Rebondissement dans l'affaire Fouda-Mbapou : trois personnalités convoquées ce mercredi au Tribunal Militaire de Yaoundé

L'affaire opposant le vice-amiral Joseph Fouda, conseiller spécial du président de la République, à Parfait Hervé Mbapou connaît un nouveau rebondissement. Trois personnalités ont été convoquées ce mercredi matin à 10 heures au Tribunal Militaire de Yaoundé : Ekassi Alain, Savom Martin et Ngakam.

Cette convocation intervient dans le cadre de l'instruction judiciaire en cours concernant l'affaire qui agite le landerneau politique camerounais depuis plusieurs semaines. Les trois personnes convoquées pourraient détenir des informations cruciales sur les relations entre le vice-amiral Joseph Fouda et Parfait Hervé Mbapou, et potentiellement éclairer le tribunal sur les accusations mutuelles des deux protagonistes.

Le Tribunal Militaire de Yaoundé, où se déroule l'instruction de cette affaire sous la supervision du commissaire du gouvernement Cerlin Belinga, cherche à établir la vérité dans un dossier où s'opposent deux versions radicalement différentes des faits.

Pour rappel, le vice-amiral Joseph Fouda accuse Parfait Hervé Mbapou de s'être frauduleusement présenté comme membre de son entourage pour soutirer d'importantes sommes d'argent à plusieurs personnalités. De son côté, Mbapou maintient avoir été en contact pendant des années avec le conseiller spécial pour lequel il aurait effectué diverses "commissions suite à ses instructions".

L'affaire a pris une tournure dramatique le 22 octobre 2025, lorsqu'une dizaine d'agents cagoulés de la Sécurité Militaire (SEMIL), dirigés par le colonel Nkolo Melingui Pacifique, chef de la division de la sécurité militaire, ont enlevé Parfait Mbapou à son domicile. Selon les témoignages, il aurait été tabassé aux environs du Palais des Congrès avant d'être conduit à l'hôpital, puis ramené à son domicile.

Face à cette escalade, Parfait Mbapou a adressé le 17 novembre 2025 une lettre au président Paul Biya avec pour objet : "Dénonciation, demande de protection et d'intervention face à une situation tragique et mortifère, mettant ma vie et celle de la famille en danger."

Dans cette correspondance, il dénonce un "assassinat programmé par l'un de vos collaborateurs à la présidence de la République" et affirme que ses précédents courriers, dont le dernier daté du 4 novembre 2025, n'auraient jamais atteint le chef de l'État. Mbapou évoque "une volonté manifeste et concertée" pour empêcher que sa voix ne parvienne jusqu'au président.

Une première confrontation entre le vice-amiral Joseph Fouda et Parfait Hervé Mbapou s'est déjà déroulée il y a quelques semaines au Tribunal Militaire, en présence du commissaire du gouvernement Cerlin Belinga. Cette audition n'avait apparemment pas permis de dissiper les zones d'ombre de cette affaire complexe.

La convocation d'Ekassi Alain, Savom Martin et Ngakam ce mercredi pourrait constituer un tournant dans l'instruction, leurs témoignages étant susceptibles d'apporter des éléments nouveaux permettant d'établir la nature exacte des relations entre les deux protagonistes et la véracité des accusations portées de part et d'autre.

Cette affaire soulève des questions sensibles sur le fonctionnement des institutions et la protection des citoyens face à des personnalités influentes. Elle intervient également dans un contexte politique tendu, marqué notamment par le récent décès en détention d'Anicet Ekane, qui a ravivé les débats sur les conditions de détention et le traitement des opposants au Cameroun.

L'issue de cette comparution de ce mercredi est particulièrement attendue par les observateurs de la scène judiciaire et politique camerounaise, qui y voient un test de l'indépendance de la justice militaire face à des personnalités de haut rang.