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CAN 2016 et 2019: Le cameroun est mal parti

Opinion Icon Sports Feature

Tue, 4 Aug 2015 Source: Georges Alain Boyomo

Les premiers blocages apparaissent dans les procédures de construction des stades.

Où en est-on avec la préparation des Coupes d’Afrique des nations 2016 et 2019 qu’abritera le Cameroun ? La question vaut son pesant d’or, car depuis la première réunion du Comité de préparation de ces compétitions tenue dans les services du Premier ministre, le 20 octobre 2014, aucune communication n’a filtré sur ce dossier, même si des concertations se tiennent.

Une note du secrétaire technique du Comip-Can adressée au Premier ministre le 16 juillet 2015, à laquelle Mutations a pu accéder, donne à s’inquiéter au sujet de la construction des infrastructures devant permettre le bon déroulement des ces compétitions.

S’agissant de la construction d’un stade de 60.000 places à Olembé (Yaoundé), l’on apprend qu’un mémorandum a été signé le 29 mars 2015 entre le gouvernement et le partenaire chinois Afeec Group Co Ldt, pour étude, conception, réalisation, financement et maintenance. Auparavant, un mémorandum a été signé le 15 mai 2014 (pour étude, réalisation et financement) entre le Minsep et la société Afecc, dont la validité est d’un an renouvelable une fois, pour la réhabilitation du Stade omnisports de Yaoundé, des stades annexes et du Stade militaire.

D’après le comité logé à la Primature, « l’entreprise Afecc a produit successivement quatre offres techniques et financières qui ont été toutes rejetées par la commission d’examen composée des experts du secrétariat technique et les points focaux des ministères sectoriels, pour incohérence entre les offres techniques et les offres financières d’une part et le non respect des termes de référence conduisant à des coûts exorbitants ».

Il apparaît par la suite que l’entreprise chinoise a estimé, dans un premier temps, les travaux de réhabilitation des stades sus indiqués à 28 milliards et, dans un second temps, elle a évalué les travaux à 33 milliards Fcfa. Dans la seconde offre, la réhabilitation du seul Stade omnisports de Yaoundé s’élève à 24 milliards Fcfa. « Par souci de transparence, le secrétariat technique a sollicité l’assistance d’un Bet [Bureau d’études techniques, ndlr] dans l’analyse des offres d’Afecc. Après toutes les procédures de recrutement, cette option n’a pas été retenue », se désole le Comité.

Le 18 mai 2015, l’entreprise Afecc a déposé ses dernières offres financières (après l’expiration de la mission de maitrise d’ouvrage fixée le 14 mai), mais le Comité estime que celles-ci, malgré l’encadrement de l’équipe du projet, sont « de plus en plus chères ». Le secrétariat technique pense, en effet, que la réhabilitation du Stade omnisports de Yaoundé ne saurait coûter plus que la construction du Stade de Limbé (18 milliards Fcfa), réalisée dans le cadre d’un partenariat clé en main.

Pour ce qui est de la construction du stade de 60.000 places à Yaoundé (Stade Paul Biya), d’un stade de 50.000 places à Yassa Japoma (Douala) et de l’aménagement extérieur du Stade de Limbé, des memoranda (pour étude, conception, réalisation et financement) ont été signés entre le Minsep et la société chinoise Cmec.

L’entreprise chinoise propose 192 991 800 000 Fcfa pour la construction du Stade de Yaoundé et 136 366 800 000 Fcfa pour la construction du Stade de Douala. Pour les aménagements extérieurs du Stade de Limbé, le coût est de l’ordre de 9,5 milliards Fcfa. « Les procédures sont à l’arrêt en ce qui concerne la construction des stades de Douala et Yaoundé », révèle le Comité. Quant à l’aménagement extérieur du Stade de Limbé, les études sont en cours.

En ce qui concerne le Stade de Yassa Japoma, le gouvernement a également sollicité l’entreprise chinoise Shangai, pour étude, conception, réalisation, financement et maintenance. Il ressort du rapport adressé au Pm que l’entreprise a déposé des variantes de maquettes et que le Comité technique les a transmises aux ministères sectoriels pour analyses et avis et que seul le ministère des Travaux publics a réagi.

