à travers un seul individu, car justement, le pouvoir unitaire est le principal moyen par lequel les puissances coloniales contrôlent les anciennes colonies ; c’est plus facile et moins couteux…
Une autre question fondamentale a porté sur la Monnaie et notamment, la sortie du CFA. Le candidat OSIH a rappelé qu’il s’agissait d’une préoccupation majeure de son programme mais il s’est plutôt placé sur une perspective de réforme où le CFA devient une monnaie purement africaine, débarrassé de l’influence étrangère et disposant de son propre taux de change. Cette approche magistrale permet de sauvegarder les acquis qui sont la nature communautaire du CFA et une meilleure rigueur dans sa gestion. L’Honorable OSIH propose un additif à sa politique monétaire à travers la binarisation sur le territoire national.
Le programme d’Osih aborde un grand nombre d’autres problématiques plus opérationnelles relatives à la gouvernance, aux politiques sociales, au chômage, aux infrastructures. Il met l’accent sur les urgences telles que le cycle de violence au NOSO et l’insécurité à l’Extrême-Nord auxquelles il faut apporter des solutions rapides.
Ces urgences recoupent les préoccupations de tous les Camerounais et de tous les partis politiques, à commencer par le RDPC. Mais ce qui distingue OSIH des autres est dans la démarche : OSIH pose les problèmes comme des objectifs que doivent résoudre les politiques publiques et non des accidents auxquels il faut opposer des réponses singulières.
IL PART DU PRINCIPE FONDAMENTAL QUE LE FEDERALISME A UN CARACTERE RESTRUCTURANT ET SURTOUT THERAPEUTIQUE.
Autrement dit, le fédéralisme lui-même fournit mécaniquement des solutions à un grand nombre de problèmes ou alors, permet de les poser une acuité nettement amoindrie. D’où leur résolution à un coût infiniment moins élevé que dans le modèle actuel.
Il s’agit là d’une rupture qualitative dans l’approche de la gouvernance stratégique de l’Etat.
Enfin, l’Honorable OSIH n’a pas craint d’aborder cette fameuse histoire des coalitions. Il ne s’y oppose pas, mais il a insisté sur la nécessité d’une cohérence idéologique et programmatique, dénonçant les postures opportunistes et les coteries fondées sur les mathématiques ethnorégionales de gens qui espèrent capturer l’Etat pour faire du Biya renouvelé.
Quant au contrôle du vote dans les bureaux et les Commissions Electorales, l’Honorable OSIH a présenté le travail fait depuis de nombreuses années, indiquant que son parti couvre déjà 90% de besoins, et qu’un effort important est actuellement déployé pour atteindre la totalité des circonscriptions.
MON OBSERVATION
Le Programme d’OSIH est actuellement et jusqu’à nouvel ordre, la seule alternative viable et crédible à celui du RDPC de Biya.
Le programme du RDPC est contenu dans son cadre stratégique qui comprend la Vision d’un Cameroun Emergent en l’an 2035, découpé en décades dont le DSCE et depuis 2021, la SND30, ainsi que ses stratégies sectorielles.
Il s’agit d’énormes documents formidablement structurés, avec des analyses approfondies et robustes, et une constellation de solutions à tous les problèmes recensés du Cameroun.
Il n’existe aucun problème au Cameroun qui n’a de solution dans les Plans d’Actions Prioritaires des Stratégies Sectorielles élaborées par le Gouvernement de Biya ! Aucun !
Mais au résultat, ce programme a raté toutes ses cibles, et notamment un taux de croissance prévu à plus de 6% alors qu’il végète aujourd’hui à 3%, juste au-dessus de la croissance végétative de la population. Il n’a laissé qu’un pays exsangue, épuisé par une dette à laquelle il est devenu totalement dépendant et qu’il ne peut plus régler.
Les autres programmes qui m’ont été présentés ne sont que des extraits ou des décalques de ce monumental programme du RDPC qui a échoué.
Le génie d’OSIH est d’avoir compris que le mal n’était pas extérieur au système institutionnel qui pouvait dès lors le combattre. Le mal était dans le système lui-même, dont il était la conséquence logique.
Et c’est fondamentalement cela qui fait la grande différence entre les Fédéralistes et les Unitaristes, la démarcation absolue qui rend impossible toute collaboration".