Élection 2018: voici les 11 candidats déjà déclarés

Présidentielle 2018 11 candidats déjà déclarés à la présidentielle 2018

Mon, 8 May 2017 Source: actucameroun.com

Au Cameroun, la course à l'élection présidentielle de 2018 a commencé. Elle sera rude et pleine de surprise. Onze candidats se sont déjà déclarés. Parmi eux, émergent des anciens, et de nouveaux visages, à l’instar de Cabral Libii qui veut défier Paul Biya entouré d’« un groupe de vieillards » selon ses propres mots.

A Plus 16 mois de son échéance, la prochaine élection présidentielle camerounaise charrie déjà des convoitises.

Encore « lointaine », mais certaine ( ?), pour reprendre l’expression du chef de l’Etat lors de la visite de François Hollande au Cameroun en 2015, l’élection présidentielle de 2018 crée des vocations, particulièrement chez des « new commers » de la scène politique. Parmi les postulants déclarés ou virtuels, de nombreux jeunes loups aux dents longues, manifestement contaminés par l’effet Macron en France.

Certains ne s’en cachent d’ailleurs pas de s’en inspirer, alors que d’autres, plus aguerris par l’expérience de l’élection présidentielle, croient voir en 2018 l’année de leur rêve pour s’asseoir enfin sur le fauteuil présidentiel. Il est incontestable que cet engouement pour le siège de manitou du Palais de l’Unité, que l’actuel locataire est loin d’avoir déjà quitté, devra se corser dans les jours et les mois à venir, de nombreux leaders traditionnels n’ayant pas encore déclaré leurs intentions.

En attendant les probables candidatures de Ni John Fru Ndi, Adamou Ndam Njoya, Jean Jacques Ekindi, et bien d‘autres, notre rédaction a déjà dénombré 11 prétendants à ce scrutin qui s’annonce pour le moins ouvert. Visages, histoires, et programmes des candidats déclarés ou putatifs.

Jean blaise Ngwet

L’homme d’affaires qui rêve de présidence C’est le 26 avril dernier qu’il a décliné son offre pour la présidentielle de l’année prochaine. C’était au cours d’une conférence de presse à Yaoundé, à laquelle l’ancien homme d’affaires avait convié ses amis de la presse.

Une annonce qui a quelque peu défrayé la chronique, tant Jean Blaise Ngwet, représentant au Cameroun d’une marque de produits électroniques, sans doute le secteur dans lequel il a dû faire fortune, s’était illustré jusque-là par une discrétion assez remarquable sur le terrain politique. En dépit de la création de son parti politique, le Mpcc-le Mouvement patriotique pour le changement du Cameroun, en 2008, on ne lui reconnait jusqu’à date aucune activité politique particulière.

En se lançant dans la bataille alors même que la date de cette consultation électorale reste dans la discrétion du chef de l’Etat, on peut raisonnablement penser que le fauteuil présidentiel était la ligne de mire de ce parti, qui ne dispose d’aucun élu. N’empêche, à l’occasion de sa déclaration de candidature, Jean Blaise Ngwet dévoile un programme tout à fait atypique. Point d’orgue de ce programme, la création d’un statut particulier pour les anciens chefs d’Etat et les ex-premières dames, à qui il veut assurer une impunité constitutionnelle pour les actes posés au cours de leurs mandats.

Comme pour montrer sa bonne volonté, il appelle au retour de la dépouille de l’ancien président Ahmadou Ahidjo, dont les restes sont toujours à Dakar au Sénégal. Il appelle également à la libération des prisonniers dit de luxe, les anciens gestionnaires de la fortune publique, actuellement embastillés dans le cadre de l’opération Epervier. Car pour lui, le Cameroun a besoin de tous ses fils pour la construction d’une nation forte et prospère. Et parmi ces bâtisseurs, Jean Blaise Ngwet mise spécialement sur le retour au bercail des camerounais de la diaspora, dont il promet de faciliter les conditions, et sur qui il fonde beaucoup d’espoir. Pour cet homme d’affaires reconverti dans la politique, on attend de voir jusqu’où il pourra aller. Peut-être l’effet Trump !

