David Pagou: De professeur d'EPS relégué dans un village reculé à sélectionneur des Lions Indomptables :

De professeur d'EPS relégué dans un village reculé à sélectionneur des Lions Indomptables : l'histoire de David Pagou est celle d'un homme qui a transformé l'injustice en carburant, l'humiliation en force, et qui redonne aujourd'hui au Cameroun l'une de ses plus belles vertus : la fierté."

David Pagou.

Aujourd’hui, il est le sélectionneur du Cameroun. Et pourtant, son parcours raconte bien plus que du football.

Durant le conflit MINSEP–FECAFOOT, alors qu’il était du côté de Samuel Eto’o, convaincu de sa compétence, Pagou a payé le prix fort. Pendant que le ministre faisait le choix de Marc Brys, lui a été écarté, presque relégué, affecté comme professeur d’EPS dans un village, au fin fond du Cameroun (Salapoumbé). Une mise à l’écart injuste pour un homme de travail et de compétence.

À travers le cas Pagou, on voit clairement le Cameroun d’aujourd’hui :

mettre en avant la médiocrité parce qu’elle arrange, parce qu’elle cache des intérêts, et rejeter une compétence pourtant proche de nous. Une compétence que l’on néglige, que l’on refuse de considérer, simplement parce que nous avons trop souvent cette idée bien ancrée que ce qui vient d’ailleurs est toujours meilleur.

Moi, je me nourris de ceux qui m’inspirent. De ceux qui me permettent de rêver, peu importe le domaine. Créer le rêve avec le contexte dans lequel on vit, avec nos réalités. Pagou est aujourd’hui cet exemple.

Malgré les combats, les humiliations et les injustices, il est resté patient. Il a continué à travailler, à apprendre, à se former. Même sans salaire, il n’a jamais abandonné. Aujourd’hui, on commence à voir le résultat.

Soyons clairs : nous sommes encore loin d’un exploit à la CAN, cette compétition qui se discute et ne se gagne pas sur les intentions. Mais malgré cela, Pagou nous rend fiers. Fiers de ce qu’il transmet. Fiers de ce qu’il dégage. Et surtout fiers de ce que l’on voit à travers ses joueurs.

Sur le terrain, il y a une identité. Une envie. Une solidarité. Des joueurs qui se battent ensemble et qui prennent du plaisir à jouer. Cela faisait des années que le Cameroun n’avait plus proposé un jeu aussi construit et aussi cohérent.

Pagou n’est peut-être pas le coach “star” que certains attendaient. Il n’est peut-être pas celui des combats politiques ou des intérêts personnels. Mais il fait partie de ceux qui prouvent que le Cameroun a la compétence. Et qu’avec de la discipline, de la rigueur et du travail, cette compétence peut être exploitée pour faire de belles et grandes choses.

Pagou, aujourd’hui, fait rêver.

Et parfois, faire rêver est déjà une victoire.

Stéphane Nounamo