Les coachs africains étaient programmés pour échouer Dimanche dernier, lorsque l’équipe de RDC de Florent Ibenge a été éliminée par celle du Ghana d’Avraham Grant, et celle du Sénégal d’Aliou Cisse, sortie par le Cameroun de Hugo Bross, j’ai entendu beaucoup de gens s’étonner des piètres performances des coachs africains. Cette réaction m’a tellement surprise que je me suis alors vraiment interrogé sur la place ces coachs à la tête des sélections de football de nos pays.
En effet, l’actuelle édition de la CAN a une fois de plus mis en lumière, l’absence flagrante d’entraîneurs africains à la tête des sélections nationales. Parmi les 16 sélectionneurs en lice, seuls quatre entraîneurs locaux ont été sur les bancs. Il s’agit de Florent Ibenge (RD Congo), Aliou Cissé, à la tête du Sénégal, Baciro Candè de la Guinée-Bissau, et Callisto Pasuwa (Zimbabwe). A contrario, les entraîneurs étrangers sont arrivés de nouveau en force, perpétuant la tradition des « sorciers blancs ». Si la France est restée le premier pourvoyeur, avec cinq techniciens, il y aura également eu en lice, deux Belges, deux Portugais, un Espagnol, un Argentin, un Serbe et un Israélien. Mais seulement, les coaches africains étaient mal partis. Ils étaient en fait programmés pour échouer, d’où leur sortie précipitée de cette compétition. Et voici pourquoi :
UN COMPLEXE D’INFERIORITÉ AGAÇANT
En Afrique, c’est un problème de mentalité. Il s’agit sans conteste de l’un des particularismes les plus tenaces de la CAN, édition après édition. Les « sorciers blancs » restent indéboulonnables. Beaucoup de fédérations préfèrent donc recruter des coachs étrangers, même si certains d’entre eux, n’ont pas toujours une riche carrière d’entraîneur et un palmarès élogieux. En réalité, il y a incontestablement des restes d’un certain complexe de colonisés.
Il se dégage là, un grand complexe d’infériorité agaçant que les Africains eux-mêmes font perdurer, car, toujours prompts à aduler le « Blanc » qui vient de l’extérieur et à négliger les compétences locales de leurs propres frères. Les coachs blancs, souvent qualifiés de « magiciens », sont ainsi mieux payés et gagnent des salaires mirobolants, au détriment des entraîneurs africains. Ces « Blancs » disposent alors de plus de moyens financiers et logistiques pour préparer les équipes, même si les résultats ne sont pas toujours au rendez-vous. Tant pis.
UN MANQUE ÉTONNANT DE FORMATION DES AFRICAINS
Si les entraîneurs africains ont du mal à s’imposer, c’est aussi et surtout par manque de formation qualifiée. Les formations au métier de coach font défaut en Afrique. Peu d’anciens footballeurs africains suivent malheureusement des stages pour devenir des entraîneurs qualifiés. Ils préférèrent carrément se reconvertir en commentateurs ou consultants sportifs pour les chaînes de télévision européennes ou accéder à des postes de responsabilité au sein des fédérations de leurs pays, à la CAF ou encore à la FIFA. Où ira-t-on donc chercher des coachs africains compétents?
Les entraîneurs africains manquent donc de formation adéquate. Les Occidentaux peuvent naturellement donc se prévaloir de qualifications reconnues, car les Africains ne disposent aucunement pas de structures de formation, et sont trop peu nombreux à se lancer dans une vraie carrière d’entraîneur professionnel. Les gars se forment carrément sur le tas. Ce qui ne les rend forcément pas compétitifs.
MANQUE DE PATIENCE
Les fédérations africaines n’ont pas la patience de construire des équipes dignes, des minimes jusqu’au Seniors en passant par les Juniors avec leurs coachs. En Afrique, dès qu’un entraîneur perd un match, il est automatiquement viré. Curieusement, les Occidentaux ont le droit d’être mauvais, mais les Africains non ! On ne laisse donc pas du temps aux entraîneurs Africains, la patience de faire éclore des talents et de les suivre jusqu’à l’équipe nationale. On le voit donc, les entraîneurs Africains ne peuvent dans un tel contexte être performants, car on ne leur laisse pas beaucoup de patience pour détecter les joueurs et les former pour les grandes compétitions. Ils sont souvent vite limogés. Le cas du Ghana après la Coupe du monde 2014, l’illustre bien.
L’entraîneur ghanéen Kwesi Appiah, qui avait mené les « Black Stars » du Ghana à cette Coupe du monde et qui a ensuite débuté la phase des qualifications de la CAN 2015, s’était fait limoger très vite et avait été remplacé par son adjoint Maxwell Konadu. Ce dernier avait alors qualifié l’équipe pour la phase finale. Curieusement, il a été remplacé par l’ancien coach de Chelsea, Avraham Grant, qui aujourd’hui préside aux destinées du Ghana, qualifié pour les demi-finales de cette CAN 2017. Yeutch ! Et les autres exemples sont nombreux.
ET POURTANT, LES AFRICAINS NE SONT PAS SI NULS
Les entraîneurs Africains seraient-ils moins compétents que leurs collègues Occidentaux ? Non ! Car beaucoup de coachs africains ont réalisé des exploits. Hassan Shehata, l’Egyptien a permis aux « Pharaons » de remporter la CAN trois fois de suite en 2006, 2008 et 2010. Stephen Keshi, le Nigérian de regrettée mémoire, a hissé les « Greens Eagles » du Nigeria au sommet en 2013. L’Ivoirien François Zahoui, est parvenu à conduire les « Éléphants » de Côte d’Ivoire en finale de la CAN 2012. Récemment, en 2015, le Congolais Florent Ibenge, pour sa première participation de coach à la CAN, a qualifié les « Léopards » de la RDC pour les demi-finales de la CAN 2015…
Que vouloir de plus ? Qu’ils remportent une coupe du monde ? Et les « Blancs » eux-mêmes, pourquoi ils ne le font pas dis-donc ? N’est-ce pas pour cette CAN, des coachs Blancs ont été botté dehors par des Africains ? Qu’on nous laisse donc les histoires des « Blancs » là !
Dans tous les cas, les fédérations africaines ne doivent pas négliger les compétences des entraîneurs nationaux. Il faut sincèrement de plus en plus en tenir compte! L’avenir du football africain, doit impérativement se décider avec les coachs locaux. C’est indéniable !