Corentin Talla: le retour du « Général Schwarzkopf » sur la scène

L’évocation de son nom ne dit certainement pas grand-chose à la jeune génération. Pourtant, Corentin Talla a marqué de son empreinte son passage à l’ancienne université de Yaoundé, durant les années de braises, dans les années 90. Longtemps recherché pour son activisme au sein et en dehors du campus durant cette période, celui que ses camarades « combattants » avaient surnommé Général Schwarzkopf est exilé aux Etats-Unis d’Amérique depuis 1994.

Après 23 ans d’absence du territoire national, il vient d’annoncer son retour au pays de la manière la plus captivante qui soit, à travers sa candidature à la prochaine élection présidentielle, après que le pouvoir de Yaoundé ait refusé de lui délivrer un visa d’entrée sur le territoire national, selon ses explications. C’est incontestablement sur ce passé d’activiste estudiantin qu’il entend surfer pour réaliser son rêve, celui de « chasser Paul Biya du pouvoir ».

Sans doute mise-t-il sur l’adhésion de nombre de ses congénères qui occupent des positions qui au sein des strates décisionnelles de l’Etat, qui dans l’opposition, qui encore au sein de la société civile, et qui se rappelleront à coup sûr le courage dont il faisait montre au sein du fameux « parlement », aux côtés de ses autres camarades « combattants » à l’instar de Senfo Tonkam son président, « Magaret Tatcher » la Dame de fer, Abu Nidal et autres Collins Power.

Autant que les autres novices à cette élection présidentielle, Corentin Talla ne se présente pas à ce scrutin sans ambition. L’essentiel de son programme dévoilé dans une interview accordée à un média camerounais en ligne, « faire du Cameroun un pays moderne et respecté dans le concert des nations ». Aussi envisage-t-il une série de réformes qui selon lui, mettent le citoyen au centre des préoccupations. Notamment à travers la modernisation de l’administration par l’informatisation de tous les services, la modernisation du système électoral par la limitation à 2 du nombre de mandats présidentiels, les élections (présidentielles et autres) à 2 tours, la mise sur pied d’un organe de régulation électorale véritablement indépendant.

Titulaire d’une licence en biologie animale de l’université de Yaoundé, malgré son activisme, Corentin Talla est par ailleurs détenteur d’un master et d’un Phd en Administration publique et en politique gouvernementale, Ingénier du logiciel Oracle, Sénior Oracle Database, Administrateur consultant auprès des entreprises et des ministères du gouvernement américain à travers son entreprise Tallaco Inc. Autant d’atouts qui lui donnent à penser qu’il est investi d’un destin présidentiel, qu’il entend mettre en relief à l’occasion de la présidentielle de l’année prochaine.

Dieudonné Balla: Le comédien qui veut accéder au palais

Visiblement, rien ne le prédisposait à une ambition présidentielle. Mais dans une vidéo diffusée sur Youtube en janvier dernier, le célèbre comédien camerounais qui vit en France, a dit sa volonté de briguer le fauteuil de la présidence de la république le moment venu. Qualifié de « négrophole catalan » par une classe politique française manifestement mal à l’aise avec ses comédies, Dieudonné avait justifié sa volonté de briguer la présidence de la république de son pays d’origine comme un « acte de légitime défense ».

Et pour cause, à la suite de l’interdiction de certains de ses spectacles en France par le gouvernement socialiste de Manuel Valls, officiellement pour des passages jugés anti-sémiques et xénophobes dans certains de ses textes, le comédien présentait sa candidature comme une réponse à la politique française en Afrique. Dans sa vidéo de déclaration de candidature qui dure une dizaine de minutes, Dieudonné dévoile l’essentiel de son programme qui se limite à la libération des français, traités selon lui « dans leur propre pays comme des africains » ; c’est-à-dire dépouillés de leur souveraineté, parce que subissant le diktat d’une Europe coloniale et injuste.

