Le président national du mouvement Reformateur dans son message de vœux à la nation commente l'actualité nationale marquée par l'assassinat du journaliste Martinez Zogo.
Mes chers concitoyens, chers amis,
L’année 2023 s’est achevée comme elle a été engagée avec la formule magique « SUR TRES HAUTE INSTRUCTION DU CHEF DE L’ETAT » confiant en janvier 2023 l’enquête du meurtre crapuleux de Martinez ZOGO d’abord à la gendarmerie puis quelques jours plus tard à une commission mixte Police-Gendarmerie, ce qui bien évidemment préfigurait déjà des batailles politiques autour de ce que la communauté nationale et internationale identifiait alors comme un assassinat des plus crapuleux dans notre pays et qui, avec le temps, semble être une mise en scène macabre à des fins autres que la justice, du moins pas celle qui est dite au nom du peuple camerounais.
Le récent scandale judiciaire de la vraie/fausse ordonnance de libération de certains détenus de cette affaire ne fait que confirmer l’utilisation politique des restes retrouvés le dimanche 22 janvier 2023 à Ebogo par Soa. Et, en décembre 2023, formule reprise pour « la libéralisation du secteur pétrolier » en reléguant entres autres la SONARA à la contre expertise de la vérification par HYDRAC des produits pétroliers importés par les barons du RDPC dans un désordre qui a semé le chao dans les villes sans carburant pour les usagers il y a quelques jours. Pour dire que 2023 a été caractérisé par une désorganisation institutionnelle « SUR TRES HAUTE INSTRUCTION DU CHEF DE L’ETAT » à nul autre pareil.
Raison pour laquelle, les camerounais qui ont élu le Président Biya en 2018 pour un autre mandat de 7 ans s’accommodent de plus en plus mal de la confusion entretenue entre une délégation de signature et une délégation de pouvoir d’un président qui ne semble n’agir plus qu’à travers ses collaborateurs « SUR TRES HAUTE INSTRUCTION DU CHEF DE L’ETAT ». Des camerounais qui en 2023 ont appelé plus que jamais et en vain à un remaniement ministériel pour remettre de l’ordre au fonctionnement institutionnel du pays.
Avec un Gouvernance paralysée par les luttes de clans, 2023 entre dans la liste des années perdues depuis 2016 sur les sentiers de la pacification, de la démocratisation et de la modernisation de notre pays. Le Budget 2024 de 6 740 milliards de Fcfa en augmentation seulement de 0,2% par rapport à 2023 avec comme d’habitude, près du tiers de ce budget consacré au remboursement d’une dette toxique pour le développement du pays est la preuve que pour les populations camerounaise, rien de bon ne s’annonce en 2024. C’est dire que le Gouvernement du RDPC est passé une fois de trop à coté des défis dont nos compatriotes font face tant sur le plan sécuritaire que socio-économique depuis près de 10 ans.
La guerre dans les régions du nord ouest et du sud ouest a connu en 2023 une véritable recrudescence. Avec l’exposition des dépouilles des chefs rebelles neutralisés par l’armée nationale d’une part, les razzias et les exécutions publiques des concitoyens par les bandes armées sécessionnistes d’autre part ; la guerre anglophone loin de s’éteindre suivant la propagande gouvernementale a connu un vrai ensauvagement en 2023. De même, les attaques des bandes armées à l’extrême nord du pays se sont poursuivies accentuant la pression sur les populations obligées de se déplacer vers les montagnes en abandonnant tout derrière elles.
L’insécurité ne se limite pas aux régions en guerre. L’incapacité du Gouvernement à lutter contre l’insécurité se manifeste dans l’ensemble du pays avec la multiplication des vols, des agressions, des homicides et en particulier les violences faites aux femmes caractérisées par une recrudescence des féminicides suivant les rapports de la presse nationale et des organismes de protection des droits de la femme.
Le programme gouvernemental de construction des logements sociaux a été abandonné. Nos concitoyens pauvres laissés à eux-mêmes, obligés de coloniser les zones d’habitat à risque dans l’indifférence des pouvoirs publiques ont particulièrement été victimes des catastrophes. On citera à titre d’exemples les inondations dans le Mayo Danay à l’extrême nord ou le drame du Mont Mbankolo dont les rescapés toujours entassés à la permanence RDPC de Nkomkana restent en attente de l’inhumation de leurs proches décédés au cours de cette tragédie.
Le renchérissement de la vie se poursuit sans aucune véritable mesure gouvernementale de protection des populations face à l’augmentation anarchique des prix sur les marchés. Pire, l’Etat, incapable de booster le secteur agricole ou d’industrialiser le pays avec une gestion calamiteuse des projets dits structurants, mais toujours en quête d’argent pour rembourser une dette pharaonique sans effet sur le développement du pays et maintenir son train de vie insolent ne trouve mieux que d’exercer un véritable harcèlement fiscalo-douanier sur les entreprises et les ménages qui peinent pourtant à sortir la tête de l’eau.
C’est dans ce contexte que la perspective d’une autre hausse des prix des produits pétroliers envisagée par le Président Biya dans son discours de fin d’année 2023 est d’autant inacceptable qu’incompréhensible.
Mes chers concitoyens, chers amis,
La réponse à la gabegie et à l’inaction du Gouvernement RDPC pour soulager nos concitoyens pris à la gorge est une mobilisation massive et populaire pour le changement en 2025, pour une alternative aux politiques ruineuses du pays. C’est à cette mobilisation que le Mouvement Réformateur appelle les camerounaises et les camerounais de tous les horizons.
