‘Le petit Franck Biya nous servait la bière’ : un ancien agent de la garde Républicaine balance tout

Paul Biya avec Irène et Franck

Sat, 21 Oct 2023 Source: L'oeil du Sahel

Barthelemy Robaï, a fait des révélations dans une interview exclusive accordée au journal L’œil du Sahel. Barthelemy Robaï fait des confidences sur l’enfance de Franck Biya. Voici un extrait de l’entretien

C’est un changement inattendu dans le cadre de l’exercice de vos missions…

Effectivement. Mais je suis content de me rappeler que le petit Franck Biya, qui était encore tout jeune, nous servait de la bière. C’étaient les dernières bières qui étaient dans la cave du Premier ministre. Franck venait passer du temps avec nous, tout comme sa mère. Il y avait la joie. Mais on nous a interdit cette dégustation 24 heures après, car il ne faut pas donner de l’alcool aux militaires. Et encore, le 06 novembre 1982, j’ai eu le privilège que c’est mon escadron qui est au palais de l’Assemblée nationale quand le président Paul Biya vient prêter serment.

Avant le président Biya, avez-vous eu un rapprochement avec le président Ahidjo ?

J’ai eu la chance d’avoir échangé deux mots avec le président Ahmadou Ahidjo. La résidence présidentielle n’était pas aussi vaste que le palais de l’Unité. Vu de face, on voit l’ancien palais présidentiel, avec un premier et un second niveau. Mais vu de l’arrière, c’est trois niveaux. Et un côté, c’était la résidence du président avec sa famille et l’autre côté, c’étaient les bureaux et services. On allait chaque matin hisser le drapeau au-dessus du palais, et chaque soir, on allait descendre ce drapeau. J’avais donc été désigné par un camarade un soir, pour aller descendre les couleurs. Nous avions déjà été briefés que le couloir par lequel on passait pour aller hisser ou descendre les couleurs, passait par un des salons privés du président de la République. Par conséquent, on savait comment se comporter si on rencontre le président dans cette pièce. Ce soir-là, on grimpe donc, j’étais devant et suivi par mon collègue. Le président Ahidjo était assis dans son salon, face à moi. Il avait son chat qu’il était en train de caresser et il portait Aminatou Ahidjo sur sa cuisse gauche, caressant également sa chevelure. J’ai crié à mon collègue : « Garde à vous. A vos ordres, monsieur le président de la République ! Nous allons descendre les couleurs ». Il nous a répondu : « Allez-y, les enfants ! » Nous avons fini l’opération et quand on redescend, le président n’était plus là. Il reste que désormais, après la démission du président Ahidjo, la Garde républicaine à laquelle vous appartenez sert le président Paul Biya.

Après les moments d’euphorie à la résidence du Lac, aux bons soins de Franck Biya, comment se dessine l’ère Paul Biya au pouvoir ?

Avec le président Biya, nous étions en train de découvrir nous aussi. Il y avait eu un changement de régime. Évidemment, on s’attendait à une nouvelle touche du nouveau président. Le président Biya prend le pouvoir le 06 novembre 1982. L’année suivante, en août 1983, son premier acte qui attire mon attention, c’est quand il divise la province du Nord laissée par Ahidjo en trois provinces distinctes. Cette décision traduit en moi une volonté de faire changer les choses. Et cet acte-là, nordiste que je suis, m’a permis de comprendre que le président Biya voulait découvrir la sociologie de la population de l’ex province du Nord qui commençait de la plaine de Bankim au lac Tchad. Je me suis dit qu’à côté du président Ahidjo, il n’a certainement pas eu l’occasion d’en savoir plus. Et à l’époque, en service à la Garde républicaine et appelé à découvrir les populations de la partie méridionale du pays, j’étais très frustré quand on m’appelait « Haoussa ». Je m’évertuais à expliquer que Haoussa, c’est le nom d’une ethnie distincte et que moi je suis Mboum. Et d’aucuns me demandaient d’où sortent les Mboum. Bref, l’acte du président Paul Biya, en 1983, m’a fait subodorer qu’il y aura des actes forts.

Source: L'oeil du Sahel