Il s’agit d’une tribune au vitriol publiée par Salomon Abena et relayée par le lanceur d’alerte Boris Bertolt.
IL N’EST PAS TARD POUR SAUVER LE FOOTBALL CAMEROUNAIS… Par Salomon Abena.
Convenons donc une fois pour toutes que depuis le 11 décembre 2021, date d’élections Dadis Camara à la présidence de la FECAFOOT, le football camerounais a entamé une chute dont personne ne sait exactement quand et où elle va s’arrêter. Cette descente aux enfers est particulière car elle se réalise sous les klaxons des uns pour avertir des risques encourus et les flatteries des fans aveuglés par l’affection pour la carrière de Dadis Camara. La question cruciale est : lesquels sont les plus utiles pour l’ambitieux projet « Redonner au football camerounais sa grandeur ». En tout cas, ce qu’on observe depuis un an est très loin de ce slogan finalement creux et insincère.
En effet, les sélections nationales ne se sont jamais aussi mal portées que sous cet exécutif. Éliminés de quasiment toutes les compétitions cette année, elles ne participeront qu’à la CAN U17 et, peut-être avec un peu de chance, à la CAN U23. Dans l’organisation, l’encadrement technique et le jeu, les Lions Indomptables toutes catégories sont à la peine. Les Lions À en sont le symbole.
Ils ont pourtant été tous dotés de nouveaux responsables techniques et administratifs nommés par Dadis Camara.
Sur les 11 matches disputés par l’encadrement technique imposé par Dadis Camara, c’est-à-dire le manager sélectionneur Rigo Song et l’entraîneur Sebastien Migne, le bilan est de trois victoires seulement, quatre défaites et de quatre nuls. Déclaration de Rigo Song à la fin du match nul contre la Namibie : je suis là jusqu’à la mort. C’est à ne rien y comprendre entre la défiance à tous les Camerounais qui veulent retrouver leurs Lions d’antan ou la confiance absolue à son inamovibilité, fruit d’un deal difficile à casser.
Les championnats locaux sont à la peine. Le championnat professionnel se poursuit clopin-clopant, ponctué de crises répétitives comme celles des primes sponsors, la désertion des stades par les spectateurs, la fuite des talents, les arriérés d’émoluments des officiels, les impayés des hôteliers, etc. Conséquence : le niveau global a baissé, comme l’attestent amèrement les contre-performances de CotonSport à la Champions league africaine. Ses quatre défaites en autant de sortie reflètent le niveau réel du football local du Cameroun à l’heure actuelle.
Ce que le grand public ne perçoit pas, c’est la déliquescence qui frappe le football amateurs qui ne se joue presque pas, en dehors de quelques Ligues régionales qui ont lancé les compétitions en maugréant à cause de l’absence de financement de la FECAFOOT. La plus emblématique des Ligues Régionales, où le curseur de l’échec est le plus visible, c’est la Ligue Régionale de l’Ouest. Autrefois première Ligue Régionale du Cameroun, avec des compétitions organisées avec un professionnalisme reconnu de tous les acteurs, la Ligue Régionale de l’Ouest est aujourd’hui l’ombre d’elle-même, depuis la suspension de son président et l’installation de force par la FECAFOOT d’un certain Philippe Tabopda comme SG. Celui-ci est accusé d’être un Dadis Camara en miniature.
Le football jeunes est aussi en état de léthargie après deux belles années 2019/2020 et 2020/2021, avec Gilbert Kadji comme président et Michel Kaham comme SG de la Ligue de football jeunes (LFJC). Deux promoteurs de réputation du football jeunes, dont les remplaçants à la LFJC ne sont même pas dignes d’être cités à leurs côtés.
Quant au football féminin, il est porté à bout de bras par le sponsor Guinness Cameroon. La FECAFOOT qui avait promis de payer la moitié du salaire des joueuses y a renoncé en cours de saison, au grand regret des joueuses et des clubs.
