L'enquête exclusive du magazine panafricain dévoile les manœuvres du pouvoir pour diviser l'opposition et les luttes fratricides qui minent la cohésion anti-Biya
Alors que l'élection présidentielle du 12 octobre approche, les révélations exclusives de Jeune Afrique mettent en lumière les profondes divisions qui gangrènent l'opposition camerounaise, offrant un avantage inespéré au pouvoir en place.
L'investigation menée par Jeune Afrique révèle comment le régime de Paul Biya a su exploiter les ego et les ambitions personnelles pour fragmenter un front oppositionnel déjà fragile.
L'enquête de Jeune Afrique dévoile les méthodes utilisées par l'administration pour affaiblir l'opposition. Le cas de Cabral Libii est emblématique : selon les informations recueillies par le magazine, le candidat du PCRN "a dû se battre pour conserver la présidence de son parti" face aux contestations de Robert Kona, l'un des fondateurs du mouvement.
Plus troublant encore, Jeune Afrique révèle que "le requérant a reçu le soutien du ministre de l'Administration territoriale, Paul Atanga Nji", illustrant l'implication directe du pouvoir dans ces querelles internes. Cette stratégie de déstabilisation n'est pas nouvelle, comme l'explique à Jeune Afrique un opposant : "C'est aussi une forme de baptême. Nombreux sont les opposants à avoir eu droit à ce genre de procédures téléguidées ou favorisées par le pouvoir."
Les révélations de Jeune Afrique mettent également en évidence l'incapacité chronique de l'opposition à s'unir. Concernant les discussions autour d'un "candidat de consensus", le magazine révèle que Cabral Libii "n'a jamais été un favori" et que "les autres le trouvent trop jeune, trop inexpérimenté, même ceux qui n'ont jamais été député."
Cette mentalité gérontocratique, dévoilée par Jeune Afrique, explique en partie l'échec répété de l'opposition à présenter un front uni. Un ancien du MRC confie au magazine : "Il est trop arrogant pour le faire", évoquant les "discussions, rapidement avortées, avec le parti de Maurice Kamto avant la présidentielle de 2018."
L'enquête de Jeune Afrique révèle l'ampleur des défections qui affaiblissent les partis d'opposition. Le magazine indique que "certains élus de son parti [le PCRN] ayant choisi de soutenir son adversaire, Robert Kona. D'autres, notamment dans le septentrion, ont aussi rejoint Issa Tchiroma Bakary ou Bello Bouba Maïgari."
Ces révélations de Jeune Afrique montrent comment les ambitions personnelles priment sur la cohésion politique. Même au sein du SDF, parti historique de l'opposition, le magazine note qu'il "a dû faire face à des défections", témoignant d'une crise généralisée du leadership oppositionnel.
Jeune Afrique met également en lumière un autre écueil : la fragmentation du vote selon les appartenances communautaires. Concernant Cabral Libii, un opposant bassa confie au magazine : "Il était le seul candidat bassa en 2018. Ce n'est plus le cas avec Iyodi. Le vote risque de s'émietter."
Cette révélation de Jeune Afrique souligne comment l'opposition tombe dans le piège de la balkanisation ethnique, reproduisant les mêmes schémas que le pouvoir en place utilise depuis des décennies pour se maintenir.
Les révélations de Jeune Afrique dessinent le portrait d'un système parfaitement rodé pour neutraliser toute velléité d'alternance. Entre procédures judiciaires téléguidées, soutien discret aux dissidents et exploitation des rivalités personnelles, le pouvoir dispose d'un arsenal bien huilé.
Un proche de l'opposition explique à Jeune Afrique : "Il a été la cible à la fois du pouvoir et des éléments les plus radicaux du MRC sur les réseaux sociaux. D'un côté, on lui reprochait de critiquer le système. De l'autre, on lui en voulait pour avoir intégré l'Assemblée."
Cette stratégie de "tenaille" révélée par Jeune Afrique montre comment le pouvoir parvient à isoler les opposants modérés, les poussant vers la radicalisation ou la compromission.
Les révélations de Jeune Afrique arrivent à un moment crucial où l'opposition camerounaise semble plus divisée que jamais, offrant à Paul Biya, à 92 ans, les meilleures conditions pour un nouveau mandat présidentiel.