Quelques mots ont suffi à N’zui Manto pour parler ironiquement de l’état de santé chancelant de Cavayé Yeguié. « Félicitations à sa majesté Cavayé Yeguié Djibril, président de l’assemblée nationale du Cameroun », a-t-il écrit.
Dans la vidéo qui défraie actuellement la chronique, Cavayé Yeguié est en discussion avec le ministre de la Santé, Malachie Manaouda. Il lui dit, non pas sans difficulté, « c’est mon frère ». Ces trois mots, Cavayé Yeguié les a beaucoup répétés, avant d’ajouter : « On laisse la place aux autres ».
Le membre du gouvernement ne faisait que rire, devant d’autres personnes présentes qui ont pris le plaisir de les filmer. Cela fait un moment maintenant que Yeguié perd la boule. Il lui arrive de s’endormir en pleine réunion de travail, de perdre la raison ou de sursauter subitement.
L’âge avancé du président de l’Assemblée nationale lui joue visiblement des tours, comme le montre la vidéo beaucoup commentée sur les réseaux sociaux. En disant qu’on laisse la place aux autres, Cavayé Yeguié attend-il par-là quitter l’Assemblée nationale après des années de présidence ?
Des observateurs de la scène sociopolitique pensent que oui, sa famille voudrait qu’il se repose et profite de ses derniers jours sur terre alors que le régime estime avoir toujours besoin de lui à ce poste. Le principal concerné est malade, mais le parti au pouvoir ne lui accorde pas vraiment la possibilité de se faire bien soigner à l’étranger, l’empêchant pour la plupart du temps à quitter le pays.
Yeguié est né vers 1940. Il est entré à l’Assemblée législative du Cameroun oriental en avril 1970 et est devenu le chef traditionnel du Mada en 1971. À la suite de la création de l’État unitaire, Cavayé est élu à l’Assemblée nationale en 1973 et obtient le poste de questeur au bureau. C’est en 1975 qu’il a été inclus dans le Comité central du parti au pouvoir.
Lors des élections législatives de mars 1992, Cavayé Yeguié a été élu président de l’Assemblée nationale. Le reste appartient à l’histoire.