Dans l'étau de la justice, l'ancien ministre des Sports et de l'Éducation physique (Minsep) n'est plus en possession de ses documents de transport.
Adoum Garoua De sources crédibles, la police des frontières a ordre d'empêcher à certaines personnalités de quitter le Cameroun. Adoum Garoua (ancien ministre des Sports et de l'Education physique), André Nguidjol (ancien directeur administratif de l'équipe nationale), Jean William Sollo (ex-Dg de la Cameroon water utilities corporation) sont de ceux qui sont assignés à rester à la disposition de la justice. Sous le coup d'enquêtes judiciaires pour diverses affaires, ces anciens gestionnaires de crédits en délicatesse avec les fonds publics ont désormais les déplacements restreints.
Dans le cas d'Adoum Garoua, de sources policières rapportent que le message-porté du délégué général à la Sûreté nationale à ses éléments postés au niveau des frontières restreignant les mouvements de l'ancien patron des Sports fait suite à une instruction du procureur général près le Tribunal criminel spécial (Tcs).
Pour une version plus large, il se susurre que Justine Aimée Ngounou aurait manifestement repris à son compte, les résultats des enquêtes menées en janvier 2015 par le Contrôle supérieur de l'État (Consupe) sur l'utilisation des fonds débloqués par le gouvernement et les retombées de la participation du Cameroun à la 19ème coupe du monde de football séniors déroulée du 12 juin au 13 juillet 2014 au Brésil.
Qu'on se souvienne comment membres du comité de normalisation, staff technique et administratif des Lions indomptables, journalistes ayant pris part à cette débâcle, pour ne citer que ceux-là, ont tour à tour été entendus par les inspecteurs d'État du Consupe. Suite au rapport de cet organe qui avait décelé certaines surfacturations, le gouvernement du Cameroun va envoyer une commission rogatoire au Brésil pour vérifier de l'exactitude des déclarations de certains responsables de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot) et ceux du ministère des Sports et de l'Éducation physique.
De manière concrète, il était question pour les gardiens de la fortune publique de voir qui a fait quoi au sein de la délégation camerounaise manifestement pléthorique (constituée d'amis, parents et autres imposteurs n'ayant aucun rapport avec la Coupe du monde) et surtout établir qui a pris beaucoup de libertés avec les fonds publics.
Pour cela, dans l'objectif de tenir les délais, l'équipe du Consupe a été divisée en deux groupes. L'un a séjourné pendant trois semaines au Brésil en juin 2015, l'autre au ministère des Sports et de l'Éducation physique et à la Fecafoot. La synthèse des observations des deux équipes constitue le rapport final de la mission. On pense donc que c'est le fruit de ce rapport transmis en haut lieu qui produit aujourd'hui ses effets.
Officiellement, Adoum Garoua va soutenir, au lendemain de la débâcle des Lions indomptables, que les milliards débloqués par le gouvernement n'ont pas totalement été utilisés. Sans pour autant s'expliquer sur le milliard aujourd'hui querellé, Adoum Garoua s'était juste contenté de dire, lors des traditionnelles questions-réponses à l'hémicycle, qu'«à ce stade de notre participation à la Coupe du monde au Brésil, nous n'avons pas tout dépensé, et il y aura de l'argent qui sera reversé au Trésor public.»
Selon lui, la délégation camerounaise comportait un volet sportif (50 personnes) et le volet officiel, «composé des représentants des grands corps de l'État à savoir la présidence de la République, le Sénat, l'Assemblée nationale, les services du Premier ministre, certains ministères techniques», chaque volet étant chargé de supporter ses charges.