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Affaire FECAFOOT: Tombi A Roko, la fin imprévisible d’un règne

Tombi A Roko, Tombiaroko Tombi à Roko Sidiki est devenu moins sûr de lui et plus sage

Fri, 1 Sep 2017 Source: actu-plus.cm

C’est la conséquence des recours en justice effectués par le téméraire Abdouraman Hamadou Babba et ses compagnons. Ils contestaient la légalité du scrutin ayant abouti à l’élection de Tombi à Roko. Tombi à Roko Sidiki est contraint de quitter un fauteuil auquel il s’accrochait au mépris de la loi et avec le soutien et la complicité des plus hautes autorités sportives locales. Il s’en va alors que des soupçons de malversations à la Fédération camerounaise de football pèsent sur lui.

23 août 2017. C’est l’après-midi au Cameroun. Une nouvelle parcourt les médias et les réseaux sociaux. C’est une décision de la Fédération Internationale de Football Association (FIFA) qui fait ainsi le buzz. Elle fait état de la décision de remplacer l’exécutif qui dirige la Fédération Camerounaise de Football (FECAFOOT) depuis le 28 septembre 2017 par un comité de normalisation dont le mandat s’étend sur 6 mois au plus. La nouvelle est globalement bien accueillie par ceux-là qui contestent la légalité et la légitimité du bureau que conduit depuis la fin du mois de septembre 2015 l’ancien secrétaire général de la Fédération Tombi à Roko Sidiki. Elle consacre en effet la fin du règne de celui que ses opposants appelaient « le falsus procurator », « l’imposteur ». Ce changement est la conséquence des actions menées en justice par le trio Abdouraman Hamadou Babba-Joseph Antoine Bell-Loga.

Au lendemain du scrutin de septembre 2015 ils saisissent la Chambre de conciliation et d’arbitrage (CCA) du Comité national olympique et sportif du Cameroun, la plus haute juridiction sportive du pays. Celle-ci annule l’élection qui consacre Tombi. La juridiction sportive a constaté « la contrariété entre l’article 23 al 2 des statuts de la Fécafoot annulé par décision de la CCA du 1er octobre (…) et l’article 32 al 3 de la loi de 2011 relative à l’organisation et à la promotion des activités physiques et sportives au Cameroun». Le ministre des sports et de l’éducation physique s’étant opposé à ce verdict et maintenant Tombi et Cie en poste au moyen d’un communiqué, le trio de contestataires va saisir le Tribunal arbitral du sport (TAS) pour contraindre les dirigeants illégaux à débarrasser le plancher. La plus haute juridiction sportive mondiale confirme le verdict de la CCA le 27 février 2017.

Parti par amour pour le Cameroun

Les choses vont commencer à bouger avec l’aide de la FIFA. Contrairement à l’ancien exécutif (conduit par Joseph Blatter) qui soutenait les dirigeants de la FECAFOOT et les laissait faire, celui que dirige le nouveau président Gianni Infantino opte pour une prise en compte des griefs de l’opposition à Tombi à Roko. C’est pourquoi la nouvelle secrétaire générale Fatma Samoura initie une réunion de conciliation pour mettre d’accord les acteurs de la crise qui mine le sommet du football camerounais. C’est cette réunion finalement tenue à Conakry en Guinée le 11 juillet 2017 qui débouche sur la mise en place d’un comité de normalisation. Au moment de l’instaurer la FIFA précise qu’outre cette assise, elle s’appuie aussi sur le verdict du TAS.

La pilule est difficile à avaler pour le camp Tombi et ses soutiens à l’instar du ministre des sports et de l’éducation physique. Au motif que la CAN Cameroun 2019 doit être organisée sans encombre, Pierre Bidoung Mkpatt lâche le protégé qu’il avait maintenu de manière scandaleuse. « Il est temps de tourner le dos aux péripéties judiciaires interminables, aux joutes oratoires, aux dissensions, aux accusations et aux suspicions (…) Place au sport !Place à la convivialité et à la fraternité (…) Le gouvernement assure la FIFA et la CAF de son entière disponibilité à travailler avec elles de façon constructive en vue d’un retour à la sérénité dans la grande famille du football au Cameroun », va-t-il déclarer au cours du point de presse qu’il convoque le 26 août 2017 à Yaoundé. Sans doute conscient de ce qu’il lui est désormais impossible de continuer à résister, Tombi décide de faire ses adieux.

