Victoire d'Issa Tchiroma: Cabral Libii sort du silence et fait des révélations de dernière minute

Le président du Parti camerounais pour la réconciliation nationale (PCRN) a publié lundi un communiqué appelant ses compatriotes à la prudence face aux résultats circulant sur les réseaux sociaux. Tout en reconnaissant implicitement une victoire de l'opposition, Cabral Libii demande d'attendre les résultats officiels issus des commissions de recensement des votes.

Dans un communiqué daté du 13 octobre et signé de sa main, Cabral Libii, candidat du PCRN à l'élection présidentielle, adopte une posture mesurée face à l'effervescence post-électorale. Sans contester les tendances favorables à l'opposition qui circulent depuis samedi, le jeune leader de 45 ans invite néanmoins à la retenue.

"Après une impressionnante campagne électorale menée par les équipes du PCRN sur toute l'étendue du territoire national et dans la diaspora, le 12 octobre 2025 le peuple souverain s'est prononcé dans les urnes", écrit Cabral Libii en introduction de son communiqué.

Cette formulation, volontairement sobre, reconnaît que le scrutin a eu lieu et que les électeurs se sont exprimés, sans pour autant préciser dans quel sens. Le candidat du PCRN, qui incarnait une alternative générationnelle avec sa "vague orange", reste prudemment dans l'expectative.

Le cœur du message de Cabral Libii porte sur la nécessité d'attendre les résultats officiels. "Pendant que la Sous-commission interne en charge de la collecte des procès-verbaux poursuit son travail, les camerounais sont invités à la prudence vis-à-vis des résultats qui circulent dans les réseaux sociaux et qui ne sont revêtus pour l'heure d'aucune validité", écrit-il.

Le candidat demande également "à la patience jusqu'à ce que le travail de compilation soit achevé par la sous-commission mise en place à cet effet d'une part, et d'autre part, jusqu'à l'issue des sessions des commissions départementales de recensement des votes et de la commission nationale de recensement des votes au sein desquels tous les candidats sont représentés."

Cette prise de position tranche avec l'offensive tous azimuts menée par le camp d'Issa Tchiroma Bakary, qui multiplie les déclarations de victoire, les projections statistiques et les ralliements de candidats adverses.

Le communiqué se termine par un appel explicite : "J'appelle les camerounais à ne pas céder à une précipitation entretenue par les addictes de la manipulation et de la division qui infestent les réseaux sociaux."

Cette formulation vise manifestement les deux camps. D'un côté, l'opposition qui multiplie les publications de résultats partiels et les revendications de victoire. De l'autre, les communicants pro-RDPC accusés de publier des chiffres isolés pour semer le doute.

En se positionnant comme une voix de sagesse et de modération, Cabral Libii tente de préserver sa crédibilité et son rôle potentiel dans les négociations à venir, quel que soit le vainqueur final.

Cette prudence de Cabral Libii peut s'analyser de plusieurs façons. Soit le candidat du PCRN ne dispose pas encore de données suffisamment solides pour prendre position, soit il choisit délibérément de ne pas s'aligner sur Tchiroma Bakary pour conserver une marge de manœuvre politique.

"Cabral Libii joue sa partition", analyse un observateur politique. "S'il se range trop tôt derrière Tchiroma et que finalement Biya est déclaré vainqueur, il perd toute capacité de négociation. S'il reste neutre, il peut jouer un rôle de médiateur ou négocier sa place dans le futur paysage politique."

Cette stratégie diffère de celle d'Ateki Seta Caxton, qui a d'ores et déjà félicité Tchiroma Bakary pour sa victoire, ou de celle de Bello Bouba Maïgari qui maintient le silence.

En appelant à la patience et en mettant en garde contre "les addictes de la manipulation", Cabral Libii critique implicitement la stratégie agressive de l'opposition. Sa demande d'attendre les résultats des commissions officielles contraste avec les déclarations de "l'Union Pour le Changement 2025" ou les analyses statistiques circulant massivement.

Cette position pourrait déplaire à une partie de l'électorat d'opposition qui attend des candidats une posture plus combative. Mais elle peut aussi séduire ceux qui redoutent une escalade vers la violence et privilégient une transition institutionnelle.

Le communiqué de Cabral Libii insiste sur le respect des instances officielles : commissions départementales de recensement des votes, commission nationale de recensement des votes, dans lesquelles "tous les candidats sont représentés".

En rappelant l'existence de ces mécanismes institutionnels, le candidat du PCRN suggère qu'il existe une voie légale et pacifique pour établir la vérité des urnes. Cette position va à contre-courant du discours dominant dans l'opposition, qui considère que ces instances sont contrôlées par le pouvoir et ne peuvent être fiables.

Cabral Libii se distingue ainsi des autres candidats de l'opposition. Alors qu'Issa Tchiroma Bakary multiplie les revendications de victoire, que des analyses statistiques circulent donnant l'opposant largement vainqueur, et qu'un cabinet américain a publié une projection à 61,87%, le président du PCRN demande d'attendre.

Cette voix discordante pourrait affaiblir la mobilisation de l'opposition ou, au contraire, renforcer sa crédibilité en montrant qu'elle n'est pas monolithique et que certains de ses représentants privilégient la prudence à la confrontation.

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