Un programme pour le moins curieux qui confond les analystes, qui se demandent si c’est bien au Cameroun qu’il veut être candidat à la présidence. Habitué des tribunaux et cours de justice de Paris, Dieudonné venait d’écoper d’une peine de prison de 8 mois avec sursis, toutes choses qui expliqueraient sa colère contre les autorités françaises. Reste à savoir si cette offre de candidature tient toujours, du moment où son adversaire juré, Manuel Valls, dont il redoutait manifestement une élection à la tête de l’Etat français, n’a pas pu franchir le cap des primaires socialistes à la présidentielle française de cette année.

Cabral Libii: Le « Emmanuel Macron » camerounais

C'est la candidature la plus détonante dans le landernau politique depuis quelques jours. Cabral Libii Li Ngué, de son vrai nom, est jusque là connu comme un brillant panéliste des chaînes de télévision au Cameroun, où il illuminait les débats de sa clairvoyance et de son étincelante intelligence. Depuis quelques semaines, un message posté sur sa page Facebook fait de lui un candidat à la prochaine élection présidentielle. Selon le message, il dit répondre à l’appel de nombreux de ses compatriotes qui l’interpellent à se porter candidat à cette élection, et dit ressentir le poids de cette responsabilité qui vient du peuple profond.

A 37 ans, Cabral Libii concentre incontestablement sur sa personne les espoirs de nombreux jeunes camerounais, au regard de la cote d’amour dont il jouit durant ses interventions médiatiques. Que sa candidature soit inspirée par des appels récurrents de nombreux jeunes collectionnés sur les réseaux sociaux, ne surprendrait personne, le chouchou des chaines de télé s’étant montré plus proche d’une classe sociale délaissée et visiblement en perte de confiance. A travers sa candidature ainsi déclarée, le jeune doctorant en droit à l’université de Yaoundé 2 est déjà perçu comme le Macron camerounais par nombre de ses concitoyens, tant il représente le rêve d’une jeunesse camerounaise manifestement otage d’une classe de gérontocrates.

Dans une interview accordée à un média camerounais bien avant sa cooptation par les internautes, Cabral Libii avait laissé entrevoir ses intentions pour la chose politique : « L’exploit de Macron donne à réfléchir ; ça donne à se dire qu’une nouvelle page politique doit être ouverte au Cameroun en 2018 », avait-il déclaré. Depuis l’appel des internautes en faveur de sa candidature, le journaliste-juriste ne cache plus ses calculs.

Son objectif, faire enregistrer 11 millions d’électeurs d’ici à janvier 2018. Même si son projet de campagne reste inconnu, il a déjà décliné ce qui sera les grandes lignes de son action, qui en disent long sur sa vision politique, à savoir, intégrité, patriotisme, égalité des chances. Tout un programme qui séduit déjà de nombreux jeunes camerounais, dont beaucoup se montrent déterminés à cotiser pour la constitution de la caution de 30 millions de Fcfa, l’une des conditions qu’impose la loi électorale sur l’élection présidentielle au Cameroun.

Messanga Nyamding: Le « biyaiste » qui veut remplacer Biya

Atypique se veut la candidature de ce cadre du Rdpc, membre du comité central, qui l’avait lui-même dévoilée lors de son passage à l’émission à succès sur Canal 2 international « L’arène ». Selon Messanga Nyamding, elle ne sera effective qu’en cas d’empêchement du président Paul Biya à se porter candidat à cette élection. Se présentant comme « Biyaiste » et fervent défenseur du président Paul Biya qu’il dit soutenir depuis l’âge de 19 ans, l’universitaire a d’ailleurs publié son intention dans les réseaux sociaux, tout en la conditionnant par un éventuel refus de Paul Biya de postuler à la même élection.

Son atout majeur, la proximité de ses idées avec celles de feu Atéba Eyéné, qu’il présente comme son ami de toujours, dont il entend porter les espérances qu’il incarnait auprès de nombreux jeunes camerounais avant son décès. Pas grand-chose ne transparait de ce qui pourrait être son programme politique. Néanmoins, Messanga Nyamding se dit être le porte-parole des hommes et 6 des femmes qui n’ont pas de voix. Il exprime sa peur de voir le Cameroun sombrer dans l’implosion au cas où le pays serait conduit par des mains inexpertes, au regard des évènements qui marquent aujourd’hui l’histoire du pays, à l’instar de la crise anglophone. D’où sa volonté de voir encore Paul Biya rempiler à la tête de l’Etat.

