Malgré les accusations d'infractions fiscales et les poursuites administratives auxquelles il faisait face, l'homme d'affaires Jean-Pierre Amougou Belinga a contre-attaqué en intentant un procès contre la directrice du Centre régional des impôts de Yaoundé. Après plusieurs mois de délibérations, elle a été reconnue coupable de "concussion" et de "corruption active", rappelle Jeune Afrique dans un dossier.
Après une année de procédure judiciaire très médiatisée, le tribunal de première instance de Yaoundé a rendu son verdict dans l'affaire opposant Jean-Pierre Amougou Belinga, président du groupe L'Anecdote, à huit agents des impôts, dont la directrice du Centre régional des impôts de Yaoundé, relate Jeune Afrique.
Jeune Afrique rappelle que le 2 juin, le tribunal a condamné Émilienne Mvogo, la principale accusée, qui était en liberté pendant le procès, à une peine d'un an de prison avec sursis et à une amende de 2 millions de francs CFA pour "concussion" et "corruption active".
Quant à ses co-accusés, ils ont tous écopé d'une peine de six mois de prison avec sursis, assortie d'une amende de 2 millions de francs CFA chacun. De plus, les huit prévenus ont été condamnés à verser 250 millions de francs CFA de dommages et intérêts (dont 65 millions correspondant au remboursement de la somme indûment perçue, 65 millions pour le préjudice matériel, 115 millions pour le préjudice moral et 5 millions pour les frais de justice). En revanche, le tribunal n'a pas retenu l'accusation de "trafic d'influence" contre les prévenus.
À l'issue du procès, l'avocat de la défense, Me Oumar Ali, a dénoncé une décision "injuste" qui, selon lui, ne repose sur aucun élément probant. Il a particulièrement critiqué l'exigence de "remboursement des montants perçus", affirmant qu'elle n'était pas étayée par des preuves tangibles.
L'avocat a souligné que tout au long du procès, Jean-Pierre Amougou Belinga, actuellement détenu dans le cadre de l'affaire Martinez Zogo, n'a pas été en mesure de présenter des preuves concrètes étayant les accusations portées contre les agents des impôts.
Belinga et sa défense ont accusé Émilienne Mvogo et ses agents d'avoir tenté de lui extorquer de l'argent en le menaçant d'un redressement fiscal plus sévère s'il refusait de coopérer. Cependant, selon l'avocat de la directrice du centre des impôts de Yaoundé, l'homme d'affaires n'a fourni aucune preuve, telle qu'un enregistrement ou une vidéo, démontrant qu'il y avait eu des transactions financières en espèces entre lui et les accusés, bien que l'existence de telles "preuves" ait été évoquée par les partisans d'Amougou Belinga.
"Si quelqu'un est corrompu, il y a forcément un corrupteur"
Malgré les tentatives de Jean-Pierre Amougou Belinga de donner à l'affaire une dimension politique au fil des mois, les agents des impôts ont maintenu que le redressement fiscal du groupe L'Anecdote reposait sur des éléments concrets. Ils ont présenté devant le tribunal le rapport de l'Agence nationale d'investigation financière, qui soupçonnait Vision 4, la principale chaîne du groupe, de fraude fiscale et de blanchiment d'argent. Ils ont également fourni des éléments recueillis auprès de différentes banques, indiquant que la structure avait bénéficié de milliards de francs CFA de versements non déclarés aux autorités fiscales.
Cependant, les accusés n'ont pas réussi à convaincre le tribunal que les rencontres entre Amougou Belinga, Émilienne Mvogo et ses collaborateurs n'avaient pas été l'occasion de discuter de possibles arrangements financiers occultes. "Si quelqu'un est corrompu, il y a forcément un corrupteur. Où est-il ?", s'interroge un proche d'Émilienne Mvogo, qui critique lui aussi le verdict.
Me Oumar Ali a annoncé que ses clients allaient faire appel devant la cour d'appel du Centre. Jean-Pierre Amougou Belinga devra donc une fois de plus se défendre dans cette affaire, tout en restant concentré sur une autre affaire bien plus dangereuse. En effet, il est toujours au cœur des enquêtes du tribunal militaire, qui cherche à faire la lumière sur l'enlèvement et l'assassinat, en janvier dernier, de l'animateur de radio Martinez Zogo. Jusqu'à présent, les demandes de libération du chef du groupe L'Anecdote ont toutes été rejetées, soutient Jeune Afrique.