À quelques semaines de l’élection présidentielle du 12 octobre, le Cameroun vit un moment historique : la propre fille du président Paul Biya, Brenda Biya, appelle publiquement à ne pas voter pour son père. Dans une vidéo virale, elle dénonce la « méchanceté » et la « cruauté » d’un homme et d’un système qui, selon elle, « martyrisent sa propre nation ». Une prise de position sans précédent, qui résonne comme un signal d’alarme pour les figures politiques du pays, notamment Bello Bouba Maigari et Issa Tchiroma.
Un coup de force électoral et une trahison de la volonté populaire
Le Conseil Constitutionnel a récemment validé l’exclusion de Maurice Kamto, candidat de l’opposition et favori d’une partie de la population, de la course présidentielle. Une décision qualifiée de « coup de force infâme » par ses partisans, qui y voient une manœuvre pour écarter le seul rival capable de menacer la réélection de Paul Biya, au pouvoir depuis 43 ans. Dans ce contexte, les propos de Brenda Biya prennent une dimension particulière : ils révèlent une fracture au sein même de la famille présidentielle, et une vérité que les apparatchiks du RDPC (Rassemblement démocratique du peuple camerounais) tentent désespérément d’étouffer.
« Il a fait souffrir beaucoup de gens. Y compris les membres de sa famille. Je ne voterai pas pour Paul Biya et je vous demande de ne pas le voter », a-t-elle déclaré, sans détour. Ces mots, prononcés par la fille du président, ne sont pas seulement une critique personnelle : ils deviennent un symbole de la révolte d’une jeunesse camerounaise asphyxiée par un système politique sclérosé. Brenda Biya, qui vit en exil en Suisse, incarne désormais la voix de ceux qui refusent le silence et l’oppression.
Face à cette situation, Brenda Biya interpelle directement deux figures historiques du RDPC : Bello Bouba Maigari, ancien Premier ministre et président du Conseil national de la démocratie, et Issa Tchiroma, ancien ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement. « Bello, Issa Tchiroma, entendez-vous ce cri ? C’est le signal que vous attendiez pour unir vos forces. Un homme, un couple, un régime que même leur propre fille rejette publiquement. C’est votre devoir de libérer ce pays de ce joug. »
Ces deux hommes, qui ont servi le régime pendant des décennies, se trouvent aujourd’hui face à un dilemme : rester fidèles à un système qui s’essouffle, ou écouter l’appel de la conscience et de l’histoire. Leur silence, dans ce moment charnière, pourrait être interprété comme une complicité avec un pouvoir qui, selon Brenda Biya, « ne mérite plus la confiance du peuple ».
L’histoire jugera
L’élection du 12 octobre s’annonce comme un scrutin sous haute tension, où la légitimité du pouvoir en place est plus que jamais contestée. La question est désormais posée : Bello Bouba et Issa Tchiroma sauront-ils entendre l’appel de Brenda Biya et agir pour le bien du Cameroun ? Ou resteront-ils les témoins passifs d’un régime dont la propre famille tourne la page ?