La visite qui devait fournir les arguments pour le retrait de la Can a été reportée en urgence.
Les inspecteurs de la Confédération africaine de football (Caf) ne sont plus au Cameroun comme annoncé, pour la période du 20 au 28 août 2017. Dans un courrier adressé à la Fédération camerounaise de football (Fécafoot) ce 18 août, le secrétaire général de la Caf parle «du désistement à la dernière minute de la compagnie d’audit Price water house coopers qui devait accompagner la délégation de la Caf à se rendre au Cameroun».
Pour justifier le report d’une visite que Yaoundé et la Fécafoot préparaient la veille, en attendant les premières arrivées pour le 19 août. Autant dire que l’essentiel du travail à faire au Cameroun relevait du pouvoir du cabinet d’audit. Et pourtant, jusqu’à l’arrivée d’Ahmad à la tête de l’instance faîtière du football africain, la Caf n’avait jamais accordé autant d’importance à un acteur extérieur, dans la gestion des inspections du terrain devant abriter une compétition.
Et l’attribution de l’organisation du tournoi, objet des intrigues actuelles, n’a jusqu’ici été que l’affaire des membres de la Caf. Une responsabilité qui a souvent alterné entre l’assemblée générale et le Comité exécutif. «Un certain nombre de pays voulaient prendre en otage la Can. Sous l’impulsion d’Hayatou, la Caf a introduit la clause du Comité exécutif qui désormais avait la charge de désigner le pays organisateur», renseigne Abel Mbengue, chroniqueur sportif, jadis en service à la Caf, sous Issa Hayatou.
L’homme explique que «cela était dû à l’instabilité à la tête des fédérations ; or les statuts accordent un mandat exclusif aux membres du Comité exécutif pour une période de quatre ans», souligne-t-il. En clair, une fois admis au Comité exécutif, on le reste durant tout le mandat, même si on perd la présidence de sa fédération. Mais Ahmad qui fut membre de cette instance dirigeante de la Caf depuis 2012, a semblé y voir un complot de l’ancien régime contre la Caf. Pour contester l’attribution des Can 2019 à 2013, tel que le successeur d’Hayatou l’a fait avant de menacer de retirer l’organisation de la prochaine édition du tournoi au Cameroun.
Le piège se referme sur son programmateur
Et les menaces de l’homme ont été suivies par des actes concrets. En l’occurrence le changement à 16 mois du coup d’envoi du cahier de charges d’une compétition dont les éliminatoires sont à mi-parcours. Avec de nouvelles exigences : deux nouveaux stades de compétition et huit terrains d’entraînement. Ce que n’a pas dénoncé la partie camerounaise qui n’a pas été consultée, mais a dû accepter de subir la décision du Comité exécutif. Tombi à Roko, le président de la Fécafoot, et le gouvernement camerounais se sont pliés en annonçant des réajustements dans les programme d’infrastructures, afin de «respecter le nouveau cahier de charges». Le président Paul Biya a promis que «le Cameroun sera prêt ; j’en prends l’engagement».
Malgré tout, Ahmad est resté déterminé à sévir, en constatant sans visite de terrain, le retard du Cameroun. Convaincu déjà que «même une Can à quatre, le Cameroun n’est pas prêt». En rapprochant à août la date de la première mission d’inspection (initialement programmée pour septembre), l’homme prévoyait de trancher lors du Comité exécutif de septembre prochain.
Feignant d’ignorer le principe établi qui veut que «le détenteur de l’événement ne retire l’organisation d’un tournoi qu’après trois missions d’inspection ; la première n’étant qu’un état des lieux davantage théorique», rappelle Abel Mbengue. Ahmad avait prévu autrement. Le piège s’est refermé sur l’homme qui devra attendre un peu plus longtemps pour décider.