Le ministère de la Justice des États-Unis a annoncé l'arrestation et l'inculpation de trois citoyens américains d'origine camerounaise accusés d'avoir financé et soutenu des groupes séparatistes armés dans les régions anglophones du Cameroun. Claude N. Chi (40 ans), Francis Chenyi (49 ans) et Lah Nestor Langmi (46 ans) auraient collecté plus de 350 000 dollars pour acheter des armes et des explosifs, tout en orchestrant des enlèvements contre rançon visant des familles camerounaises et américaines. Cette affaire, révélée le 28 novembre 2022 et mise à jour le 6 février 2025, met en lumière les réseaux transnationaux du financement du séparatisme armé en Afrique centrale.
C'est un coup de filet majeur dans la lutte contre le financement du terrorisme transnational. Le ministère de la Justice des États-Unis a rendu public un acte d'accusation détaillant les activités présumées de trois ressortissants américains d'origine camerounaise dans le soutien aux forces séparatistes du Nord-Ouest camerounais.
Selon l'acte d'accusation fédéral, Claude N. Chi, résidant à Lee's Summit dans le Missouri, Francis Chenyi de St. Paul au Minnesota, et Lah Nestor Langmi de Buffalo à New York, occupaient tous des "postes de direction" au sein d'une organisation soutenant les Forces de Restauration d'Ambazonie et d'autres groupes séparatistes combattant dans la région du Nord-Ouest du Cameroun.
Ces trois hommes auraient coordonné depuis le sol américain des opérations de financement et de soutien logistique aux combattants séparatistes depuis le 1er janvier 2018, date marquant l'intensification de la crise anglophone au Cameroun.
Le dossier du ministère de la Justice révèle que les trois accusés ont levé plus de 350 000 dollars par le biais de dons volontaires. Ces fonds ont été collectés via des applications de messagerie en ligne et des plateformes de paiement, auprès de contributeurs situés aux États-Unis et à l'étranger.
L'argent était ensuite transféré depuis divers comptes financiers et de cryptomonnaies contrôlés par les accusés, passant par des intermédiaires avant d'atteindre les combattants séparatistes au Cameroun. Une chaîne de financement sophistiquée destinée à brouiller les pistes et échapper à la surveillance des autorités.
Les fonds collectés servaient à l'acquisition "d'équipements, de fournitures, d'armes et de matériaux explosifs" destinés à être utilisés dans des attaques contre le personnel gouvernemental camerounais, les forces de sécurité, les biens publics et les civils accusés de collaborer avec le gouvernement.
Selon l'acte d'accusation, les trois hommes ont même rédigé un document détaillant une liste de dépenses liées aux dispositifs explosifs improvisés (IED), aux armes à feu et aux munitions. Ce document constitue une pièce à conviction majeure démontrant leur implication directe dans la planification d'actes violents.
Mais l'accusation la plus grave concerne l'organisation présumée d'enlèvements au Cameroun. Chi, Chenyi et Langmi auraient conspiré avec d'autres individus pour kidnapper des civils camerounais et les retenir contre rançon.
Dans plusieurs cas, des citoyens américains ont été extorqués pour obtenir la libération de leurs proches enlevés au Cameroun. Les rançons payées étaient ensuite transférées aux combattants séparatistes pour financer leurs opérations militaires, créant ainsi un cercle vicieux de violence et d'extorsion.
L'acte d'accusation mentionne explicitement le financement de l'enlèvement du cardinal Christian Tumi et du chef traditionnel camerounais Sehm Mbinglo II, tous deux kidnappés le 5 novembre 2020. Ces enlèvements avaient choqué l'opinion publique camerounaise et internationale, révélant l'audace croissante des groupes séparatistes.
-Le fait que les accusés aient documenté les dépenses liées à ces enlèvements de personnalités de premier plan témoigne d'une organisation structurée et méthodique de leurs activités criminelles.
-Des charges lourdes et des peines sévères
Les trois hommes font face à quatre chefs d'accusation :
-Complot visant à fournir un soutien matériel destiné à tuer, kidnapper et mutiler des personnes dans un pays étranger
-Fourniture de soutien matériel destiné à l'utilisation d'armes de destruction massive en dehors des États-Unis
-Réception d'argent provenant d'une demande de rançon
Participation à un complot de blanchiment d'argent
En cas de condamnation, ils encourent jusqu'à 15 ans de prison pour les charges de soutien matériel, jusqu'à 3 ans pour la réception d'argent de rançon et jusqu'à 20 ans pour le blanchiment d'argent. Des peines qui pourraient s'additionner pour atteindre plusieurs décennies d'incarcération.
Le ministère de la Justice a précisé qu'il s'agit d'une enquête en cours. Le FBI appelle toute personne disposant d'informations relatives à cette affaire à contacter le 1-800-CALL-FBI ou à soumettre un signalement anonyme sur tips.fbi.gov.
Cette précision suggère que d'autres arrestations pourraient suivre et que le réseau de soutien aux séparatistes ambazoniens depuis les États-Unis pourrait être plus étendu que les trois personnes actuellement inculpées.
Cette affaire marque une étape importante dans la lutte contre le financement transnational du terrorisme et des groupes armés. Elle démontre la détermination des autorités américaines à poursuivre les individus qui, depuis le sol américain, soutiennent des activités violentes à l'étranger.
Pour le gouvernement camerounais, ces arrestations constituent une validation de ses accusations selon lesquelles la rébellion anglophone est alimentée et coordonnée depuis l'étranger, notamment depuis la diaspora installée aux États-
L'affaire soulève également des questions sur la surveillance des réseaux de financement utilisant les cryptomonnaies et les plateformes de paiement en ligne, des outils de plus en plus prisés par les groupes cherchant à contourner les systèmes bancaires traditionnels.
Les trois accusés ont comparu devant un tribunal fédéral à Kansas City, dans le Missouri. Leur procès permettra de faire toute la lumière sur l'ampleur et la sophistication des réseaux de soutien aux mouvements séparatistes camerounais opérant depuis le territoire américain.