L'attente devient insoutenable pour la famille d'Anicet Georges Ekane. Dans une correspondance officielle datée du 29 décembre 2025, les conseils juridiques de la famille ont adressé une demande formelle au Ministre Secrétaire d'État à la Défense en charge de la Gendarmerie pour obtenir la restitution de la dépouille mortelle du défunt commandant, toujours retenue à la morgue de l'Hôpital Central de Yaoundé.
C'est le Cabinet Me H.B. Tiakouang Meli, associé à Me Emmanuel Simh, qui a pris en charge cette démarche au nom des ayants droit. La correspondance, envoyée par courrier au porteur et enregistrée auprès du Service Central de Documentation et d'Archives de la Gendarmerie Nationale (SCDA/SED/GN), ne laisse planer aucune ambiguïté sur l'urgence de la situation.
Dans leur requête, les avocats écrivent : "Au nom, pour le compte et d'ordre des ayants droits de Feu Anicet Georges EKANE que sont sa veuve née SOGUE Jeanne Edwige, ses enfants, ses frères et sœurs, nous revenons vers votre honneur, solliciter la levée des restrictions administratives et judiciaires qui ne leur permettent pas encore d'entrer en possession de sa dépouille mortuaire pour faire ses obsèques."
La famille ne cache pas son impatience et sa détermination. Les préparatifs pour l'organisation des obsèques sont déjà en cours, et les proches du défunt se disent prêts à prendre en charge tous les frais de morgue accumulés depuis le décès survenu dans la nuit du 5 au 6 novembre 2025.
"La famille a déjà engagé les préparatifs pour l'organisation desdits obsèques et prendra en charge les frais de la morgue dès votre décision de main levée des restrictions", précise la correspondance adressée au ministre.
La mention de "restrictions administratives et judiciaires" dans la correspondance soulève de nombreuses interrogations. Pourquoi le corps d'Anicet Ekane est-il encore retenu à la morgue près de deux mois après son décès ? Quelles sont les raisons de ces restrictions ? Une enquête judiciaire est-elle toujours en cours ?
Ces questions demeurent sans réponse officielle, alimentant les spéculations et les zones d'ombre qui entourent cette affaire depuis le début.
Un drame qui reste inexpliqué
Pour rappel, le commandant Anicet Georges Ekane est décédé dans des circonstances qui n'ont jamais été clairement élucidées. Retrouvé sans vie dans son domicile de Biyem-Assi à Yaoundé dans la nuit du 5 au 6 novembre 2025, les versions officielles et officieuses ont varié, alimentant les rumeurs et les interrogations.
Certaines sources évoquent un suicide, d'autres parlent d'un malaise, tandis que des voix plus critiques suggèrent des zones d'ombre qu'il conviendrait d'éclaircir. L'absence de communication officielle claire n'a fait qu'amplifier les doutes.
Au-delà des questionnements sur les circonstances du décès, c'est d'abord une famille en deuil qui souffre. La veuve, Jeanne Edwige Sogue Ekane, les enfants, les frères et sœurs du défunt attendent depuis près de deux mois de pouvoir faire leurs adieux à leur proche et lui offrir des funérailles dignes.
Cette situation de blocage administratif et judiciaire prolonge inutilement leur souffrance et les prive d'un droit fondamental : celui d'inhumer leur mort selon leurs traditions et leurs convictions.
Une question de dignité humaine
Au-delà des aspects juridiques et procéduraux, cette affaire pose une question de dignité humaine. Combien de temps une famille doit-elle attendre pour récupérer le corps d'un être cher ? Quelles que soient les circonstances du décès et les besoins éventuels d'une enquête, le respect dû aux morts et à leurs familles devrait prévaloir.
Les avocats de la famille concluent leur correspondance par une formule de politesse classique : "Dans l'attente, nous vous prions de croire en notre très haute considération." Mais derrière ces mots convenus se cache l'impatience légitime d'une famille qui veut tourner la page et faire son deuil dans la sérénité.
La balle est désormais dans le camp du Ministère de la Défense. Le Ministre Secrétaire d'État en charge de la Gendarmerie dispose désormais d'une demande officielle et formelle. Sa réponse, ou son absence de réponse, sera scrutée avec attention.