Mamadou Mota illustre la mort en prison d'Anicet Ekane par une phrase: "L'ASSASSINAT DE L'HOMME, LA MORT DE LA JUSTICE".
Voici sa réaction suite au décès du président du Manidem:
"Laissez-moi vous épargner les fioritures d'une plainte larmoyante. La mort en geôle d'Anicet Ekane n'est pas un accident, c'est une pièce de plus dans le dossier d'accusation contre un régime qui a fait de la survie sa seule idéologie. Le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun parle d'assassinat politique ? L'expression est trop faible. Il s'agit d'un crime d'État, commis avec la basse complicité du silence et l'outrage calculé des fonctionnaires des Nations Unies et des ambassades des pays amis du Cameroun.
Qui est responsable ? Ne cherchez pas dans les arcanes, le coupable porte un nom : le régime de Paul Biya. Et, par une ironie qui n'étonne plus que les naïfs, la gendarmerie est l'instrument direct de cet homicide par omission. Confisquer le respirateur artificiel d'un prisonnier, malgré les cris de ses avocats, n'est pas une négligence. C'est une exécution délibérée, signée, cachetée et postée par la brutalité administrative. C'est le triomphe du bourreau sur le malade, du cachot sur la clinique.
La persistance au pouvoir de Biya ? Un cancer qui métastase et emporte les corps et les principes. Il le fait à tous les prix et sans état d'âme. Mais n'oublions pas les seconds rôles, ces utilités qui donnent à la tragédie sa dimension de farce cynique :
Les fonctionnaires des Nations Unies : Ces dignes messieurs et dames, souvent plus préoccupés par le confort de leurs hôtels que par la dignité des peuples, ont couvert de leur onction la mascarade électorale. Leur soutien à ce régime, c'est la main invisible qui a tenu le coussin pour étouffer les derniers râles de la justice. Ils ont truqué la légitimité, ils sont co-auteurs de la mort.
Les "partenaires" du Cameroun : Leur silence n'est pas de l'indifférence, c'est un coup de grâce calculé. Ces pays occidentaux, qui nous assènent sans relâche leurs sermons sur les droits de l'homme, pratiquent une diplomatie de l'hypocrisie.
Leurs intérêts, pétroliers, miniers ou géopolitiques, valent plus que la vie d'un opposant. Leurs fondements moraux ? Ils les ont échangés contre un contrat juteux. C'est un mépris souverain pour les idéaux qu'ils prétendent incarner.
Ce n'est pas un deuil que nous faisons, c'est un constat. Celui d'un État où la loi n'est qu'un chiffon et la vie humaine une monnaie d'échange. Anicet Ekane est mort pour nous rappeler que, sous ce régime, chaque souffle de l'opposition est une provocation qui mérite la peine de mort.
Ekane ne mourra pas!"