D’ailleurs, le candidat conditionnel déclaré affirme avoir déjà fait confectionner 10 000 tricots à ses frais pour la prochaine campagne du candidat naturel du Rdpc sur lesquels on peut lire « Paul Biya : mon candidat pour 2018 ». Une curiosité tout de même pour un candidat qui veut remplacer Biya, et dont on se demande s’il deviendrait de facto le candidat naturel du Rdpc dont il est militant et membre du comité central, en cas d’empêchement de son président actuel.

Reste à redouter l’effet Valls en France, le Premier ministre du président Hollande, qui a cru devoir se porter candidat du fait de l’empêchement de son champion, et qui n’a même pas eu la chance de franchir les élections primaires du Ps - Le parti socialiste.

Bernard Njonga: L’ingénieur agronome en mode politique

C’est sa présidence à la tête de l’Addic- l’Association pour la défense des intérêts des consommateurs, une organisation de la société civile qu’il a dirigée pendant plus de 10 ans, qui l’a révélé au grand public.

Activiste bien connu qui mit sur la place publique de nombreux scandales dont sont victimes les consommateurs camerounais, Bernard Njonga n’a de cesse de montrer que le peuple camerounais ne mérite pas la misère qui l’accable aujourd’hui, au regard de la diversité de ses produits agricoles industriellement transformables, et de la richesse de son sol qui garantit à ses habitants un bien-être potentiel. C’est sans doute fort de cette conviction que l’ingénieur agronome a troqué sa blouse et ses bottes contre la casquette d’homme politique.

En créant son parti politique, le Crac - Croire au Cameroun, Bernard Njonga n’a pas fait mystère de son ambition de briguer la magistrature suprême. Au cours d’une conférence de presse le 9 novembre 2016 à Yaoundé, le président du Crac a clairement indiqué qu’il est candidat à la prochaine élection présidentielle, même si son jeune parti politique ne dispose d’aucun élu au sein des institutions comme l’exige la loi électorale.

Le point d’orgue de son programme politique, la prise en charge du monde rural. En effet, l’ingénieur agronome entend faire de l’agriculture le levier du développement du pays. « Notre objectif premier est de nous nourrir en produisant abondamment, en créant du travail, de la richesse et du bien-être pour tous », rappelle-t-il chaque fois que l’occasion lui est offerte. Un champ que le néophyte de l’élection présidentielle au Cameroun veut défricher pour en faire le socle de son programme politique. Si l’on est en droit de penser que c’est un message qui se verra porteur dans le monde rural, on attend de savoir s’il pourra emballer de nombreux Camerounais le moment venu.

Garga Haman Adji: Le chasseur de baleines qui refuse d’abdiquer

Il est l’un des tous premiers à déclarer depuis septembre 2016, sa candidature à la prochaine élection présidentielle. C’était également au sortir de la convention nationale de son parti, l’Add-l’Alliance pour la Démocratie et le Développement. Une petite surprise, pour bien d’observateurs qui prêtaient déjà une retraite paisible à celui que l’opinion retient comme le chasseur des baleines, du fait de la lutte contre les détourneurs de fonds publics qu’il engagea alors qu’il était ministre de la Fonction publique camerounaise.

En outre, beaucoup avaient cru lire dans sa nomination comme membre de la Conac - la Commission nationale anti-corruption, institution dans laquelle il continue de défrayer la chronique par ses rapports assez critiques à l’égard de certains gestionnaires publics, un garage qui aurait permis au vieil opposant de se calmer et de se la couler douce. Que non, Garga Haman Adji semble manifestement renoncer de laisser tomber son combat, celui de libérer le Cameroun des entrailles de la corruption et des prévarications de toutes sortes. Même si ses scores électoraux aux différents scrutins présidentiels auxquels il a pris part ne sont pas à la dimension de la noblesse et de l’immensité de son combat, on peut raisonnablement penser que sa 2è place obtenue à l’issue de l’élection présidentielle de 2011, boycottée par le principal parti de l’opposition, lui donne toujours à rêver d’un destin présidentiel.

