Dans l’ouvrage «Dictionnaire de la politique au Cameroun », les auteurs ont immortalisé la célèbre phrase de Paul Biya concernant sa longévité au Pouvoir.
Le 3 Juillet 2015, le Président Français, François Hollande, effectue une visite au Cameroun. Dans ce cadre, une conférence de presse est organisée au palais présidentiel de Yaoundé : le Président Biya du Cameroun et son homologue français doivent répondre aux questions des journalistes. Gérard Grizbec, journaliste de la télévision 152 Dictionnaire de la politique au Cameroun française France 2 pose au Président Paul Biya la question suivante : «Vous êtes au pouvoir depuis 1982. Ce qui fait qu’aujourd’hui vous êtes un des Présidents les plus anciens de la planète. Vous avez été élu plusieurs fois, vous avez fait plusieurs septennats.
Effectivement, la Constitution camerounaise ne limite pas le nombre de mandat. Il y aura un prochain mandat dans trois ans. Je voudrais savoir déjà dans quel état d’esprit déjà vous êtes, est-ce que vous imaginez que, encore un mandat serait le bienvenu? Est-ce que vous comptez plutôt passer la main et considérer qu’une retraite serait plutôt bien méritée ? Dans quel état d’esprit vous êtes aujourd’hui? ». Comme le signale la version électronique du journal ECOFIN du 4 juillet 2015, (http://www.agenceecofin.com/politique/0407-30366- paul-biya-a-francois-hollande-et-a-la-presse-ne-dure-pas-au-pouvoir-qui-veut-mais-dure-qui-peut), «le président camerounais, serein, jette d’abord un coup d’œil sur son voisin Hollande, tend la main vers le journaliste qui l’a interrogé et le remercie pour sa question. Sa réponse va déchirer le silence de la salle et faire sourire bon nombre de journalistes camerounais. « Je commencerai par dire que ne dure pas au pouvoir qui veut, mais dure qui peut », lance Paul Biya, tout en souriant, sous le regard médusé de François Hollande qui, bientôt, affrontera probablement des candidats comme Nicolas Sarkozy ou Alain Juppé, Marine le Pen et bien d’autres pour défendre le bilan de son premier quinquennat à l’occasion de la présidentielle de 2017.
Le sourire de Paul Biya qui accompagne cette déclaration entraîne une vague de sourires et de murmures dans la salle, notamment auprès de ses proches collaborateurs assis en première ligne dans la grande salle de presse du palais d’Etoudi à Yaoundé. On peut y apercevoir en bonne place son directeur du Cabinet civil, Martin Belinga Eboutou, le secrétaire général à la Présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh ou encore le ministre chargé de missions à la Présidence de la République et secrétaire permanent du Conseil national de la sécurité, Paul Atanga Nji. Leur visage qui se crispait peu à peu au fil de la question du journaliste français se décrispe et ils peuvent dès lors écouter avec attention et intérêt la suite de la Ngom Jua Augustine 153 réponse présidentielle. « Je ferais une deuxième observation, c’est que je ne suis pas à la tête de l’Etat par la force. Je n’ai pas acquis le pouvoir de manière dictatoriale. J’ai toujours été élu par le peuple. Et en ce moment, je suis en train de terminer un mandat qui m’a été donné par le peuple. Et d’ailleurs, il y avait d’autres candidats à cette élection. Je les ai gagnés », explique-t-il avec toute la gestuelle qu’on lui connaît. C’est par une autre formule qu’il termine sa réponse : « […] Les élections camerounaises de 2018 sont certaines, mais encore lointaines ». «Nous avons le temps de réfléchir, conclue-t-il, et le moment venu, les Camerounais, les amis français et tout le monde, sauront si je suis candidat ou si je prends ma retraite. » Il convient de conclure en soulignant que, lors d’une allocution télévisée en date du 1er décembre 2016, François Hollande a renoncé à se présenter à l’élection présidentielle de 2017 en France.