Il tient une conférence de presse le 28 août 2017 à Yaoundé. « Mon ambition aura été de me mettre au service de mon pays à travers son football en donnant inlassablement de ma personne, avec honneur, probité et dignité, eu égard à la grandeur de la tâche à laquelle je me suis attelé. Si les autorités du football que je respecte, ont estimé qu’il devrait être définitivement mis fin aux divers remous entretenus par certains à la FECAFOOT, je ne puis que me plier humblement à cette décision, non sans souhaiter sincèrement plein succès à nos successeurs quels qu’ils soient, afin que soit réussie la transition dont ils seront l’instrument», se résigne-t-il. Non sans regretter -parlant des actions de ceux qui contestaient son pouvoir-cette « saga judiciaire sans fin, à coups de procédures initiées ici ou ailleurs, qui distraient les énergies et les compétences et sont donc ainsi préjudiciables à la nécessaire unité qui devrait nous animer tous dans le noble dessein de sans cesse porter notre sport-roi au pinacle, les footballeurs camerounais étant les meilleurs ambassadeurs de notre pays à travers le monde ».

Tombi ajoute que s’il a lâché prise c’est parce qu’il a voulu privilégier l’intérêt du Cameroun par rapport à son intérêt personnel. Il a voulu éviter « tout acte qui peut être de nature à hypothéquer les chances du Cameroun à réussir l’organisation de cette Can est un acte antipatriotique. C’est pour cela que j’ai choisi de privilégier l’intérêt du Cameroun. Mon intérêt ne compte pas. Je ne peux pas me permettre d’hypothéquer les chances de mon pays à organiser une compétition aussi grandiose qui va égayer des millions de Camerounais »,explique-t-il. Et lorsque l’on lui demande s’il va se présenter aux prochaines élections, il répond que « c’est un peu trop tôt pour en parler ».

Un demi-mandat tourmenté

Ainsi se terminent 23 mois de présidence effective mais qui n’auront pas été un long fleuve tranquille. Les actions en justice d’Abdouraman Hamadou et Cie l’auront empêché d’avoir accès aux comptes de la FECAFOOT logés dans les banques ECOBANK et UBA. Celles-ci se sont appuyées sur une décision de justice qui ne reconnaît pas la qualité de président de la Fédération au dirigeant contesté. N’empêche au moins une autre structure bancaire continue de lui faire confiance. Tombi continue de narguer ses adversaires. Un jour à la télévision nationale il dit d’Abdouraman Hamadou qu’il ne considère pas comme membre de la FECAFOOT qu’il n’est qu’un « passant » qui n’a pas à s’occuper des affaires de cette association. Le soir de la victoire du Cameroun à la Coupe d’Afrique des Nations 2017, il nargue son opposition en soutenant qu’elle perdra toujours face à lui autant de fois que l’élection sera reprise. Et puis, le mois dernier, sur la télévision publique, il conseille à ceux-là de le laisser travailler et aller se préparer pour les élections qu’il voyait se tenir à la fin de son premier mandat de 4 ans. « Ce que je leur dis tous les jours c’est de se préparer pour les nouvelles élections. Parce que les électeurs sont connus ce sont les acteurs du foot. Et que dans moins de deux ans ils peuvent se préparer pour nous affronter à la prochaine élection », déclarait-il.

Pour s’attirer le maximum de soutien Tombi à Roko n’a pas hésité à jouer la carte politique. A côté des réguliers remerciements au président de la République, registre dans lequel il ne s’était pas illustré avant de prendre la tête de la Fédération, il a eu à initier des motions de soutien à Paul Biya. La plus mémorable est celle du 26 mars 2016. Réunis à Buea (région du Sud-Ouest) les membres du Comité exécutif, ceux de l’assemblée générale et d’autres acteurs du foot adressent une « motion de soutien, de déférence et d’appel à candidature à Paul Biya ». Celle-ci a plus de retentissement que la motion signée par les 73 membres de l’Ag élective du 28 septembre 2015 à Yaoundé. Elle sera critiquée et moquée la plupart du temps. Le Tombi à Roko Sidiki qui parlait aux journalistes le 26 août 2017 semblait moins sûr de lui et plus sage. Il doit peut-être beaucoup penser à cet audit de ses presque 2 ans de gestions commandé cette semaine par la FIFA. De même qu’à cette enquête que mène le Tribunal criminel spécial sur la période du premier Comité de normalisation et pour laquelle il a déjà été convoqué et entendu plus d’une fois. Suffisant pour que ceux qui lui souhaitent le pire le voient subir des sanctions au sein du mouvement footballistique ou croupir derrière les barreaux.

Source: actu-plus.cm