Dans une lettre datée du 17 novembre 2025, le SG du Comité central du RDPC, Jean Nkuete, recadre violemment le président de l’Assemblée nationale, Cavayé Yeguié Djibril, qui avait initié une modification unilatérale de la délégation permanente régionale du Comité central dans l’Extrême-Nord. Une situation qui illustre une nouvelle fois la bataille silencieuse pour le contrôle des appareils régionaux du parti au pouvoir.
Un bras de fer inédit secoue le sommet du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC). En ligne de front : Jean Nkuete, tout-puissant Secrétaire général du comité central et Cavayé Yeguié Djibril, président de l’Assemblée nationale, poids lourd politique de l’Extrême-Nord. Une guerre froide devenue brûlante à travers une correspondance officielle au ton cinglant. Le 14 novembre 2025, le chef de la délégation permanente régionale de l’Extrême-Nord, Cavayé Yeguié Djibril, a publié la décision n°10/Rdpc/Cc/Dpr-En, complétant la composition de la délégation régionale en ajoutant plusieurs membres et chargés de mission.
Dans son texte officiel, il invoque « l’indisponibilité de certains membres » et « les nécessités du bon fonctionnement de ladite délégation » pour justifier l’élargissement de l’équipe, citant nommément sept nouveaux membres et quatre chargés de mission, dont Mme Zakiatou Djamo, Alamine Ousmane Mey et M. Mohamadou Atikou Kalda, entre autres. Quelques jours plus tard, le 17 novembre, le Secrétaire général du Comité central, Jean Nkuete, a réagi par courrier adressé au président de l'Assemblée nationale. Le Sg du Comité central, visiblement excédé, rappelle, en effet, que cette prérogative est strictement réservée au président national, et non à un cacique du parti, fut-il président d’une institution. Le ton est sec, l’autorité martelée.
Jean Nkuete ne laisse aucune marge à l’interprétation : « la composition reste et demeure exclusivement celle de de la décision n°005/Rdpc/Pn du 09 décembre 2015 », balayant ainsi toute tentative d’influence régionale hors cadre statutaire. Pour de nombreux observateurs, il s’agit d’une gifle institutionnelle qui expose les profondes fractures internes au sein du parti au pouvoir. Le clash sonne comme un signal fort : la guerre des clans est bien réelle au sein du parti de Paul Biya, et nul n’est intouchable.
En filigrane, ce bras de fer dévoile les tensions larvées autour de la succession de Paul Biya, avec des barons qui tentent déjà de se repositionner, quitte à provoquer une crise ouverte. Le ver est dans le fruit. Et cette lettre, peut être considérée comme une déclaration de « guerre » dans les arcanes du parti au pouvoir. Dans les arcanes du parti, l’on soutient que Jean Nkuete est pleinement dans son rôle lorsqu’il examine la conformité des actes internes aux textes fondateurs du parti. En effet, le Secrétaire général du Comité central occupe une fonction essentielle au sein du RDPC.
À ce titre, il assure la direction et la coordination de l’ensemble de l’administration du parti ; il veille à la légalité des actes posés par les structures du parti, en garantissant leur conformité au Livre jaune et aux orientations du président national ; il supervise le fonctionnement des délégations permanentes et peut, en tant que chef de l’appareil administratif, demander des clarifications, rectifier ou encadrer toute décision susceptible d’affecter la discipline interne ; il prépare et suit l’exécution des décisions du Comité central, tout en garantissant la cohérence des orientations politiques et organisationnelles ; il préserve la cohésion interne, en anticipant les conflits de compétences et en harmonisant l’action des différentes instances.
Au moment où le parti engage une phase d’introspection et d’ajustement stratégique en vue des prochaines échéances électorales, il est regrettable, estime-ton dans les chaumières que cette formation politique affiche ses divisions au grand jour, entre barons régionaux et gardiens de la ligne centrale. Un fait qui laisse planer de sérieuses inquiétudes sur la survie du parti après Paul Biya. Ce qui se joue ici n’est qu’un aperçu, une bande-annonce d’une guerre beaucoup plus profonde. Parce que ceux qui connaissent la maison RDPC savent une chose : Quand un régime arrive à saturation, les couteaux sortent.