Chantiers de la CAN 2016: Ce qui coince à Yaoundé

Des entreprises défaillantes entraînent des retards  à la chaîne. Le gouvernement envisage des retraits de marchés à l’issue d’une  mission d’évaluation hier.

Ils ont plongé leurs pieds dans d’épaisses couches de poussière pendant près de deux heures à Yaoundé. Entre le stade Ahmadou Ahidjo et ses annexes, le stade militaire, ils ont regardé, se sont inquiétés, ont posé des questions. Les membres de la délégation interministérielle se sont rendus sur les chantiers des infrastructures sportives dédiés à la coupe d’Afrique des nations de football féminin. La compétition est prévue du 19 novembre au 3 décembre 2016 dans les villes de Yaoundé et Limbé. Après le tour de Limbe, la semaine dernière, et le passage du délégué de la Confédération africaine de football,  pour évaluer l’état d’avancement des travaux de construction des stades annexes 1 et 2 et du stade militaire et le réaménagement du stade Omnisports.

Sur le stade Ahmadou Ahidjo

Le stade est comme retourné. Exceptés les gradins et la clôture, tout a bougé. Mais l’état d’avancement des travaux n’est pas des plus satisfaisants. Des ingénieurs, de passage sur le site des jours avant, ne cachent pas leur surprise au regard du nombre d’ouvriers à l’œuvre sur le site. « Hier (lundi, ndlr) nous étions là mais il n’y avait personne. Le lot 1, dédié aux travaux de génie civil confié à l’entreprise chinoise SINOHYDRO est pratiquement au point mort. » Le taux d’avancement est de 7,5%. L’entreprise a trois mois de retard.

Elle a une faible mobilisation. Compte tenu du volume de travail à faire. Elle présente un personnel toujours en dessous des exigences du contrat », présente Acha Valentine, directeur de la Construction au ministère des Travaux publics, représentant des ingénieurs. Ici, on parle de 700 personnes à recruter pour espérer respecter les délais. L’on note « l’absence de toilettes pour les ouvriers, le manque de matériel de travail et la présence sur le site des intrus », poursuit l’ingénieur.

Dans le lot 2 dédié à l’aménagement des aires de jeu confié au groupement d’entreprises CSR Sarl, l’on apprend que l’entreprise a été notifiée le 9 octobre 2015 pour un délai de huit mois. Le taux d’avancement réel des travaux est de 30%. Le lot 3 qui concerne l’aménagement des voiries et parking est toujours effectué par SINOHYDRO. L’entreprise a été notifiée le 12 octobre 2015 « le taux d’avancement est de 6%. Elle compte  trois mois de retard. Le chantier est à l’arrêt depuis le 13 décembre 2015 », a-t-on entendu dire. Pour ce qui est du lot 4 à réaliser par l’entreprise CFAO à savoir l’électricité, l’ éclairage et les télécommunications, l’entreprise accuse un retard d’un mois et doit livrer en juin. Mais « ses travaux sont tributaires de certains autres retards ».

D’après les ingénieurs,  le problème se trouve au niveau du lot 3, attribué à l’entreprise SINOHYDRO dont le montant des travaux est évalué à près de 17,5 milliards de F. Il en est de même du lot 1 3,2 milliards du lot 3, d’un montant de près de 754 millions, des stades annexes 1 et 2 et des stades miliaires. Le focus concerne l’entreprise SINOHYDRO coorporation.

Sur les annexes

Au stade militaire, des déblais ne peuvent être dégagés parce qu’il n’y a pas de camions. On ne peut pas entamer le chantier des vestiaires et autres. Plus loin, une seule  bétonnière tourne et va d’un coin à l’autre. Or, l’urgence des travaux exige plus. D’après des informations, deux mises  en demeure ont déjà été servies à l’entreprise SINOHYDRO.

Louis Berger, maître d’œuvre, décrie la difficulté du raccordement au réseau d’eau CDE, on évoque le problème de déplacement au réseau CAMWATER. A SINOHYDRO, on s’explique :   « Nous sommes disposés à rattraper le retard par le travail de nuit. Qui dit appel d’offres dit mobilisation.

Du point de vue financier tous les travaux sont préfinancés par SINOHYDRO. Nous avons soumis il y a quelques jours, les différentes cautions d’avance de démarrage. Nous espérons que les diligences nécessaires seront prises », espère-t-il. Le gouvernement envisage malgré tout, des retraits de marchés.