Dans une réponse cinglante adressée au ministre des Sports, Narcisse Mouelle Kombi, Samuel Eto’o, président de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot), rejette catégoriquement les accusations d’irrégularités et qualifie la position du ministère de « tentative d’ingérence » dans le processus électoral de la Fecafoot. Dans une lettre datée du 15 novembre 2025, Eto’o affirme que les arguments avancés par le ministre « manquent de fondement juridique » et risquent d’exposer le Cameroun à des « sanctions internationales » de la part de la FIFA et de la CAF.
S’appuyant sur les statuts de la Fecafoot et le cadre consensuel FECAFOOT-CAF-FIFA de 2021, il rappelle « l’autonomie des fédérations sportives » et dénonce « une pression administrative dépourvue de base légale ». Malgré le refus du ministère de désigner des représentants pour l’Assemblée générale élective prévue le 29 novembre, Eto’o maintient le scrutin, insistant sur le fait que « la validité du processus ne saurait être conditionnée par une décision administrative ».
La réponse de Samuel Eto'o président de la FECAFOOT à Mouelle Kombi
Le Président
À
Monsieur le Ministre des Sports et de l’Éducation Physique
Yaoundé
Objet : Votre correspondance du 14 novembre 2025 relative à l’Assemblée générale élective de la FECAFOOT
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Monsieur le Ministre,
J’ai l’honneur d’accuser réception de votre correspondance en date du 14 novembre 2025 par laquelle vous indiquez ne pas être en mesure de désigner les représentants du MINSEP pour l’Assemblée générale élective de la FECAFOOT.
Après analyse juridique approfondie, je me vois dans l’obligation d’en relever les contradictions majeures, les limites de fond et de forme, ainsi que les risques d’atteinte aux principes d’autonomie et de non-ingérence consacrés tant par les textes nationaux que par les engagements internationaux de l’État du Cameroun.
Vous fondez votre refus sur le fait que la situation actuelle serait « en contradiction flagrante » avec vos recommandations antérieures.
Or :
Aucune norme légale ou réglementaire ne subordonne la désignation des représentants du Ministère à l’exécution préalable de recommandations administratives ;
La correspondance du 21 août 2025 citée en référence ne comporte aucune injonction suspensive, encore moins de dispositions de nature à conditionner la poursuite du processus électoral ;
Le MINSEP n’est investi d’aucun pouvoir d’appréciation ou de qualification de la “situation” pouvant justifier la paralysie du fonctionnement d’une fédération sportive reconnue par l’État.
Ainsi, l’impossibilité que vous invoquez ne procède d’aucun fondement juridique objectif, mais d’une interprétation personnelle dénuée de portée normative.
Vous rappelez la nécessité de respecter :
Les statuts de la FECAFOOT,
Le cadre consensuel FECAFOOT–CAF–FIFA du 13 juillet 2021,
Ainsi que les lois de la République.
Je me permets de souligner que ce même cadre, reconnu par l’État, consacre expressément :
L’autonomie des fédérations sportives,
L’interdiction de toute ingérence administrative dans leurs processus électoraux,
La compétence exclusive des organes statutaires pour conduire les élections.
En conséquence, les demandes que vous formulez — tendant à imposer des “mesures correctives” préalables à la tenue du scrutin, ou à conditionner la participation du MINSEP à des actions unilatéralement appréciées — excèdent les prérogatives que vous confère l’ordonnancement juridique.
Elles contredisent en outre l’article 14 du cadre FECAFOOT–CAF–FIFA, qui prohibe explicitement toute intervention susceptible d’affecter l’intégrité du processus électif.
Le ton de votre correspondance — mêlant refus, avertissements, appréciations personnelles, critiques de contexte et menace implicite de non-reconnaissance du scrutin — peut objectivement être interprété comme :
Une tentative d’influence sur un processus électoral autonome,
Une pression administrative dépourvue de base légale,
Voire une atteinte à l’équilibre des relations entre l’État et une association investie d’une mission de service public mais régie par le droit privé.
Une telle posture, même involontaire, fait courir au Cameroun un risque réel de contentieux international et de sanctions disciplinaires, conformément aux règles de la FIFA et de la CAF relatives aux ingérences gouvernementales.
Je tiens à rappeler avec fermeté, mais dans un esprit de collaboration :
Que la conduite du processus électoral relève exclusivement des organes statutaires de la FECAFOOT ;
Que le rôle du MINSEP, tel que défini par les textes, est d’observer et d’accompagner, non de conditionner ou d’orienter ;
Que l’absence volontaire de représentants du Ministère ne saurait, en aucun cas, affecter la validité du scrutin, dès lors que les statuts ne confèrent au MINSEP ni pouvoir de certification, ni droit de veto.
La FECAFOOT demeure ouverte au dialogue, à la transparence et à toute collaboration conforme au droit.
Aussi, je vous prie de bien vouloir reconsidérer votre décision, afin de permettre aux représentants du MINSEP de prendre part au processus, conformément à l’esprit d’apaisement et de respect institutionnel que vous évoquez vous-même dans votre correspondance.
Toutefois, je tiens à préciser que, conformément aux statuts et aux normes internationales, le déroulement des élections ne saurait être suspendu, retardé ou conditionné par une prise de position administrative étrangère à nos textes.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de ma considération respectueuse mais ferme.
Le Président de la FECAFOOT.