‘Roger…Il va me tuer’ : les derniers mots d’Irène Biya avant sa mort

Irène Biya serait morte assassinée

Thu, 22 Sep 2022 Source: www.camerounweb.com

EBALE ANGOUNOU Daniel St Yves dans le livre « Le vrai visage de Paul Biya » raconte comment la première épouse du président de la République a été éliminée. Avant sa mort, elle s’était confiée à Roger Motaze, son neveu. CamerounWeb vous propose quelques extraits de l’œuvre.

Dans l'affolement, elle fait venir son neveu, l'aide de camp du Président, pour lui présenter la situation et le prier encore de l'aider à fuir. Mais l'autre essaie de la rassurer. - Puisque je te dis qu'il m'a menacée de mort, Roger... Il va me tuer. C'est vrai qu'il le ferait sans état d'âme. Mais Roger n'est ni alarmiste ni pessimiste : - Calme-toi ma mère, il peut le faire à tout le monde, pas à toi. A quelque temps de là, elle apprend que son époux va se rendre à Dakar pour un sommet de chefs d'Etat. Cela va quand même l'intriguer puisqu'elle sait de lui qu'il est le champion des boycotts des sommets des chefs d'Etat. Même au niveau de la Francophonie, il est très mal disposé. D'où sort-il qu'il décide subitement de se rendre à un sommet à la limite minable et sans grands enjeux? La question va se poser dans la tête de l'épouse du chef de l'Etat avec plus de pression lorsqu'elle va apprendre que son époux a convoqué le chef de sa sécurité, le Commissaire Divisionnaire Minlo'o Medjo Pierre qui, nonobstant ses allures de chrétien engagé, est un boucher que les scrupules étouffent. En temps normal, la rencontre entre les deux hommes n'aurait en rien inquiété Jeanne-Irène. Mais dans leur contexte, et connaissant' son époux, elle se pose mille et une questions. Et en fait, les termes de Paul Biya à l'issue de son entrevue avec son collaborateur sont connus : - A mon retour, je ne veux pas la retrouver en vie. Minlo'o a certes de la sympathie pour l'épouse, mais il est au service de l'époux.

Alors il doit faire mourir Jeanne-Irène, c'est un ordre. Elle sait que c'est le moment du départ. Paul l'a évitée. Il n'est pas passé lui dire qu'il voyageait. C'est dire qu'il n'est pas facile de simuler à ce point, face à quelqu'un qu'on a décidé de faire mourir. C'est plutôt Roger Motaze qui vient à elle, tout brisé de chagrin, de mélancolie et d'amertume. - Ma mère, nous partons . Et il éclate en sanglots. Elle a été pour lui une mère depuis l'enfance. Il a grandi entre ses mains, fils de sa soeur. - Je t'ai demandé de m'aider à fuir, tu ne l'as pas fait. Maintenant pourquoi pleures-tu encore ? - Ma mère, je peux trahir mon oncle, mais je ne peux trahir mon Président.

Il me fait confiance. Elle aussi lui a fait confiance ... - Et je lui ai juré honneur et fidélité. Pas à elle. Lorsqu'il part du Palais de l'Unité ce jour-là, Motaze sait qu'il ne reverra pas sa tante vivante. Le pouvoir est vraiment absurde. A Dakar les chefs d'Etat sont en conclave lorsque Paul Biya se lève pour exprimer à ses pairs, la terrible nouvelle. Que s'est-il passé ? Le commentaire de Charles Ndongo, journaliste ayant accompagné le chef de l'Etat, va nous instruire. L'ex journaliste du Président, dans son reportage sur le sujet, raconte que Paul Biya, sachant qu'il avait laissé son épouse très malade au pays, s'attendait au pire. Mais le devoir l'appelait à Dakar. Alors il attendait à tout moment des nouvelles. On le sentait anxieux, gêné. Puis son aide de camp s'est approché à un moment pour lui communiquer la nouvelle. Alors Paul Biya s'est levé pour dire solennellement : "On vient de m'annoncer une terrible nouvelle : mon épouse est décédée". Nous sommes en août 1992. A voir de près, Charles Ndongo, brillant journaliste, n'est pas un naïf. Et entre les lignes on peut déceler son message. Car un époux qui aime son épouse ne peut pas se déplacer lorsqu'il sait que celle-ci risque de rendre l'âme après lui. Paul Biya manifestait de l'impatience au point de consulter sa montre.