Ceux qui se préparent à une guerre de clans au sein du régime RDPC pour la succession du Président Biya vont conduire fatalement le pays à sa perte pour de très nombreuses années. Il en est de même de ceux qui pensent que leur tour est arrivé et ne s’imposent aucune limite pour l’atteinte de leur ambition pouvoiriste.
Depuis 2008 et la violation des dispositions de la constitution de 1996 sur la limitation des mandats présidentiels à deux, la modification des dispositions sur la durée et la limitation à un mandat des membres du Conseil Constitutionnelle, l’inconstitutionnalité des dispositions du code électoral sur les conditions d’investiture des candidats à l’élection présidentielle…etc., notre pays a pris un virage antidémocratique qui ne peut pas, à l’analyse, être totalement déconnecté de la situation de guerre que les populations subissent tant dans les régions anglophones que dans la partie septentrionale du pays.
C’est pourquoi notre parti, avant toute chose appelle au dialogue pour un retour aux acquis démocratiques de la tripartite et de la constitution de 1996, au dialogue pour le retour de la paix dans les régions de l’extrême nord, du nord ouest et du sud ouest, au dialogue pour assurer à tous nos concitoyens le minimum vital, au dialogue pour un Gouvernement d’union nationale.
Car en dehors de l’unité et de la paix qui sont les axes forts de l’action de tel gouvernement d’union nationale, il ne faut pas se faire des illusions et il ne faut pas tromper les camerounais. Ce sera la poursuite de l’immobilisme mortifère ou un changement calamiteux.
C’est dire que dans la position délicate qui caractérise notre pays aujourd’hui, le seul rassemblement souhaitable est celui sur le retour de la paix dans les régions anglophones et dans la partie septentrionale du pays, c’est le rassemblement non pas autour d’un individu, d’un groupe de personnes mais pour retrouver l’unité perdue du pays. C’est un rassemblement au-delà des clivages politiques notamment.
Mes chers concitoyens, chers amis,
La paix et l’unité sont indispensables au progrès, à la modernisation du pays et à l’exercice démocratique. Elles sont des préalables à tout. Elles passent avant nos ambitions personnelles et si certains d’entre nous n’en sont pas conscients, nos concitoyens du nord ouest, du sud ouest et de l’extrême nord notamment qui souffrent le martyr de la guerre méritent l’attention de la Nation dans son ensemble.
Rendons-nous à l’évidence que tant que l’honorable Joseph Wirba et bien d’autres seront contraints à l’exile, que Ayuk Tabe et les prisonniers de la crise anglophone seront détenus au non de leur engagement politique, il n’y aura pas de paix dans les régions anglophones notamment.
Et c’est au nom de la paix que le Mouvement Réformateur appelle à un véritable dialogue pour la justice et la réconciliation susceptible de reconstruire l’unité du Cameroun qui est aujourd’hui profondément fracturé. Dialogue devant aboutir à la formation d’un gouvernement d’union nationale représentatif de toutes les sensibilités politiques du pays y compris ceux qui ont pris les armes pour se faire entendre. La participation des forces nouvelles au Gouvernement de réconciliation entre 2003 et 2010 en Côte d’ivoire ou la formation d’un gouvernement de transition sous la formule 1+4 pour ramener la paix en RDC en 2003 sont des exemples de tentatives de réconciliation nationale des pays en proie à des guerres civiles.
Notre engagement pour 2024 au Mouvement Réformateur est de travailler à une coalition non pas pour porter un homme au pouvoir mais reconstruire la paix et l’unité du pays au-delà de tous les clivages. C’est la vocation de notre parti dès sa création à travers la charte des réformateurs.
Je vous demande de croire au Mouvement Réformateur engagé à reconstruire notre pays dans la paix et l’unité. Engagé aussi sur le front social à accompagner nos concitoyens les plus pauvres avec notre centre des œuvres sociales et caritatives qui, pour la période 2024/2025, s’engage à construire 1000 logements sociaux, à offrir 2500 assurances maladie et à scolariser 2500 enfants laissés hors de l’école.
Je vous demande de croire au Mouvement Réformateur engagé aussi sur le front de l’assainissement de la gouvernance dans notre pays. Cette année, en rapport avec les actions citoyennes de notre parti, le symbole de la malgouvernance dans notre pays a été sans doute la gestion du projet d’automatisation de 14 postes de péage routier sur certains axes du pays. Le Gouvernement qui s’est offusqué de la perte de 100 milliards de francs CFA de recettes du péage sur un total de 200 milliards de francs CFA en 25 ans, n’a pas trouvé mieux comme solution que la cession de la totalité des recettes du péage routier à des intérêts privés à travers un contrat de partenariat public-privé à tout point de vue conçu pour détourner les fonds du péage routier. Face au silence du Gouvernement saisi en 2021 pour l’annulation de ce projet, notre parti a dénoncé à la Commission Nationale Anti-Corruption (CONAC), le détournement des fonds publics caractérisant ce projet.Mes chers concitoyens, chers amis,
A vous personnellement, à vos familles et à tous ceux qui vous sont chers, au nom du Mouvement Réformateur, je vous présente nos vœux de paix, de santé et de prospérité à l’aube de cette nouvelle année !
Samuel BILLONG
Le Président National.