CAN 2016 : Comment le Minmap a planifié le chaos

Le ministre des Sports et de l’Education physique (Minsep) a visité, mardi, les chantiers de réhabilitation des stades Militaire, Omnisports Ahmadou Ahidjo et les annexes n°1 et n°2 de Yaoundé. Pierre Ismaël Bidoung Mkpatt, au cours de cette randonnée marathon, était accompagné de ses collègues Abba Sadou des Marchés publics (Minmap) et Jean-Claude Mbwentchou de l'Habitat et du Développement urbain (Minhdu). A l’issue de ce tour des différents chantiers, la délégation interministérielle a été stupéfaite par les déclarations du chef de mission bâtiment Egis Cameroun, Hervé His, pour qui on n’en est qu’«à 21% d’avancement des travaux». Une situation qui, selon le technicien français, est d’autant plus inquiétante que «40% des délais sont déjà consommés».

Au niveau des stades annexes n°1 et n°2, qui vont servir d’aires d’entraînement, des ouvriers restent bloqués au seuil des fouilles. Le stade Militaire peine aussi à achever sa mue. Ce retard s’explique par le manque de mobilisation des entreprises, certes, mais surtout du comportement d’une entreprise en particulier : Sinohydro, qui détient la plus grosse part du marché, soit 65% du montant de l’investissement de l’Etat du Cameroun. Cette entreprise, apprend-on, n’a pas débloqué des moyens nécessaires et suffisants permettant de mobiliser les ouvriers, matériels et autres technologies permettant de respecter son cahier de charges. Dans le même temps, ses employés dénoncent des pratiques proches de l’esclavage.

Comment comprendre alors que d’importantes parts de marchés aient été cédées à des entrepreneurs n’ayant aucune véritable expertise technique ? Créé le 9 décembre 2011, le ministère des Marchés publics (Minmap) en charge de la passation, du contrôle de l'exécution des marchés publics ainsi que de la participation au montage financier, est ainsi interpellé.

Accusés de laxisme, de favoritisme et de clientélisme dans la sélection des entreprises appelées à exécuter les travaux dans la perspective des Can féminine et masculine prévues en 2016 et 2019 respectivement, les responsables du Minmap semblent avoir planifié le chaos, ignorant ainsi les hautes instructions du président de la République, Paul Biya, qui dans sa communication spéciale délivrée en conseil ministériel le 15 octobre 2015, insistait : «Les préparatifs des importantes célébrations sportives que sont les Can 2016 et 2019 doivent s’accélérer.» Le chef de l’Etat précisait par ailleurs que «le plan d’urgence et l’organisation des Can sont pour le gouvernement de grands défis. Le gouvernement doit les relever».

A ce titre, 26 milliards de Fcfa ont été débloqués par les pouvoirs publics pour le financement des travaux de réhabilitation du vieux stade Omnisport, qui devra abriter des rencontres de la Coupe des nations de football féminin prévue du 19 novembre au 3 décembre 2016, après un premier report du 8 au 22 octobre sollicité par des autorités camerounaises en raison de la forte pluviométrie dans la région du Sud-Ouest en cette période. Outre la pose du gazon, le revêtement de la piste d’athlétisme, les vestiaires seront complètement réhabilités et les gradins pourvus de sièges. Une infirmerie moderne y verra également le jour. Sans oublier la tribune de presse, les sanitaires, la salle de conférences et des parkings de 1840 places. A la fin des travaux, le stade rénové aura une capacité de 40.000 places.

A ce jour, l’ensemble de la pelouse a été enlevée. L’implantation du nouveau gazon sera achevée dans un mois et demi, et les premiers bras d’herbes apparaîtront avant les grandes pluies du mois de mars. La démolition de l’ensemble des ouvrages existants, à l’intérieur et à l’extérieur, a été réalisée à 90% et les travaux de réhabilitation avec du béton sont lancés. Dans les prochains jours, sera érigé le socle des futures tribunes modulaires. Date de livraison des différents chantiers : juillet 2016. Vaste programme.