C'est qu'il avait les détails de l'exécution de son épouse. Il savait qu'une fois l'opération achevée, on le lui annoncerait. Il savait même à quelle heure sensiblement le coup aurait lieu. Le moindre retard l'exaspérait parce qu'il avait peur d'un échec : ce genre de coup doit absolument aboutir. Les pairs africains de Paul Biya n'ont pas été dupes car, ils ont flairé l'entourloupe. Ils se connaissent suffisamment entre eux. Cela explique qu'il n'y ait pas eu de chef d'Etat autour de lui pour les offices religieux. Juste des messages de condoléances là où on serait massivement venu rendre hommage à celle qui fut dame Biya. Même leurs épouses parmi lesquelles la défunte comptait de nombreuses amies ne se donnèrent pas le mal de se déplacer. Il s'agissait d'un boycott car tous étaient mécontents de Paul Biya dont ils se désolidarisaient. Si le Président Mobutu vient assister Paul Biya, ce qui est tout à fait compréhensible quand on sait que les deux hommes étaient versés dans les mêmes pratiques. Cela veut dire que Dakar n'était qu'un alibi pour Paul Biya qui, ayant décidé de la mort de son épouse, avait jugé de l'opportunité d'être hors du pays quand l'assassinat de celle-ci aura été perpétré. Ayant appris la mort de Jeanne-Irène, le Président rentre immédiatement au pays. Il réalise alors que la défunte a reçu quelques heures auparavant des religieuses. Il panique. Il s'agit des amies et confidentes de son ex-épouse. Ne leur aurait-elle pas livré des secrets qui pourraient le compromettre comme elle a promis de le faire ?

Agissant conformément aux préoccupations du Président de le République, Minlo'o Medjo va dépêcher un commando d'urgence à Djoum. Une intrusion est faite dans les locaux des bonnes soeurs. Elles seront brutalisées, torturées, malmenées, puis tuées finalement après qu'elles soient passées aux aveux. Une des deux bandes sonores dans lesquelles la défunte avait consigné des révélations sur sa vie avec son mari est récupérée. L'autre a été transmise à l'Abbé Amougou du diocèse de Sangmélima, par les religieuses. Après la messe qu'il célébrera à l'occasion des obsèques de Jeanne-Irène, ce prêtre sera retrouvé mort de manière très curieuse et inexplicable. Le secret devrait absolument entourer les circonstances et les conditions de la mort de Jeanne-Irène. Tous ceux qui étaient susceptibles d'en dire quelque chose devaient disparaître.

A commencer par ceux qui l'ont exécutée, des éléments d'une division spéciale de la sécurité présidentielle, abattus par leurs collègues. Après avoir abattu Jeanne-Irène et les religieuses de Djoum, ils sont eux aussi passés à la casserole. Le médecin légiste ayant établi le certificat de genre de mort a été exécuté, de même que des femmes de l'Eglise catholique ayant pris sur elles de laver la dépouille de Jeanne-Irène. Ce corps fut escamoté aux Camerounais car ceux-ci auraient eu en leur présence, un corps mutilé par trois balles de pistolet automatique. Or, on a voulu faire croire qu'elle était malade et en est morte. C'est sans compter avec son programme. Car elle avait une sortie à effectuer au lendemain du jour de sa mort. Elle devait se rendre avec Yaou Aïssatou alors ministre en charge de la promotion de la femme, dans la zone d'Obala pour la visite d'un champ de champignons réalisé par une association de femmes rurales. Si son état de santé ne le lui aurait pas permis, le programme aurait été annulé. Pourtant, un jour avant la date de sortie, donc le jour de sa mort, Jeanne-Irène aura reçu , Jeanne-Irène aura reçu Yaou Aïssatou et les deux femmes avaient étudié les contours de la cérémonie du lendemain dont la date avait été maintenue. C'est dire qu'elle était en parfaite santé et Paul Biya en se rendant à Dakar, ne laissait pas derrière lui une épouse physiquement mal en point, comme ont voulu le laisser entendre les versions officielles, tentant de justifier la mort soudaine de la première dame.

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