CONFIDENTIEL: le réseau international qui veut imposer Issa Tchiroma Bakary

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Mon, 27 Oct 2025 Source: www.camerounweb.com

De Paris à la diaspora, avocats et intellectuels tissent une toile mondiale pour contester la victoire de Paul Biya. Jeune Afrique dévoile les coulisses d'une stratégie de communication pensée depuis l'étranger.

Pendant que le Conseil constitutionnel camerounais s'apprête à proclamer les résultats de la présidentielle du 12 octobre à Yaoundé, c'est depuis Paris, Bruxelles et d'autres capitales occidentales qu'une partie cruciale de la bataille se joue. Jeune Afrique révèle en exclusivité les noms et les rôles des figures clés qui orchestrent, depuis l'étranger, la stratégie de contestation et de médiatisation internationale d'Issa Tchiroma Bakary.

Sonia Menhane, la « voix de Paris »

Au cœur de ce dispositif, Jeune Afrique a identifié une figure méconnue du grand public mais déterminante : Sonia Menhane. Installée dans la capitale française, cette responsable de la communication internationale d'Issa Tchiroma Bakary pilote depuis Paris les relations avec la presse étrangère et les médias internationaux.

« Sonia Menhane est notre interface avec le monde », confie à Jeune Afrique un membre de l'équipe de campagne. « Chaque interview accordée à un média étranger passe par elle. Chaque communiqué destiné à l'international est validé par ses soins. »

Selon les informations exclusives de Jeune Afrique, Sonia Menhane travaille en étroite collaboration avec l'avocat Augustin Nguefack, qui dirige au Cameroun un collectif de soutien à Tchiroma Bakary. Ensemble, ils forment un binôme complémentaire : elle assure la médiatisation, il garantit l'ancrage juridique et politique sur le terrain camerounais.

« Cette double stratégie est essentielle », explique à Jeune Afrique un analyste politique spécialiste de l'Afrique centrale. « Dans une élection contestée, la bataille de l'opinion internationale est aussi importante que celle du terrain. Si les chancelleries occidentales doutent de la régularité du scrutin, cela affaiblit considérablement Paul Biya. »

Un collectif d'avocats internationaux en ordre de bataille

Mais le réseau international de Tchiroma Bakary ne se limite pas à la communication. Jeune Afrique dévoile l'existence d'un véritable collectif juridique international, prêt à intervenir sur tous les fronts.

À sa tête, Benjamin Gründler, avocat français inscrit au barreau de Paris depuis 2007 et spécialisé en droit européen des affaires. Selon les révélations de Jeune Afrique, ce juriste coordonne un groupe d'avocats venus d'horizons divers : outre Augustin Nguefack, on y trouve Dior Diagne, Claude Coelho, Jemal Taleb, Éric Diamantis et Moustapha Ndoye.

« Ce collectif n'est pas là pour décorer », précise à Jeune Afrique une source proche du dossier. « Il prépare des recours juridiques internationaux, notamment devant des instances africaines et internationales, si la situation venait à dégénérer. L'objectif est de documenter les irrégularités du scrutin et de les porter devant toutes les juridictions possibles. »

Jeune Afrique a appris que ce groupe d'avocats a déjà commencé à compiler des dossiers sur les anomalies relevées dans les procès-verbaux du scrutin du 12 octobre. Plusieurs d'entre eux ont une expérience des contentieux électoraux en Afrique et connaissent les mécanismes juridiques permettant de contester un résultat électoral au niveau international.

« Leur présence envoie un signal fort », analyse pour Jeune Afrique un juriste spécialisé dans les droits de l'homme. « Elle dit : nous ne nous contenterons pas d'une contestation purement locale. Si besoin, nous porterons cette affaire devant la communauté internationale. »

Calixthe Beyala et Rebecca Enonchong : les passeuses d'influence

Au-delà des juristes, Jeune Afrique révèle que deux femmes jouent un rôle central dans la stratégie d'influence internationale d'Issa Tchiroma Bakary : l'écrivaine Calixthe Beyala et l'entrepreneure Rebecca Enonchong.

Calixthe Beyala, figure médiatique installée en région parisienne, s'est engagée corps et âme dans cette bataille. Jeune Afrique a appris qu'elle a d'abord soutenu Maurice Kamto, puis Akere Muna, avant de rallier finalement le camp de Tchiroma Bakary après la disqualification du premier. Depuis son domicile, elle multiplie les interventions médiatiques pour promouvoir le projet de l'ancien ministre.

Mais Jeune Afrique dévoile un détail croustillant : plusieurs personnalités du pouvoir camerounais, dont elle avait été proche par le passé, ont tenté de la contacter pour entrer en relation avec Issa Tchiroma Bakary. Elle aurait catégoriquement refusé de servir d'intermédiaire, confirmant ainsi son engagement sans ambiguïté dans l'opposition.

