Le mouvement citoyen "Project C" dirigé par le Camerounais Eric Chinje a publié une lettre ouverte à l'endroit des membres du Conseil Constitutionnel, les exhortant à défendre la transparence, la légalité et la Constitution.
"La Constitution du Cameroun, en son article 47, vous confère l’autorité suprême pour statuer sur la régularité des élections présidentielles et proclamer leurs résultats. Ce rôle n’est pas cérémonial, ni une simple formalité à accomplir quelles que soient les circonstances. Il s’agit d’un devoir constitutionnel — une responsabilité qui fait de vous les ultimes gardiens de la légitimité de la République et de la souveraineté du peuple", écrit Monsieur Chinje dans sa lettre.
La lettre souligne l’obligation légale de transparence, citant le code électoral :« Le Code électoral, en son article 113, ne saurait être plus explicite : les résultats de chaque bureau de vote doivent être rendus publics immédiatement après le dépouillement. Cette disposition n’est pas une suggestion ; c’est une exigence légale destinée à garantir que les citoyens puissent observer, vérifier et faire confiance au processus électoral. »
Project C avertit que des divergences entre les votes documentés dans les bureaux de vote et les résultats agrégés soumis au Conseil pourraient compromettre la légitimité de l’élection : « Aucun acte, aucune signature, aucun décret ne peut légitimer des résultats entachés de fraude. Agir ainsi reviendrait à bafouer l’esprit même de la Constitution et la confiance du peuple. »
Le mouvement cite un précédent africain : « L’histoire vous offre un précédent. En 2017, la Cour suprême du Kenya a été confrontée à des preuves d’irrégularités lors de l’élection présidentielle et a eu le courage d’annuler les résultats. Sa décision, non seulement conforme à la Constitution, a inspiré tout un continent en démontrant que justice et intégrité sont possibles, même quand cela est difficile ou dérangeant. »
Project C expose des étapes claires pour le Conseil : comparer les résultats officiels avec les preuves documentées des bureaux de vote, ordonner un audit indépendant avec des observateurs internationaux, rejeter les résultats irréconciliables et reporter la validation jusqu’à ce que toutes les divergences soient résolues. Ils insistent : « Si les résultats sont légitimes, la transparence ne fera que le confirmer. S’ils ne le sont pas, votre devoir est de le dire. Si, en votre âme et conscience, vous ne pouvez valider ces résultats, nous vous demandons d’émettre une opinion dissidente, de démissionner en signe de protestation, ou de refuser de participer à la validation de la fraude. De tels actes de conscience seraient reconnus comme courageux et honorables. »
La lettre se conclut par un appel moral : « Votre silence ou votre acquiescement face à des irrégularités manifestes ne seront pas oubliés. L’héritage que vous laisserez sera porté par vos enfants et inscrit dans l’histoire de notre nation. Lorsque l’on vous demandera ce que vous avez fait à cet instant décisif, quelle sera votre réponse ? Avez-vous défendu la démocratie, ou validé sa subversion ? Vingt-huit millions de Camerounais, et d’innombrables générations à venir, vous observent. Serez-vous le Conseil qui a enfin dit ‘non’ à l’illégitimité et ‘oui’ à la Constitution ? »
Project C conclut avec respect : « Nous vous appelons à honorer votre serment. Le choix vous appartient. Le moment est venu. L’histoire vous observe. »