Un groupuscule radical baptisé "Kamto ou Rien" aurait imposé sa ligne à l'ancien candidat présidentiel, marginalisant les modérés du parti
Dans les coulisses du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), une bataille idéologique s'est jouée ces dernières semaines, aboutissant à la décision de Maurice Kamto de ne donner aucune consigne de vote pour la présidentielle du 12 octobre.
Selon nos informations exclusives, la position de Maurice Kamto de laisser "la liberté de choix à chaque électeur" n'est pas une décision de dernière minute prise après l'échec des négociations avec les autres figures de l'opposition. Cette stratégie aurait été arrêtée "depuis longtemps" par l'entourage du président du MRC.
Au cœur de cette décision se trouve un groupuscule influent au sein du parti, baptisé les "KOR" pour "Kamto ou Rien". Ce mouvement interne, aux contours encore flous, aurait réussi à imposer sa vision radicale au détriment des voix plus modérées du mouvement.
Les sources révèlent que cette faction des "KOR" a systématiquement œuvré pour marginaliser les éléments modérés du MRC qui prônaient une approche plus pragmatique de l'opposition. Ces derniers, favorables à des alliances stratégiques avec d'autres candidats d'opposition, se sont retrouvés "mis en minorité" lors des débats internes.
Cette radicalisation interne expliquerait pourquoi les tentatives de rapprochement avec Issa Tchiroma Bakary et Bouba Magari, évoquées par Maurice Kamto dans sa vidéo du 26 septembre, étaient vouées à l'échec dès le départ. Les "KOR" auraient sabordé toute possibilité de compromis, considérant que seul Maurice Kamto pouvait incarner l'alternative au pouvoir en place.
Une philosophie du "tout ou rien"
La philosophie des "KOR" reflète une approche maximaliste de la politique camerounaise. Pour ce groupuscule, toute alliance ou consigne de vote en faveur d'un autre candidat d'opposition reviendrait à une trahison de l'idéal incarné par Maurice Kamto depuis la présidentielle de 2018.
Cette ligne dure expliquerait également pourquoi le MRC n'a pas réussi à capitaliser sur sa popularité pour fédérer l'opposition camerounaise autour d'un projet commun. Les "KOR" auraient préféré maintenir la "pureté" de leur mouvement plutôt que de s'engager dans des compromis politiques.
Cette influence des "KOR" sur Maurice Kamto pourrait avoir des répercussions majeures sur le paysage politique camerounais. En refusant de donner des consignes claires à leurs militants, les dirigeants du MRC laissent leurs électeurs dans l'incertitude, risquant de diviser davantage les votes d'opposition.
Certains observateurs y voient une stratégie à long terme : en ne s'associant à aucun candidat, Maurice Kamto préserve sa stature de leader d'opposition incontournable pour les échéances futures, particulièrement en cas d'échec collectif de l'opposition le 12 octobre.
Cette révélation sur l'influence des "KOR" éclaire d'un jour nouveau les tensions internes au MRC. Le parti de Maurice Kamto apparaît désormais comme traversé par une ligne de fracture entre une aile radicale, représentée par les "KOR", et des éléments plus pragmatiques favorables aux alliances politiques.
Cette bataille idéologique interne pourrait expliquer certaines hésitations stratégiques du MRC ces derniers mois, oscillant entre ouverture et fermeture vis-à-vis des autres forces d'opposition.