Une escalade dramatique. Alors que le Cameroun est plongé dans une crise post-électorale sans précédent, des affrontements violents ont éclaté ce matin devant la résidence d’Issa Tchiroma Bakary à Garoua. Selon des témoignages concordants et des sources locales, l’armée camerounaise a ouvert le feu à balles réelles sur les partisans du candidat autoproclamé président, faisant plusieurs blessés. Une situation qui risque d’embraser davantage le pays, alors que les tensions ne cessent de monter depuis la proclamation des résultats par le Conseil constitutionnel.
Les partisans d’Issa Tchiroma, massés devant sa résidence pour le protéger et revendiquer sa victoire, ont été pris pour cible par les forces armées. « Les militaires tirent sans sommation. Il y a déjà plusieurs blessés, certains grièvement », rapporte un témoin sur place. Les images et vidéos circulant sur les réseaux sociaux montrent des scènes de panique, des blessés transportés en urgence, et des manifestants déterminés à résister malgré la répression.
Cette violence d’État intervient dans un contexte où Issa Tchiroma Bakary conteste ferment la victoire officielle de Paul Biya, proclamée hier par le Conseil constitutionnel avec 53,66 % des voix. L’opposant, qui revendique 55 % des suffrages, avait appelé ses soutiens à rester mobilisés pour défendre ce qu’il qualifie de « vérité des urnes ».
Garoua, fief politique d’Issa Tchiroma et capitale régionale du Nord, est devenue l’épicentre de la contestation. Depuis plusieurs jours, des milleirs de partisans se sont rassemblés autour de sa résidence, transformant les lieux en un symbole de résistance. « Nous ne partirons pas. Tchiroma a gagné, et nous sommes prêts à mourir pour défendre sa victoire », déclare un manifestant sous couvert d’anonymat.
Les forces de sécurité, déjà en alerte maximale depuis la proclamation des résultats, semblent déterminées à disperser les manifestants par tous les moyens. « L’armée et la gendarmerie sont déployées en masse. Ils veulent briser la résistance à tout prix », explique un journaliste local.
Si le nombre exact de blessés n’a pas encore été officiellement confirmé, des sources médicales sur place font état de plusieurs cas graves, dont certains par balles. « Les hôpitaux sont submergés. Nous manquons de matériel pour soigner tout le monde », alerte un médecin de Garoua.
Les réseaux sociaux s’embrasent, avec des appels à la mobilisation générale et des accusations de "massacre" portées contre le régime. « Biya veut noyer la révolte dans le sang », dénonce un militant pro-Tchiroma.
Ces violences à Garoua risquent de provoquer un effet domino dans d’autres régions du Cameroun, où les partisans de l’opposition sont déjà très remuants. Douala, Bafoussam et Yaoundé pourraient devenir les prochains théâtres d’affrontements, si la répression se poursuit.
Alors que la communauté internationale commence à s’alarmer, la question se pose : jusqu’où ira la répression ? Et comment Issa Tchiroma et ses soutiens vont-ils réagir face à cette escalade violente ?