L'enquête exclusive du magazine panafricain dévoile des défaillances majeures dans la sécurisation des résidences présidentielles, transformées en refuges pour délinquants
Les révélations exclusives de Jeune Afrique sur l'état des palais présidentiels camerounais soulèvent des questions préoccupantes sur la sécurité du chef de l'État et la fiabilité du dispositif de protection mis en place.
L'investigation menée par Jeune Afrique révèle en effet des failles béantes dans un système censé protéger le président Paul Biya lors de ses déplacements en province. Loin de l'image de forteresses imprenables, ces résidences se révèlent être de véritables passoires sécuritaires.
Selon les informations recueillies par Jeune Afrique, ces résidences "devraient pourtant être strictement sécurisées et bénéficier de serrures codifiées, d'un périmètre isolé d'au moins un kilomètre et d'un entretien constant." Or, le constat est alarmant : "elles sont souvent encerclées par des habitations privées, réduisant leur valeur stratégique."
Plus grave encore, Jeune Afrique révèle que certains de ces sites sont devenus des repères pour la délinquance. À Ngaoundéré, le magazine indique que "l'insécurité s'y installe, amplifiée par l'absence d'éclairage public la nuit" et que "l'endroit abrite désormais des animaux domestiques errants et, là aussi, des fumeurs de chanvre s'y retrouvent parfois."
Le cas le plus emblématique révélé par Jeune Afrique concerne le palais d'Ebolowa. Malgré un investissement d'un milliard de FCFA et la présence supposée de forces de sécurité, le site a été "victime d'un cambriolage" quelques mois seulement après avoir accueilli Paul Biya en 2011.
Les révélations de Jeune Afrique sont édifiantes : "Écrans plasma, tapis, literie, lingerie et divers objets de valeur ont disparu." Plus troublant encore, "l'enquête a conduit à l'incarcération de gendarmes et de civils", suggérant une compromission du dispositif sécuritaire depuis l'intérieur.
L'enquête de Jeune Afrique met en lumière l'inadéquation entre les moyens déployés et les résultats obtenus. Malgré la présence de "gendarmes", d'un "escadron de gendarmerie", de "militaires du 5ᵉ secteur terrestre" ou encore de la "Garde présidentielle" selon les sites, ces forces semblent impuissantes à protéger efficacement ces installations.
Le magazine révèle même qu'à Douala, "l'arrière du domaine est presque envahi par des broussailles qui s'étendent jusqu'au sud du port" et que "ces herbes hautes abritent serpents, écureuils et fumeurs occasionnels de chanvre", témoignant d'un contrôle défaillant des abords immédiats.
Pour les experts en sécurité contactés par Jeune Afrique, ces révélations soulèvent des questions sur la capacité réelle du dispositif présidentiel à assurer la protection du chef de l'État. "Si des palais censés accueillir le président sont dans cet état, qu'en est-il du reste du dispositif sécuritaire ?", s'interroge un ancien responsable des services de renseignement.
Ces failles révélées par Jeune Afrique prennent une dimension particulièrement préoccupante dans un contexte où le Cameroun fait face à de multiples menaces sécuritaires : crise séparatiste, terrorisme de Boko Haram, criminalité transfrontalière.
Les révélations de Jeune Afrique arrivent à un moment critique où Paul Biya, à 92 ans et après plus de quatre décennies au pouvoir, pourrait être particulièrement vulnérable. Ces défaillances sécuritaires constituent un défi majeur pour un régime déjà fragilisé par de multiples crises.