L'annonce d'un entretien entre les évêques et le Secrétaire général de la présidence, suivie d'un rendez-vous partiel et d'un silence assourdissant, a jeté le trouble. Entre non-dits, timing suspect et lieu inapproprié, cette séquence politique interroge profondément sur la neutralité du clergé et les manœuvres du pouvoir à l'approche de l'élection présidentielle. Le peuple attend des réponses.
LES ÉVÊQUES NOUS ONT-ILS TOUT DIT ?
Le monde politique camerounais est en ébullition, et les questions se multiplient, notamment autour des annonces récentes impliquant le clergé. Une rencontre entre les évêques du Cameroun et Ferdinand Ngoh Ngoh, secrétaire général de la présidence, a suscité de vives interrogations. Initialement prévue le 12 août à 13h au palais de l'Unité, cette rencontre n'a pas eu lieu, du moins pas sous la forme annoncée.
Une autre rencontre, impliquant une partie seulement des membres permanents de la Conférence épiscopale nationale, a eu lieu. Pourquoi une partie, alors qu'ils sont quatorze ? Et pourquoi cette rencontre a-t-elle eu lieu maintenant ? Le timing soulève des questions, d'autant plus que, les évêques ont transmis deux courriers datant de janvier et mars. Si ces documents étaient si importants, pourquoi n'ont-ils été remis au président de la République que maintenant ?
Par ailleurs, un fait surprenant a été noté. Les groupes reçus par le même haut fonctionnaire avant et après les évêques ont tous déclaré leur soutien à la candidature du président Paul Biya. Les syndicats des transporteurs et les chefs traditionnels de l'ouest ont ouvertement affiché leur position. Or, après leur rencontre, aucune déclaration similaire n'a été faite par les évêques. Cela a laissé le public perplexe, se demandant si le clergé, connu pour sa posture de neutralité en période électorale, s'était rendu au palais de l'Unité uniquement pour la question de paix avant, pendant et après les élections.
Un autre point de discorde concerne le lieu de ces rencontres. La présidence de la République est le siège des institutions nationales, pas celui d'un parti politique. Le RDPC, le parti du président Paul Biya, a son propre siège au palais des Congrès. Comment les acteurs de la société civile, peuvent-ils accepter d'être reçus dans un lieu institutionnel le palais de l'unité pour une affaire qui semble, de près ou de loin, liée à la campagne présidentielle de monsieur Paul Biya? Cette situation soulève des questions sur le respect de la séparation des institutions de l'État et des activités partisanes.
Face à ces zones d'ombre, le peuple camerounais a soif des réponses claires de la part des membres de la Conférence épiscopale nationale. Le peuple murmure et s'interroge sur le sens qu'ils donnent à "amour et vérité se rencontrent, justice et paix s'embrassent". Alors que les élections approchent, l'espoir est que leur position soit sans équivoque et qu'ils travaillent pour la justice.
La récente injustice au Conseil constitutionnel, qui n'a pas suscité leur attention, a surpris et interrogé la population. En cette période charnière, les Camerounais espèrent que leurs chers évêques s'impliqueront activement pour que le soir du 12 octobre, la vérité éclate et qu'ils puissent dire au peuple qui a réellement gagné les élections.
Homsi Jean-Baptiste