Reste que depuis sa nomination au sein de la Commission nationale anti-corruption, Garga Haman Adji est perçu par une certaine opinion comme étant membre du système qu’un opposant à un système qu’il prétend vouloir combattre. A ce titre, ils sont nombreux ceux qui sont dubitatifs sur sa capacité à détrôner le candidat du Rdpc, ce d’autant plus que son parti politique, l’Add, sans représentation nationale, et sans représentant élu au parlement, apparait lui aussi comme un parti à l’influence limitée sur une partie du territoire national, notamment le septentrion. L’irréductible opposant peut-il changer de stratégie le moment venu pour devenir plus conquérant à l’occasion de la présidentielle de 2018 ? On attend de voir.

MaïGari Bello Bouba: Le sous-marin du régime qui rompt sans plier

Il fait partie des habitués de l’élection présidentielle depuis le retour au multipartisme. Malgré une cote qui ne cesse de s’effriter, le président national de l’Undp-l’Union nationale pour la Démocratie et le Progès, croit avoir trouvé dans sa participation au scrutin présidentiel une raison de sa survie personnelle, selon des observateurs. Reconduit à la tête de son parti au terme d’un congrès qu’on annonçait sulfureux en février dernier, la convention s’était refermée par une résolution des congressistes l’invitant à être le candidat du parti lors de la prochaine élection présidentielle.

Pourtant, les critiques à sa gestion du parti, ajoutées aux éjections et démissions en cascades au sein de l’Undp, avaient donné l’impression de baliser le terrain pour une passation de témoin, Bello Bouba était ressorti du conclave, organisé au palais des congrès de Yaoundé plutôt qu’au fief naturel du parti à Garoua, plus ragaillardi que jamais. Au point où l’éjection de la salle des travaux de celui qui se présentait jusque-là comme le premier vice-président de son parti, Célestin Bézigui, et la démission en masse des militants de la section de Bénoué 2 à Garoua, des faits majeurs qui ont conduit à perpétrer la décrépitude continue du parti, étaient perçus comme des épiphénomènes.

Reste à savoir si Bello Bouba et son parti présenteront à ce scrutin un programme politique novateur, capable de susciter l’adhésion des Camerounais, ou s’ils se retrancheront derrière l’allié quasi naturel que représente le Rdpc, pour passer un accord de gouvernement avec le parti au pouvoir. Pourtant, c’est la consistance et les retombées de cette alliance avec le Rdpc, qui constituent la pomme de discorde entre Bello Bouba, le président indétrônable de l’Undp depuis 1992, et certains de ses lieutenants et militants de base. Ces derniers estimant que cette alliance ne profite qu’au seul président national, au détriment des intérêts du parti, dont la notoriété ne cesse de s’effriter au fil des ans, reléguant aux calendes grecques les ambitions de servir d’alternative au parti au pouvoir, qui avaient galvanisé de nombreux partisans, au point de lui permettre de disposer d’un groupe parlementaire à l’Assemblée nationale au terme des législatives de 1992.

Depuis lors, la représentation des élus Undp au sein des institutions ne cesse de s’effriter telle une peau de chagrin, avec quelques représentants éparses dans les régions septentrionales du pays, réduisant du coup son influence territoriale pour en faire un parti régionaliste à l’instar de bien d’autres formations politiques camerounaises. Cette nouvelle chance donnée à son président de briguer pour la nième fois le fauteuil présidentiel peut-elle permettre à l’Undp de reconquérir sa place sur l’échiquier politique national ? On attend de voir, mais ils sont de plus en plus nombreux ceux qui refusent de concéder à Bello Bouba l’étoffe d’un opposant à Biya, pour voir en lui un sous-marin du Rdpc au pouvoir, donc incapable de le défier sur le champ politique.

Martial Bissock: Un aventurier en mal d’attention ?

