Samuel Eto'o et Jérémy Njitap
Le football professionnel camerounais se trouve au cœur d'une polémique concernant le paiement des salaires des joueurs. Jérémy Njitap, président du Syndicat des joueurs de football (Synafoc), a récemment publié un baromètre des salaires des clubs du championnat professionnel, suscitant des réactions mitigées.
Selon les données du Synafoc, de nombreux clubs de MTN Elite One et Elite Two accusent des retards importants dans le paiement des salaires de leurs joueurs. Certains clubs n'ont versé aucun salaire depuis le début de la saison 2023-2024, qui en est déjà à son huitième mois.
Cependant, des critiques s'élèvent contre la démarche de Njitap, l'accusant de manipulation d'opinion. En effet, il aurait omis de préciser que le paiement des salaires est une obligation pour les clubs professionnels, selon la loi camerounaise de 2018 sur l'organisation et la promotion des activités physiques et sportives.
Il est important de noter les efforts de la Fédération Camerounaise de Football (Fecafoot), sous la présidence de Samuel Eto'o, pour améliorer la situation. La Fecafoot a instauré des salaires minimums pour les joueurs et entraîneurs des différents championnats professionnels. Ces montants varient de 50 000 FCFA pour une joueuse de Guinness Super League à 250 000 FCFA pour un entraîneur de MTN Elite One.
De plus, la Fecafoot a mis en place un système de conditionnement des subventions versées aux clubs. Les clubs qui ne paient pas les salaires de leurs joueurs voient leurs subventions retenues, ces dernières étant ensuite versées directement aux joueurs ayant porté plainte pour retard de paiement.
Malgré ces mesures, la situation reste préoccupante. Dans la MTN Elite One, certains clubs comme Apejes de Mfou et Avion FC Academy de Douala accusent jusqu'à 8 mois de retard de salaire. En Elite Two, cinq clubs n'ont versé aucun salaire à leurs joueurs cette saison.
Cette situation soulève des questions sur la viabilité du modèle professionnel dans le football camerounais. Selon la définition légale, un sport est dit professionnel lorsque ses pratiquants vivent de leur activité sportive. Or, les retards de paiement chroniques remettent en question cette notion de professionnalisme.
Le débat autour de cette publication du Synafoc met en lumière les défis persistants du football professionnel au Cameroun, malgré les efforts de la Fecafoot. Il souligne la nécessité d'une réflexion approfondie sur la structure financière des clubs et l'application effective des réglementations existantes pour assurer la pérennité et la crédibilité du football professionnel camerounais.
