SUCCESSION À ETOUDI : Franck Biya, l'héritier discret qui se prépare dans l'ombre

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Wed, 8 Oct 2025 Source: www.camerounweb.com

Présent mais presque invisible lors du récent meeting de clôture de campagne, Franck Biya, fils du Chef de l'État, continue d'alimenter les spéculations sur une possible succession dynastique. Pour ses partisans, il incarnerait l'avenir d'un Cameroun affranchi des tutelles coloniales.

Il était là, au cœur de la délégation présidentielle, mais peu l'ont remarqué. Fidèle à sa posture habituelle, Franck Biya a assisté au meeting de clôture de la campagne électorale du RDPC avec la discrétion qui caractérise désormais toutes ses apparitions publiques. Une discrétion héritée de son père, le Président Paul Biya, maître incontesté de la communication par le silence.

Pour les observateurs proches du sérail présidentiel, cette présence en retrait n'est pas anodine. "Il apprend, il assimile, il observe", confie un cadre du RDPC sous couvert d'anonymat. Selon cette source, Franck Biya adopterait progressivement "les attitudes d'un futur Chef d'État", se formant au contact de son père et des grands ténors du régime.

À 57 ans, le fils aîné du couple présidentiel reste une énigme pour le grand public camerounais. Rarement sous les projecteurs médiatiques, il n'occupe aucune fonction officielle au sein de l'appareil d'État ou du parti. Pourtant, sa présence régulière dans les événements majeurs du RDPC alimente depuis des années les rumeurs d'une succession dynastique programmée.

Dans les rangs des militants les plus fervents du RDPC, l'idée d'une passation de pouvoir de père en fils suscite un enthousiasme certain. Pour eux, Franck Biya incarnerait l'avènement d'une "Troisième République" radicalement différente : un Cameroun émergent, totalement affranchi des accords coloniaux et libéré de "la maudite monnaie imprimée et contrôlée par la France", le Franc CFA.

"Le destin est en marche", assure un responsable local du parti. "Nous sommes promis à un bel avenir. Nous sommes presque au bout du tunnel, encore un petit effort en élisant le vieux ce 12 octobre", martèle-t-il, évoquant l'élection régionale à venir comme une étape cruciale vers cette vision.

Si le pouvoir en place dément officiellement toute logique dynastique, les signaux envoyés depuis quelques années plaident en faveur de cette hypothèse. L'exposition progressive de Franck Biya lors d'événements stratégiques, sa présence discrète mais constante aux côtés de son père, et surtout le silence assourdissant du Chef de l'État sur la question de sa succession, alimentent toutes les interprétations.

Le Cameroun n'a connu que deux présidents depuis son indépendance en 1960 : Ahmadou Ahidjo (1960-1982) et Paul Biya (depuis 1982). L'idée d'une transmission familiale du pouvoir, inédite dans l'histoire du pays, divise profondément l'opinion publique.

Pour l'opposition et une partie de la société civile, cette perspective représente une dérive monarchique incompatible avec les principes républicains. "Un pays ne se transmet pas comme un héritage familial", dénoncent régulièrement les détracteurs de cette option.

Mais pour les partisans du régime, Franck Biya symboliserait au contraire la continuité dans le changement : un homme de la nouvelle génération, formé à l'école de son père, mais potentiellement capable d'impulser les réformes nécessaires à l'émergence tant promise du Cameroun.

La question de la rupture monétaire avec le Franc CFA, régulièrement brandie comme un étendard de souveraineté par certains courants du RDPC, fait partie de ces promesses qui reviennent cycliquement dans le discours des militants, sans jamais se concrétiser.

Diplômé de l'École supérieure des sciences économiques et commerciales (ESSEC) en France, Franck Biya reste une figure mystérieuse de la vie politique camerounaise. Peu disert en public, sans programme politique connu, sans base militante propre, il incarne paradoxalement tous les espoirs de ceux qui voient en lui le garant d'une stabilité post-Biya.

En attendant, le fils reste dans l'ombre du père. Il observe, il apprend, il se prépare peut-être. Mais à quoi exactement ? Le mystère demeure entier, savamment entretenu par un pouvoir qui a fait du secret et de l'imprévisibilité ses meilleures armes politiques.

Le 12 octobre prochain dira si les Camerounais sont prêts à continuer de faire confiance à la vision du "vieux", avec en toile de fond, cette question lancinante : et après ?

Source: www.camerounweb.com