Sa déclaration de candidature à la prochaine élection présidentielle il y’a quelques années avait tout l’air d’un effet d’annonce. Le journaliste présentateur de la chaine de télévision Canal 2 international, avait laissé entendre qu’il se présentera à ce scrutin. Et depuis plus rien. Test de popularité ou la volonté d’attirer l’attention sur sa personne ? Toujours est-il que la candidature de Martial Bissock a semblé amuser plus d’un observateur qu’elle ne donnait l’impression d’une sérieuse ambition.

Journaliste sur la chaine Canal 2 international, qui a manifestement profité du petit écran pour se faire un nom, Martial Bissock s’est donné la vocation d’essayiste de fortune, publiant en 2015 un opus littéraire dithyrambique sur le président équato-guinéen Obiang Nguéma Mbazogo. Une initiative qui l’a présenté comme un opportuniste en mal de pitance, ce qui a manifestement déteint sur sa prétendue candidature à la présidence de la république, appréciée par certains observateurs comme une tempête dans un verre d’eau.

D’ailleurs, au moment où les sillons de la prochaine élection présidentielle semblent se dessiner, Martial Bissock est porté disparu des débats et de la scène, donnant du crédit au doute qui avait émaillé sa déclaration de candidature. Peut-être cherchait-il simplement à attirer l’attention sur sa modeste personne, ce qui est bien souvent l’ambition inavouée de certains candidats à l’élection présidentielle de par le monde.

Maurice Kamto: L’opposant qui fait peur au régime

Même s’il ne s’est jamais déclaré officiellement candidat à la prochaine élection présidentielle, personne dans le landerneau politique ne peut réfuter au président national du Mrc-le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun, son désir de briguer la prochaine présidentielle.

La désignation de son parti, ajoutée à l’immensité de son travail de terrain, en disent long sur les intentions non encore déclarées du néo-opposant, qui ne manque aucune occasion pour fustiger la gouvernance actuelle du pays par le Rdpc, dévoilant sa volonté bien affichée de changer l’ordre établi. D’ailleurs, en moins de 6 ans d’existence, le Mrc apparait comme le parti politique de l’opposition le plus actif sur la scène, qui a présenté un nombre impressionnant de candidats aux élections municipales et législatives de 2013, réussissant malgré l’adversité à placer un représentant élu à l’Assemblée nationale, de surcroit issu de l’un des terrains politiques les plus austères du pays, la circonscription électorale du Wouri.

Au demeurant, le Mrc s’emploie à implanter ses structures à l’échelle nationale, traduisant sa volonté d’être le véritable challenger du parti au pouvoir lors des compétitions politiques à venir. Incontestablement, Maurice Kamto est sur l’échiquier l’opposant qui donne du tournis et du répondant au pouvoir, multipliant les prises de parole sur les problèmes de la vie nationale, et surtout, déroulant un plan d’action cohérent de ses activités. Ce qui lui vaut souvent la foudre des autorités publiques, qui s’empressent d’interdire parfois ses manifestations publiques, sous le couvert des atteintes à l’ordre public. Suffisant pour voir en cet universitaire charismatique l’opposant qui véritablement fait peur aujourd’hui au régime de Yaoundé.

Sa critique de la gestion de la crise anglophone, sa participation à la défense des personnes interpellées dans le cadre de cette crise, son interpellation suivie d’effet de la communauté internationale à prendre position sur la crise anglophone, son appel incessant à respecter le calendrier électoral, semblent avoir contribué à rehausser sa cote de popularité auprès de la frange de l’opinion assoiffée de changement, au point de faire de Maurice Kamto aujourd’hui celui qui dans les urnes peut prétendre challenger le président sortant avec autorité. Même si l’inoxydable opposant ne s’est pas encore déclaré partant à la prochaine élection présidentielle, il affirmait il y’a 2 ans que rien ne pouvait l’empêcher de porter les aspirations du peuple, traduisant ainsi en mots voilés sa détermination d’aller jusqu’au bout de l’alternance qu’espèrent de nombreux camerounais. D’ailleurs, des analystes lui prêtent aujourd’hui des alliances avec certains opposants emprisonnés, dont la volonté de remplacer Biya à la tête de l’Etat était inébranlable, faisant de lui le véritable espoir d’un changement au Cameroun.