L’échec programmé de Dadis Camara n’est donc pas un fait conjoncturel comme certains le pensent en demandant du temps pour avoir des résultats. Les défaites et déconvenues qui s’alignent doivent attirer l’attention sur les causes profondes et structurelles d’un tel naufrage et formuler s’il est encore possible des mesures correctives.
Venu à la FECAFOOT sur un cheval blanc, en sauveur autoproclamé du football, Dadis Camara arrivait aussi avec son passé de piètre manager. Ses premiers actes ont tout confirmé. Ses décisions initiales ont été marquées du sceau de la violation des statuts au point de créer une crise au sein du Comité exécutif qui a conduit à l’exclusion du membre Guibai Gatama qui a eu le malheur d’attirer très tôt l’attention sur les dérives autocratiques du nouveau président de la FECAFOOT. On a alors senti que Dadis Camara n’est pas venu pour le football camerounais ou pour donner vie à son slogan, mais pour solder son passif avec la FECAFOOT et avec tous ceux qui, à un moment ou l’autre, se sont opposés à lui ou l’ont contrarié.
En six mois, Dadis Camara s’est séparé de tous les chefs de départements qu’il a trouvés en place, sans qu’il leur ai trouvé des remplaçants à la hauteur. Tenez : Paul Mebizo’o, reconnu comme l’un des rares experts en compétitions de football du Cameroun, du reste désigné directeur adjoint du Tournoi de la CAN TotalEnergies 2021, était chef du département des Compétions. Son remplaçant n’est même pas digne de porter son sac. Les collègues de Elouna, le nouveau chef de département des Compétitions, disent qu’il peut juste écrire son nom et signer. Autre exemple : Evehe Divine, ancien arbitre international, point focal FIFA pour l’arbitrage en Afrique centrale, était chef de département de l’Arbitrage. Son successeur, un certain Jean-Marie Wam, est un lugubre ancien arbitre dont personne ne se souvient. Depuis le début de la saison actuelle, les scandales d’arbitrage se suivent et se ressemblent. Des arbitres sont lynchés par les spectateurs, eux-mêmes parient sur des matches qu’ils officient. Un scandale qui, sous d’autres cieux, auraient emporté l’exécutif tout entier.
Autre exemple, le départ de Mme Mbog Liliane, chassée du département Marketing, et poursuivie en justice par Dadis Camara, n’a jamais été comblé. Ses remplaçants ne sont tout simplement pas à la hauteur. Ils bafouillent et s’égarent dans les réalités du marketing sportif qui a ses propres codes. Sans être exhaustif, citons le secrétariat général, devenu une coquille vide. Les successeurs de Parfait Siki, injustement envoyé en prison par Dadis Camara, n’ont pas été en mesure de poursuivre la mission de cheville ouvrière qui est dévolu à cet organe central. A Tsinga, on dit du titulaire actuel du poste qu’il signe tout, et qu’il finira par signer son propre licenciement sans le savoir.
Triste réalité qui explique le naufrage de la maison FECAFOOT entre des mains inexpertes. Même Franck Happi, si loquace quand il dirigeait Union de Douala et l’Association des clubs d’élites du Cameroun (ACEC), se révèle à l’épreuve bien peu efficace. En tout cas, on reste en attente d’une réforme sur le football camerounais qui porterait son empreinte.
Le pire de tout c’est l’état des finances de la FECAFOOT. Nous en avons déjà parlé. C’est dans doute le point de crise le plus explosif, d’où partiront les malheurs à venir de Dadis Camara. L’Etat est un créancier, un gros même qui peut déjà commencer à poser ses conditionnalités. Pour tenter une opération sauvetage de la FECAFOOT et du football camerounais. Cela pourrait commencer par un audit complet sur les douze derniers mois. On verrait alors clair sur la gestion financière, ce qui s’est passé au Qatar, les cas Onana et Ngadeu, la réalité du contrat avec One All Sports, ce qui pourrait arriver avec Le coq sportif, les accusations de pédophilie à Bafoussam et qui touchent le comité exécutif, etc. Il n’est pas encore tard.
Ainsi va la République