Six mois que le mariage dure ! La CAF et Total ont signé en juillet 2016 un accord de partenariat. Par ce contrat, le groupe pétrolier français devient le sponsor officiel des dix compétitions (CAN masculine, CAN féminine, CHAN, ligue des champions, Coupe de la CAF, etc.) de l’instance continentale du football pour les huit prochaines années.
La manne…
Si les montants n’ont pas été dévoilés, quelques indicateurs laissent en revanche croire que ce contrat est plus juteux pour la CAF que le précédent avec Orange, autre compagnie française, mais des télécommunications. Pour la CAN 2017 par exemple, le vainqueur percevra 4 millions de dollars (2 milliards de FCFA environ).
Le finaliste malheureux lui, touchera la moitié de cette somme (2 millions de dollars). A titre de comparaison, le champion d’Afrique touchait jusque-là moins d’un milliard de FCFA contre environ 500 millions de FCFA pour le finaliste malheureux.
Jeu d’intérêts
Comment comprendre cette « générosité » de Total pour le football africain, toujours à la recherche des partenaires financiers ? Le reporter de Cameroon-Info.Net, présent à Libreville pour la couverture médiatique de la CAN gabonaise, est tombé à tout hasard sur une rencontre entre les responsables de la compagnie française et des journalistes de quatre médias, triés sur le volet.
Pendant cette rencontre tenue dans un grand hôtel de la capitale gabonaise, Jacques-Emmanuel Saulnier, directeur de la communication de Total s’employait à expliquer à ses interlocuteurs les raisons de l’intérêt de la compagnie pour le football africain. « Nous avons remarqué que malgré nos résultats, nous étions toujours classés derrière nos concurrents. Et nous voulons changer la donne », expliquait l’employé de Total tout en soulignant que l’Afrique représente plusieurs millions de consommateurs.
Redorer le blason
Dans un article publié en août 2016, Jeune Afrique révélait que le choix du géant pétrolier porté sur le football reposait essentiellement sur le caractère fédérateur de la discipline. « Le groupe français veut s’afficher comme la première major pétrolière sur le continent » indiquait le magazine panafricain.
La compagnie française sait aussi qu’elle n’a plus bonne presse dans un continent où elle est parfois associée à des sordides histoires de la Françafrique. Une crise de confiance qui est sans doute la cause de la perte de grosses parts de marchés de Total dans plusieurs pays d’Afrique. S’il reste basé dans 44 pays du continent, le géant pétrolier a en revanche perdu la situation de quasi-monopole à laquelle elle avait droit dans plusieurs Etats.
Ajoutées à cela, les incidences de la chute des cours du pétrole sur son chiffre d’affaires. « Le géant français des hydrocarbures a enregistré un chiffre d’affaires de 165,4 milliards de dollars en 2015, soit une baisse de -30 % sur un an, et ce malgré une hausse de +9,4 % de sa production », renseignait Jeune Afrique en février 2016. Dans ces conditions, rien de mieux que le football, pour relancer Total qui « sait que son histoire est liée à celle de l’Afrique », comme l’a mentionné Saulnier.