En dépit du handicap lié à la sous représentation des structures de son parti sur l’ensemble du territoire national, handicap justifié par sa relative jeunesse, il demeure que ces alliances supposées avec les autres partis de l’opposition pourraient constituer le socle d’une bonne prestation de Maurice Kamto à la prochaine élection présidentielle.

Paul BIYA, le Manitou maître du jeu

Face à l’agitation qui s’anime autour de son fauteuil, Paul Biya, en sphinx politique bien connu, reste platoniquement de marbre. Si l’actuel président ne fait aucune déclaration sur son avenir politique, préférant se consacrer au magistère à lui confié par le peuple souverain en 2011, personne au contraire dans la sphère politique ne lui prête l’intention d’abdiquer, même si Messanga Nyamding imagine l’hypothèse de son renoncement au pouvoir. En revanche, beaucoup d’analystes lui prêtent l’intention d’une présidence à vie, au regard de son âge avancé et des ambitions qu’il continue de nourrir encore pour son pays.

Au regard de quelques faits et gestes, il est incontestable que Paul Biya sollicitera encore un bail à la tête de l’Etat, malgré les costumes qu’une certaine presse tente de coudre depuis quelques années à ses virtuels dauphins. Parmi les signes avant-coureurs de sa future candidature, l’appel incessant de ses partisans et camarades du parti en faveur de sa candidature à la prochaine élection présidentielle. Même si le mouvement s’est essoufflé ces derniers mois, une once d’interpellations a déferlé sur le paysage politique depuis l’année dernière, à l’initiative des ministres et autres élites du parti au pouvoir, appelant Paul Biya à se représenter à la prochaine élection présidentielle.

Certains requérants avaient même essayé de l’amener à anticiper l’échéance, pour que cette élection se tienne depuis la fin de l’année dernière ou avant la fin de cette année. Comme par le passé, il est difficile d’imaginer que Paul Biya refuse d’accéder à cet appel du peuple pour se porter de nouveau candidat à la présidence de la République. Au rang des arguments de cette campagne, la nécessité de concéder au président actuel un soutien de taille pour la lutte contre la secte Boko Haram, présentant Paul Biya comme l’unique rempart dans la préservation de la souveraineté territoriale du pays. Mais à l’analyse, le chef de l’Etat sortant dispose de son propre agenda qu’il tiendrait à respecter encore à la tête de l’Etat.

L’organisation de la coupe d’Afrique des nations de football en 2019 par le Cameroun est présentée comme une initiative personnelle du président, et personne n’imagine Paul Biya concéder à un autre président élu le plaisir de présider cet évènement d’envergure internationale. Sur un plan tout à fait personnel, Paul Biya ne semble pas être au bout de son appétit présidentiel. Récemment en visite en Italie, il n’a pas hésité de vanter ses plus de 30 ans de magistrature suprême comme une référence dans un monde en ébullition, laissant penser allègrement qu’il voudrait bien perpétuer son bail à la tête de l’Etat. Côté programme, ce ne sont pas les arguments qui lui manquent. En plus de la Can 2019 qu’il ambitionne d’organiser pour le Cameroun, l’émergence du Cameroun à l’horizon 2035, scandée par les officiels comme l’objectif du pouvoir, demeure un projet de société sur lequel devrait s’adosser un éventuel plan de campagne du président.

En outre, Paul Biya aura beau jeu de faire valoir sa volonté d’achever les différents projets structurants actuellement en cours au Cameroun, et qu’il avait présentés comme le socle de son programme des grandes réalisations en vue de son élection en 2011. Autant d’arguments qui seront brandis le moment venu pour servir de prétexte de campagne à l’actuel président de la république, qui même en restant peu disert sur son avenir politique, relativement à cette élection dont lui seul maitrise la date et l’opportunité de sa convocation. En somme le véritable manitou qui tient les clés du calendrier électoral, et qu’il pourrait manipuler à sa guise en fonction de ses convenances.

Source: actucameroun.com