Le Cameroun, pays de nos ancêtres, est devenu un bateau qui offre aux plus forts tous les droits. Nous assistons, depuis quelques années, à des actes de barbarie d’une extrême violence. Les autorités restent indifférentes face à des individus qui peuvent tout se permettre. Nous entrons consciemment dans un cycle de désordre autorisé et entretenu qui piétine impunément les droits les plus élémentaires du citoyen.
Face à ce chaos généralisé, les victimes de toutes ces incivilités n’ont d’autres choix que de se lever enfin, de s’organiser et de crier tout haut leur colère. L’anarchie en place qui a laissé libre cours aux violences, aux injustices et à l’indifférence a-t-elle conscience que le peuple souffre et que l’Etat est quasiment absent ?
Nous sommes entrés, consciemment ou pas dans un cycle de violence incontrôlable. Cette situation crée partout le désarroi, la peur, l’insécurité individuelle et collective. Tout s’accélère. L’Etat ne contrôle plus rien et ses chiens de garde n’en font qu’à leurs têtes. C’est une atmosphère de fin de règne qui ouvre toutes les vannes dont les pauvres victimes sont toujours les plus démunies. Les fonctionnaires, garants de l’Etat se servent. Ils ne lésinent pas sur les moyens et plombent une justice moribonde dont le seul rôle est d’exister.
Comment en sommes-nous arrivés là ?
Le monde change. Nous aussi. Les crises à répétition dans le monde nous envoient un message à décrypter. Si nous cédons au pessimisme, aucun espoir n’est permis. Le Cameroun, tout comme l’Afrique a des défis à relever. Pour y parvenir, seul un examen de conscience collective s’impose. Mais dans une autocratie, est-il possible de changer son fusil d’épaule ? Voilà le vrai dilemme.
Pour sortir du chaos actuel, nous avons tous besoin de remettre en cause nos égoïsmes. Depuis une trentaine d’années, nos efforts de développement n’ont pas abouti. Nous continuons à avancer avec des œillères. Cette politique n’échappe à personne. La faim, l’injustice, l’insécurité, l’indifférence et la maladie sont devenues un lot quotidien.
La violence est devenue le mode d’emploi du pouvoir politique et de ses serviteurs qui ne pensent qu’à se servir. Pour arriver à leur fin, ils n’hésitent pas à utiliser une barbarie aveugle qui s’étale au grand jouir.
Le fuite en avant des garants de l’ordre vient d’atteindre son paroxysme. Dikolo n’est que la partie visible de l’iceberg. La spoliation des terres est un exercice courant d’une administration où chacun se sert. Le vol à ciel ouvert des terres fait partie d’une organisation maffieuse où l’on retrouve tous ceux qui sont responsables de la paix sociale et de la justice.
Aujourd’hui, nous devons prendre conscience du fait que ce qui se joue est sans précédent dans l’histoire toute jeune de notre pays. Le rôle trouble des autorités qui se camouflent derrière des hommes d’affaires foireux et indigents nous interpelle tous.
Personne ne saurait cautionner la cabale en cours d’expropriation des terres, du vandalisme organisé par ceux qui doivent protéger la population, c’est-à-dire, les pauvres et les faibles. L’Etat doit se réveiller et taper du poing sur la table. Nous ne pouvons continuer dans une voie sans issue qui serait à l’origine d’un chaos collectif et qui ternirait l’image d’un pays.
Le Cameroun est face à ses injustices et à ses incertitudes qui peuvent entrainer une hystérie collective. Le pouvoir ne peut rester éternellement muet et indifférent face à une clique de fonctionnaires et d’hommes d’affaires maffieux. Il en va de sa réputation.
Dikolo n’est pas un acte isolé. D’autres citoyens subissent en silence ces expulsions sauvages. Ils n’ont aucun recours face à des autorités corrompues et à une justice absente. Le retour à l’ordre constitutionnel est la seule solution pour retrouver un Etat de droit
Dikolo va triompher. Les organisations mises en place et de circonstance vont triompher des voyous qui osent, avec la complicité des fonctionnaires véreux, défier l’ordre public. La justice va se rétablir pour que le Cameroun redevienne un modèle de l’Afrique qui se bat pour sa souveraineté.
Par Michel Lobé Étamé