Évacuation sanitaire : Essimi Menye échappe à l'Épervier

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Fri, 4 Dec 2015 Source: carmer.be

L’ancien membre du gouvernement a quitté sous escorte le Cameroun, le 1er décembre à destination des États-Unis. Il a désormais toute la latitude pour se soustraire à la justice nationale.

C’est un ouf de soulagement qu’Essimi Menye a certainement poussé, avant-hier lorsqu’il a enfin franchi, sans encombre, les barrières des services de sécurité de l’aéroport international de Yaoundé-Nsimalen pour les États-Unis. Selon de sources dignes de foi, c’est en effet mardi dernier, au petit matin, que l’ex-ministre de l’Agriculture et du  Développement rural (Minader) a été aperçu dans une ambulance, couché sur une civière et attendant son embarquement dans un avion médicalisé en direction de l’étranger, avec escale à Douala.

Interné et sous étroite surveillance au centre médico-social de la Caisse nationale de prévoyance sociale (Cnps) depuis le 11 octobre, il n’était pas autorisé à sortir du pays. Que s’est-il donc passé, pour que l’ex-ministre des Finances (Minfi), 64 ans, puisse enfin quitter le Cameroun au moment même où la machine judiciaire s’emballait déjà autour de lui ? De sources généralement bien informées, l’homme aurait sollicité l’intervention personnelle du chef de l’État pour bénéficier d’une meilleure prise en charge, compte tenu de son état de santé présenté comme suffisamment préoccupant (certains médias ont évoqué une hernie discale, alors que d’autres parlaient d’un accident vasculaire cérébral (Avc).

Paul Biya aurait-il finalement marqué son accord pour que l’ancien membre du gouvernement, qu’on dit par ailleurs détenteur d’un passeport américain, puisse enfin sortir du territoire national pour un suivi médical à l’étranger ? A voir. Au sein d’une opinion traditionnellement méfiante de ce genre d’information, les langues se délient. Et davantage dans les milieux judiciaires, où beaucoup confient avoir appris le départ de l’ancien Minfi par voie de presse. D’où des versions qui se télescopent sur le prétendu accord d’évacuation sanitaire qu’aurait donné le chef de l’État à la demande de l’ex-argentier.

Toujours est-il qu’Essimi Menye parti, plusieurs observateurs n’hésitent plus à prédire qu’il ne reviendra jamais au Cameroun, même au cas où il recouvrirait sa santé. Au niveau des services spécialisés, il se murmure certes que l’homme reste sous étroite surveillance. Il est tout aussi fondé de penser à une fugue l’ancien Minfi, qui a senti passer le glaive de la justice depuis son débarquement du gouvernement, le 2 octobre dernier. «Aux États-Unis, M. Essimi Menye pourra sans doute échapper aux foudres du Tribunal criminel spécial (Tcs). Il lui suffira de faire le mort, en attendant que la bourrasque passe. Même avec un mandat d’arrêt contre lui, il trouvera toujours le moyen d’échapper aux serres de la justice. L’exemple de Jean Marie Assene Nkou (ancien député), d’Isaac Njiemoun (ex-ministre des Postes et Télécommunications) et autre Dieudonné Ambassa Zang (ex-ministre des Travaux publics) qui ont pris le large pour se soustraire à la justice de leur pays, reste présent dans les mémoires», analyse une source proche du dossier.

Affaires mafieuses

Ce n’est certainement pas demain la veille qu’Essimi Menye déférera à une convocation des magistrats, en rapport avec deux dossiers potentiellement détonants pour lui et après l’audition du 13 janvier dernier au cabinet du ministre d’État, ministre de la Justice, garde des Sceaux. Le premier dossier pendant, indiquait déjà La Météo, est celui dit Amity Bank qui pue le conflit d’intérêts. L’affaire a trait à un détournement de 9,025 milliards Fcfa, destinés à la restructuration d’Amity Bank of Cameroon (Abc) du temps où l’homme était à la tête des Finances et mandataire de la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac). Plutôt que de faire parvenir lesdits fonds à cet établissement financier, Essimi Menye, par lettre n°00000504/MINFI/SG/DGTCFM du 10 février 2009, les fera transférer à la Banque Atlantique. D’où des soupçons d’accaparement du passif et de l’actif d’Abc par sa concurrente, elle-même alors en butte à de sérieuses tensions de trésorerie. Selon des sources proches du dossier, la transaction se serait déroulée au mépris des droits des actionnaires, toute chose ayant poussé ceux-ci à saisir la justice de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), qui rendra en leur faveur l’arrêt n°010/CEMAC/CJ/du 13/11/2009. Cette juridiction rétablira ainsi les actionnaires d’Amity Bank dans leurs droits en rétribuant, par bons du Trésor, les 9,025 milliards Fcfa préalablement octroyés sur un plateau par Essimi Menye à Abc.

L’autre dossier brûlant contre Essimi Menye concerne la liquidation de la Société camerounaise des tabacs (Sct), sur laquelle le ci-devant Minader, via un proche, aurait mis la main pour 50 millions de Fcfa. Le même fera ensuite inscrire, dans le budget de son département ministériel, une ligne pour un montant de 150 millions de Fcfa au profit de la Sct au titre d’une supposée subvention pour la culture du tabac.

Source: carmer.be