Avis sur le nouveau mandat de Biya : un petit tour révélateur dans les maisons

Foule à Dschang Fatigué de rêver

Mon, 10 Nov 2025 Source: L'Indépendant n°980

Paul Biya, au pouvoir depuis 1982, a une fois de plus prêté serment, promettant de servir la nation avec un « engagement renouvelé » en faveur de la jeunesse, des femmes et de la croissance économique. Mais pour quelques Camerounais approchés, ses mots résonnent comme un refrain usé, symbole d’un pouvoir marqué par l’immobilisme, la mauvaise gouvernance et la désillusion.

Dans plusieurs grandes villes du pays, des vagues de protestations ont éclaté après la proclamation controversée de sa victoire par Clément Atangana à l’élection du 12 octobre. Les manifestants dénoncent une fraude électorale massive, affirmant que leur véritable choix, le candidat de l’opposition Issa Tchiroma Bakary, a été injustement écarté.

Les forces de sécurité ont réagi avec une répression retenue : arrestations, tirs, et peur généralisée, causant plusieurs morts accidentelles. Pour l’opposition, en 43 ans de règne, le régime Biya est devenu synonyme de déclin économique et de désespoir générationnel. Elle fait le constat selon lequel, la jeunesse camerounaise majoritaire dans la population reste sans emploi, désabusée et prisonnière d’un système qui privilégie la loyauté au détriment de la compétence.

Les écoles manquent d’enseignants et de moyens, les hôpitaux sont sous-équipés, et les infrastructures se dégradent d’année en année, dans un système de corruption. Pour cette jeunesse instruite mais sans avenir, les promesses du président en faveur d’une « croissance inclusive » et d’un « soutien à l’entrepreneuriat » relèvent de la moquerie.

« Nous entendons cela depuis toujours », confie un jeune manifestant à Douala. Et d’ajouter : « Il parle d’opportunités, mais nous vivons dans la misère. » Selon plusieurs observateurs critiques, l’élection de 2025 a incarné une révolte générationnelle, une tentative désespérée du peuple camerounais de tourner la page après plus de quatre décennies d’immobilisme.

La campagne du candidat du Front pour le salut national du Cameroun (FSNC), Issa Tchiroma Bakary, a suscité un immense espoir parmi les jeunes, porté par un message de changement, de réforme et de dignité. Mais alors que Biya, âgé de 92 ans, lève à nouveau la main pour « servir », il ne faudrait pas que le pays revive un nouveau cycle de sanctions de vote et de promesses trahies.

Source: L'Indépendant n°980