Dans une enquête exclusive, Jeune Afrique révèle les noms et profils des cinq responsables chargés de mener la bataille électorale dans la diaspora. Entre réhabilitations surprenantes et choix controversés, décryptage d'une stratégie à hauts risques.
L'hebdomadaire Jeune Afrique lève le voile sur l'identité des cinq personnalités choisies par Paul Biya pour reconquérir la diaspora camerounaise, révélant des nominations qui interrogent sur la stratégie présidentielle.
Parmi les révélations les plus surprenantes de Jeune Afrique figure la nomination du Pr Dieudonné Oyono pour diriger la "Zone Europe B" (Allemagne, Italie, Suisse). L'ancien recteur de l'Université de Douala, poursuivi dans le cadre de l'opération Épervier pour détournements de fonds publics avant d'être acquitté en octobre 2022, effectue ainsi un retour remarqué dans l'organigramme du RDPC.
Cette réhabilitation, révélée par l'hebdomadaire panafricain, témoigne de la volonté du président de réintégrer des figures expérimentées malgré les controverses passées.
Jeune Afrique pointe un paradoxe saisissant : malgré une hyperactivité sur les réseaux sociaux (plus de 30 messages par semaine), Paul Biya n'a adressé qu'un seul message direct à la diaspora depuis 2018. Cette négligence communicationnelle, documentée par l'hebdomadaire, contraste avec l'offensive récente du parti au pouvoir.
L'enquête de Jeune Afrique recueille des témoignages critiques au sein même de la diaspora RDPC. Un responsable interrogé par l'hebdomadaire regrette l'absence de "figures de poids" comme le ministre des Relations extérieures Lejeune Mbella Mbella ou des membres du réseau parlementaire pour la diaspora comme Louis Henri Ngantcha.
"Ceux qui ont été désignés n'ont pas forcément d'assise ici", confie cette source à Jeune Afrique, pointant un décalage entre les ambitions affichées et les moyens déployés.
Selon les données exclusives rapportées par Jeune Afrique, Maurice Kamto avait obtenu 30% des voix dans les circonscriptions extérieures en 2018 contre 50% pour Paul Biya. Son éviction crée un "appel d'air" que le RDPC espère exploiter parmi les 20 000 électeurs de la diaspora recensés par Elecam.
L'enquête de Jeune Afrique soulève la question centrale : cette "opération séduction" tardive peut-elle inverser le rapport de force dans un électorat "historiquement méfiant" du RDPC ? La réponse se trouvera dans les urnes le 12 octobre, mais les révélations de l'hebdomadaire dessinent déjà les contours d'une bataille électorale aux enjeux multiples.