Un expert financier fait voir au monde entier la vraie face de Biya

Biya Sourire Discret Analyse profonde

Wed, 26 Nov 2025 Source: L’Indépendant n°982 du 24 novembre

Je suis scandalisé pour ce qui se passe au niveau du budget et du coût réel du rachat d'Eneo qui est de 78 milliards, auquel il faut ajouter le coût de la maintenance des barrages de Song Loulou et Lagdo de près de 280 milliards, non réalisé par Eneo conformément au cahier des charges de la concession ; une dette additionnelle de 120 milliards par an du barrage de Nachtigal, liée à l'accord offtake stipulant qu'Eneo doit payer l'électricité au consortium EDF 10 milliards francs CFA par mois (que l'électricité soit consommée ou pas), avec une garantie de l'État.

Eneo était insolvable, car plombé par une dette de plus de 500 milliards et la Sonatrel n'a pas construit la majeure partie des lignes de transmission d'électricité. Conséquence : le Cameroun a fait le pire des PPP à Nachtigal. Au lieu de transférer le risque financier au concessionnaire EDF sur 30 ans comme le stipulent les PPP, c'est l'État camerounais qui, avec le rachat d'Eneo, se retrouve avec une dette supplémentaire de 120 milliards par an, pour un barrage de 420 MW ayant coûté 800 milliards.

En lieu et place de Nachtigal, on aurait pu réparer d'abord les turbines de Song Loulou qui fonctionnent à 50 pour cent, et restaurer Lagdo pour 280 milliards. À titre de comparaison, je rentre d'Éthiopie où le gouvernement vient de construire sur fonds propres et investissements de la diaspora, le barrage de la Renaissance de 5 000 MW pour 4,8 milliards de dollars (contre 1,2 milliards de dollars).

Le barrage d'Éthiopie coûte 4 fois plus cher que Nachtigal, mais il produit 11 fois plus d'électricité, et surtout il rapporte 1 milliard de dollars par an (600 milliards de francs CFA) grâce aux exportations vers les pays voisins ; tandis que Nachtigal crée une dette annuelle de 120 milliards).

Ayant mis en œuvre des PPP dans plusieurs pays en Afrique et ayant siégé au Comité de crédit de la Société financière internationale (SFI), je n'aurais jamais, en tant que Camerounais, approuvé ni le montage du rachat d'Eneo, ni le PPP scandaleux de Nachtigal. Je reconnais néanmoins que le gouvernement a posé un acte positif en rachetant Eneo. Mais le coût pour les contribuables est exorbitant. Une analyse de Eugène Nyambal, expert financier international.

Source: L’Indépendant n°982 du 24 novembre