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Claude Maka Kum, le plus grand aventurier des footballeurs Camerounais

Claude Ernest Désiré Maka Kum À 33 ans, Claude Ernest Désiré Maka Kum en a fini avec le monde du football professionnel

Tue, 4 Sep 2018 Source: 24heures.ch

Les petits footballeurs du FC Renens viennent «checker» le «grand frère» Claude Maka Kum avant leur entraînement. Joueur de la première équipe, le Camerounais a le contact facile. Les gamins l’apprécient, sans le connaître vraiment. «Ah c’est sûr, ils ne savent pas tout», sourit le latéral ou milieu gauche de 33 ans, qui a passé près de la moitié de sa vie en Russie, en Ukraine, en Moldavie, en Lituanie et au Kirghizistan, un pays dont il a même porté le maillot de l’équipe nationale à 22 reprises!

«Une vie d’aventures. Avec le recul, quand je me pose et que j’y repense, ça me paraît incroyable», raconte-t-il aujourd’hui. À 17 ans, alors qu’il sort de la Kadji Sports Academy au Cameroun, le jeune «Maka» est approché par un agent. «J’étais en deuxième division, j’avais un bon petit niveau. Cet agent me dit qu’il va m’emmener en Europe. J’étais méfiant. Je me disais toujours que si je devais partir, ce serait avec un agent européen. Là, c’était un Camerounais. Je pensais qu’il n’aurait pas assez de contacts. J’ai dit non une fois, deux fois. Et puis, ma mère a vu que tout le monde autour de moi partait. Elle m’a poussé. L’agent a donné un peu d’argent à ma famille et je suis monté dans l’avion.» Le début de trois années de galère.

Abandonnés à eux-mêmes

«En fait, je me suis retrouvé à Moscou dans une maison avec quinze autres Camerounais. L’agent a disparu, on pense qu’il a gagné de l’argent sur une transaction avec l’un de nous et les autres, il nous a abandonnés. Il ne répondait plus au téléphone, on était livrés à nous-mêmes dans la banlieue de Moscou, sans connaître la langue, sans rien. Je vous laisse imaginer…» Au lieu des essais avec de grands clubs russes qui lui avaient été promis, le jeune homme court autour de la maison pour se maintenir en forme. Un oncle lui décroche un contrat de six mois en Ukraine, avant deux ans d’errance à Moscou, de nouveau. «Et là, je fais une rencontre qui me change la vie. On allait souvent à l’Université africaine de Moscou, un lieu important. On jouait des tournois et là, un homme s’approche de moi. Il s’occupait du FK Kamaz, en quatrième division. J’accepte de le suivre, je n’avais rien d’autre de toute façon. Peu après, il est nommé entraîneur du Dordoi Bish­kek, le champion du Kirghizistan. Il me prend avec.»

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International au Kirghizistan

Là-bas, dans les steppes de l’Asie, nouveau choc culturel. «Je venais de passer trois ans à Moscou, une grande ville. J’avais 20 ans et je me retrouve dans un pays complètement inconnu. En sortant de l’aéroport, je vois des bœufs qui tirent une charrette sur la route principale, j’hallucinais complètement.» Au Kirghizistan, il s’éclate, gagne plusieurs fois le championnat et joue les compétitions continentales. L’aventure se termine une première fois lorsqu’il réclame une augmentation de salaire. «Je jouais bien, j’étais content, mais je voulais un peu plus d’argent. Je gagnais 400 dollars par mois, ce qui est amplement suffisant pour vivre là-bas, mais le président avait les moyens de me donner beaucoup plus. Et là, il me répond que je ne suis pas Ronaldinho! Bon…» Direction la Moldavie, via un ami camerounais rencontré sur Internet alors qu’il… draguait sa copine. «Une nouvelle histoire de fou. Mais la Moldavie, c’était sympa, rien à dire. Après deux ans, je rentre pourtant à Bishkek où je deviens international.»

Le foot pro, c’est terminé

Ses 22 sélections l’emmèneront notamment en Estonie («un match nul 1-1, j’avais joué toute la rencontre») et lui forgeront des souvenirs pour la vie. «Les Kirghizes, c’est spécial, c’est un peuple à découvrir.» Sa carrière l’amènera ensuite en Lituanie, puis en Suisse, depuis un peu plus de trois ans maintenant. «Pourquoi la Suisse? Parce que ma nouvelle copine, une Camerounaise, s’y est établie. J’ai fait des essais à Lausanne et à Nyon, deux clubs qui n’ont pas donné suite. Alors, je suis allé à Siviriez, en 3e ligue fribourgeoise, parce que ce club était entraîné par un Russe, Andreï Rudakov.» Échallens l’engage, puis Azzurri 90 LS, pour deux expériences en 1re ligue pas concluantes. «Alors, j’ai décidé de tirer un trait avec le football professionnel. Je suis lucide. Maintenant, je suis à Renens, juste à côté de la maison, et je veux simplement trouver un travail, me stabiliser. Les aventures, c’est terminé.» (24 heures)

Source: 24heures.ch