« Calixthe Beyala apporte sa notoriété et sa capacité à faire parler d'elle », explique à Jeune Afrique un militant de la diaspora. « Dans les médias français et francophones, elle a une visibilité que peu de Camerounais possèdent. C'est un atout précieux. »

Rebecca Enonchong, de son côté, apporte un profil différent mais tout aussi stratégique. Selon les informations exclusives de Jeune Afrique, cette entrepreneure camerounaise de renommée internationale, basée entre les États-Unis et le Cameroun, a mis son impressionnant réseau au service de la campagne de Tchiroma Bakary.

Jeune Afrique révèle qu'elle a notamment coorganisé plusieurs meetings en ligne, permettant de mobiliser la diaspora camerounaise dispersée aux quatre coins du monde. « Rebecca a une crédibilité dans les milieux économiques et technologiques que peu peuvent revendiquer », souligne à Jeune Afrique un observateur de la scène politique camerounaise. « Son engagement envoie un message : même les élites économiques internationales croient au changement. »

Une stratégie de lobbying auprès des chancelleries

Mais pourquoi tant d'efforts déployés à l'international ? Jeune Afrique a recueilli des éléments de réponse auprès de plusieurs sources proches de l'équipe de Tchiroma Bakary. La stratégie est claire : transformer la contestation électorale camerounaise en sujet d'attention internationale.

« Paul Biya est sensible au regard de l'Occident », explique à Jeune Afrique un ancien diplomate camerounais. « Si la France, les États-Unis ou l'Union européenne émettent des doutes sur la régularité du scrutin, cela affaiblit considérablement sa position. D'où l'importance de ce réseau international. »

Selon les révélations de Jeune Afrique, plusieurs membres du collectif international ont déjà pris contact avec des parlementaires français, des diplomates européens et des organisations de défense des droits de l'homme pour les alerter sur les irrégularités du scrutin camerounais.

« Nous ne restons pas les bras croisés », confie à Jeune Afrique un membre de ce réseau. « Chaque jour, nous envoyons des dossiers, nous organisons des rencontres, nous documentons les violations. L'objectif est que la communauté internationale ne puisse pas fermer les yeux sur ce qui se passe au Cameroun. »

Une diaspora mobilisée comme jamais

Jeune Afrique constate que cette stratégie internationale porte ses fruits dans la mobilisation de la diaspora camerounaise. À Paris, Bruxelles, Londres, New York ou Montréal, les rassemblements de soutien à Issa Tchiroma Bakary se multiplient.

« Cette élection a réveillé la diaspora », observe pour Jeune Afrique un chercheur spécialiste des migrations africaines. « Pendant des années, elle était résignée. Aujourd'hui, elle croit de nouveau au changement et s'engage massivement. Les réseaux sociaux jouent un rôle amplificateur considérable. »

Selon les informations de Jeune Afrique, plusieurs associations de la diaspora, jusqu'ici apolitiques, ont franchi le pas et appellent ouvertement à soutenir Tchiroma Bakary. Cette mobilisation crée une caisse de résonance internationale qui dépasse largement les frontières camerounaises.

Les limites d'une stratégie hors-sol ?

Mais cette stratégie internationale n'est pas sans risques. Jeune Afrique a recueilli des critiques, y compris au sein même de l'opposition camerounaise. « Il ne faut pas que la bataille se joue uniquement à Paris ou à Bruxelles », prévient un opposant historique joint par Jeune Afrique. « C'est au Cameroun que tout se décide. L'international peut amplifier, mais pas remplacer la mobilisation populaire sur le terrain. »

D'autres voix, interrogées par Jeune Afrique, craignent que cette stratégie ne conforte Paul Biya dans son discours sur un « complot occidental » contre le Cameroun. « Le pouvoir ne se prive pas de brandir l'épouvantail de l'ingérence étrangère », note un analyste politique à Jeune Afrique. « Il faut que Tchiroma Bakary fasse attention à ne pas tomber dans ce piège. »

Une arme à double tranchant

Alors que le Conseil constitutionnel s'apprête à proclamer les résultats définitifs ce lundi 27 octobre, le réseau international d'Issa Tchiroma Bakary se tient prêt à entrer en action. Jeune Afrique a appris que plusieurs actions juridiques et médiatiques sont planifiées dès l'annonce officielle, si celle-ci confirme la victoire de Paul Biya.

« Nous avons un plan A, un plan B et un plan C », confie à Jeune Afrique un membre du dispositif international. « Quelle que soit la décision du Conseil constitutionnel, nous ne lâcherons rien. Cette fois, Paul Biya ne pourra pas étouffer la contestation comme il l'a fait par le passé. »

Le pari de Tchiroma Bakary est audacieux : transformer une élection camerounaise en affaire internationale. Les prochaines heures diront si cette stratégie, révélée en exclusivité par Jeune Afrique, portera ses fruits ou si elle se heurtera au mur du réel politique camerounais.

Source: www.camerounweb.com