A propos de la réhabilitation du Stade Roumde Adjia de Garoua (et de quatre terrains d’entraînement annexes et connexes) et la réhabilitation du Stade de la Réunification de Douala (et de quatre terrains d’entraînement annexes), l’entreprise chinoise Tianyuan Construction a déposé ses offres techniques et financières (après la signature des memoranda le 11 mars 2015) des deux projets le 9 juin 2015. L’offre globale pour les stades de Garoua s’élève à plus de 56 527 225 47 euros dont la rénovation seule du Stade Roumde Adjia est estimée à 24 milliards Fcfa. Pour les stades de Douala, la société Tianyuan évalue les travaux à 72 889 777 56 euros. La seule rénovation du Stade de la Réunification est estimée à 37,5 milliards Fcfa. Le Comité observe que « l’entreprise ne propose pas de chronogramme de recherche des financements dans son offre ».

Du reste, le Comité constate que les offres techniques proposées par l’entreprise chinoise sont largement supérieures à la construction du Stade de Limbé d’une part et d’autre part, les offres techniques sont sommairement élaborées et ne renseignent pas sur les quantités obtenues dans les offres financières, etc.

En rappel, le Comité exécutif de la Confédération africaine de football a accepté le 27 mai 2015 la demande de report de la Coupe d’Afrique des nations féminine 2016, formulée par les autorités camerounaises. Le tournoi, prévu du 8 au 22 octobre 2016, avait été reporté du 19 novembre au 3 décembre 2016 à Yaoundé et Limbé, « pour éviter les fortes pluies saisonnières ». Quant à la Can 2019, le Cameroun accueille pareille compétition 42 ans après la dernière.

Sonnette d’alarme

Le cœur de l’Afrique du football va battre au Cameroun en 2016 à l’occasion de la Can féminine, mais aussi en 2019 à la faveur de la Can masculine. Si le premier évènement est considéré comme un galop d’essai, du point de vue de l’organisation, le second est aussi bien appréhendé comme un immense chantier qu’un défi national. La réussite ou l’échec qui pourrait en découler aura donc des conséquences sportives, économiques, mais surtout politiques.

C’est dans ce sillage qu’un comité national de préparation des Coupes d’Afrique des nations de football 2016 et 2019 a été créé le 3 octobre 2014 par décret du président de la République (soit plus d’un mois après l’attribution de la Can 2019 au Cameroun par la Caf). Le Comité a pour mission de définir les orientations stratégiques et le plan d’action à mettre en œuvre dans le cadre de la préparation de la Can féminine 2016 et de la Can masculine 2019.

Ce comité est chargé de la constitution d’un portefeuille de projets à réaliser dans le cadre de la préparation des Can 2016 et 2019, de l’élaboration d’un chronogramme détaillé des opérations à réaliser dans le cadre de la préparation des CAN 2016 et 2019, de la coordination des actions des administrations et des partenaires privés dans le cadre de la préparation des CAN 2016 et 2019.

Il est également chargé du suivi de l’exécution des actions et des projets à réaliser dans le cadre de la préparation des CAN 2016 et 2019, de la recherche des financements et des partenaires dans le cadre de l’exécution des projets identifiés, en relation avec les administrations concernées. Et de toute autre mission à lui confiée par le président de la République, dans le cadre des CAN 2016 et 2019. Le Comité est placé sous l’autorité du Premier ministre. Le Comité se réunit en tant que de besoin et au moins une fois par trimestre sur convocation de son président.

A la lecture du rapport exploité ci-haut (qui n’aborde que le volet infrastructures sportives), l’on est en droit de se demander si l’inertie déplorée dans la mise en œuvre des projets de développement au Cameroun ne va pas compromettre le succès des Can 2016 et 2019, dont les retombées (positives) vont impacter l’émergence projetée en 2035. Il est temps de tirer la sonnette d’alarme.

Source: Georges Alain Boyomo