L'activiste politique Kand Owalski n'est pas d'accord avec le point de vue du journaliste Guibai Gatama, à propos de la posture de Maurice Kamto sur l'union sacrée de l'opposition camerounaise.
Dans une tribune, Monsieur Owalski dit clairement au directeur de publication de l'Œil du Sahel, la vérité qu'il se refuse de foir lui-même: ses frères nordistes sont trop égoïstes, et incapables de travailler pour l'intêret supérieur de la nation.
"Monsieur Guibaï Gatama,
Je suis tombé sur votre récente publication dans laquelle vous annoncez que les deux candidats du septentrion sont toujours en pourparlers en vue d'une coalition. Dans le même post, vous posez la question suivante : « Et si Tchiroma et Bello ne parvenaient pas à un accord ? Est-ce à dire que Kamto ne se prononcerait en faveur ni de l'un, ni de l'autre ? ». Vous ajoutez que le préalable de l'accord entre ces deux fils du Nord ne doit pas servir d'échappatoire politique.
Monsieur Gatama,
Permettez-moi de répondre à votre question sans détour : effectivement, et sans la moindre ambigüité. Le Professeur Maurice Kamto ne se prononcera en faveur ni de l'un, ni de l'autre. Je m'en vais vous en exposer les raisons.
Premièrement, sur le plan de l'éthique politique, il est pour le moins indécent et profondément égoïste que, dans le contexte critique que traverse notre pays, deux fils issus d'une même région se révèlent incapables de s'unir autour d'un projet commun salvateur. Quel signal funeste envoient-ils au peuple camerounais, pourtant assoiffé de changement et d'unité ? Si ces deux « frères » sont dans l'incapacité de dépasser leurs intérêts personnels pour éviter la dispersion des voix et l'affaiblissement de l'opposition, pourquoi voudriez-vous que Maurice Kamto s'associe à un tel bal d'ambitions individuelles ? Pourquoi endorserait-il une démarche qui, par son ineptie même, scelle d'avance la défaite et offre la victoire sur un plateau au régime RDPC ?
Deuxièmement, sur le plan statutaire et doctrinal, votre question fait fi de la position officielle du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC). L'une des résolutions claires du dernier conseil national du parti, dont vous avez très certainement pris connaissance, stipule que le Mouvement, par la voix de son président, ne soutiendra qu'un candidat issu d'une large coalition inclusive, et non d'une simple initiative bipolaire. Si votre proximité idéologique était plus ancrée du côté du MRC que de celui du RDPC, vous sauriez que les résolutions de ce conseil suprême ont force de doctrine. Le Professeur Kamto s'y est toujours plié scrupuleusement et fidèlement : d'abord en 2019, lorsque le conseil décida du boycott des élections législatives et municipales de 2020; ensuite en 2024, lorsqu'il lui fut demandé de trouver une stratégie pour faire valoir ses droits à la présidentielle. Il est donc strictement inconcevable qu'il aille à l'encontre d'une décision aussi fondamentale.
Par ailleurs, il est de notoriété publique que Maurice Kamto a été sollicité séparément par Messieurs Bello Bouba et Issa Tchiroma. Chacun des deux candidat souhaiterait son soutien exclusif. Mais il ne saurait, pour les raisons déjà évoquées, appeler à voter pour les deux simultanément, ni même, in fine, pour l'un des deux en l'état. Dès lors, la logique la plus élémentaire commande que ces candidats parviennent à un accord et désignent, de manière concertée, celui qui assumera l'honneur et la responsabilité de tirer le penalty décisif le 12 octobre. S'ils échouent dans cette mission minimale, qu'ils en assument l'entière responsabilité devant l'histoire et le peuple camerounais.
Vous ne parviendrez pas, Monsieur Gatama, à faire de Maurice Kamto le bouc émissaire de cet échec annoncé. Si vos deux « frères », pour reprendre votre terminologie, se refusent obstinément à toute alliance mutuelle, alors ils auront, objectivement, joué le jeu du régime Biya jusqu'au bout. La consigne de vote que vous réclamez à Maurice Kamto ne saurait empêcher la dispersion des voix que va immanquablement engendrer, au profit exclusif du RDPC, l'égoïsme fratricide de Bello Bouba et d'Issa Tchiroma.
Il n'y a donc d'échappatoire politique que dans votre propre démarche, pour le moins malhonnête. Vous avez annoncé en grande pompe, et ce dès le rejet arbitraire de la candidature de Maurice Kamto, que le Nord n'aurait qu'une seule candidature. Pressentant que cette promesse électorale pourrait ne pas être tenue, vous cherchez aujourd'hui, bien maladroitement, un responsable de substitution pour porter le fardeau de vos renoncements. Maurice Kamto ne sera pas celui-là !
Hâtez-vous donc, Monsieur Guibaï, de réunir ces deux hommes en un seul projet. Et lorsque vous y serez parvenu, venez alors jurer solennellement devant Maurice Kamto et devant le peuple camerounais tout entier qu'au soir du 12 octobre, vous ne fabriquerez pas, comme ce fut le cas en 2018, de faux procès-verbaux depuis votre salon pour attribuer frauduleusement la victoire à Paul Biya dans le Nord.
Venez jurer sur le Coran et sur la Bible que vous ne bafouerez plus la misère du septentrion pour servir vos intérêts et remplir votre panse".