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Comment les footballeurs professionnels investissent

10616 Samuel Etoo Smile 14102014 0024 Ns 500 L'ex-international camerounais, Samuel Eto'o

Wed, 13 Apr 2016 Source: camer-sport.be

Amateurs de belles voitures et autres gadgets de luxe, les stars du ballon rond pensent aussi à faire des placements pour le futur.

Penser à demain

Il ne faut pas croire que nos stars du foot sont tous des jouisseurs et des flambeurs. Eux aussi pensent à demain et sécurisent leur avenir, conscient qu’une carrière footballistique n’excède pas les quinze ans.

« La carrière d’un footballeur professionnel c’est en moyenne 10 à 15 ans il faut penser à investir pour sécuriser son avenir et celui de sa famille », résume Gilles Augustin Binya un ancien international Camerounais rencontré la saison dernière alors qu’il évoluait dans le club turc de Gaziantepspor.

En effet, selon plusieurs enquêtes, il y a environ une chance sur deux (trois sur cinq en Angleterre) pour qu'un footballeur finisse ruiné ou complètement ruiné après sa carrière. Ainsi donc, beaucoup de footballeurs camerounais investissent dans l’immobilier à l’instar d’Alexandre Song propriétaire d’une superbe villa dans la banlieue londonienne.

Cette propriété évaluée à 2 milliards de FCFA a été acquise quand le footballeur camerounais évoluait à Arsenal. Depuis, l’actuel milieu de terrain de West Ham a fait grandir son parc immobilier avec des acquisitions en France et au Cameroun.

Sébastien Bassong a aussi acheté une immense villa à Londres mais se montre plus frileux à investir au Cameroun. « C’est compliqué de faire confiance quand on est encore en pleine activité et qu’on a pas le temps de suivre ses placements. Je vais investir dans mon pays mais je préfère attendre un peu » confie le défenseur de Norwich, club de l’élite du football anglais.

Idriss Carlos Kameni a assuré ses arrières en s’offrant une demeure de rêve au quartier Damase à Yaoundé. Il a aussi beaucoup investi dans le transport avec l’achat de plusieurs camions qui desservent l’intérieur du territoire national et les pays voisins.

Lauren Etame a fait un placement important dans une chaine de centres de remise en forme en Espagne, pays où il s’est installé à l’issue de sa carrière.

Outre l’imposant immeuble qu’il a fait construire à Nlongkak, un quartier chic de la ville de Yaoundé, l’ancien capitaine des Lions Indomptables Rigobert Song est propriétaire de deux autres immeubles à Istanbul la capitale turque, le pays où il a mis un terme à sa carrière de joueur.

L’immobilier garde la côte

Pierre Wome est propriétaire d’une maison à Persan-Beaumont en France. D’où son choix de faire une pige tout à côté à Chambly, club de D3 française qu’il a rejoint en Septembre 2014. L’ancien international possède aussi de nombreux avoirs immobiliers dans son pays.

Tout comme, Danny Nounkeu et Achille Webo, qui ont eu recours à l’expertise turque (Rigobert Song en a fait de même) pour leurs investissements dans ce secteur toujours aussi prisé de footballeurs.

Les anciens joueurs ne sont pas en reste. William Andem (ex Boavista Porto) a construit un hôtel et possède un immeuble dans la partie Nord de la ville de Douala. Raymond Kalla (ex Bochum) a réussi à se relancer dans l’immobilier après des démêlés avec le fisc allemand qui l’ont contraint à la prison ferme dans ce pays.

Grace à sa bonne marge de sécurité, l’immobilier s’impose donc comme le filon porteur pour les footballeurs. « Ils sont très nombreux à nous solliciter, appuie Alain Djoumfa, un agent immobilier de la ville de Yaoundé.

Les footballeurs professionnels constituent près de 15% de notre clientèle. Certains achètent des maisons d’autres veulent des terrains nus pour des grandes constructions », ajoute-il.

Samuel Eto`o, qui adore Paris, possède un superbe appartement, boulevard Suchet, dans le 16ème arrondissement, dans l`un des immeubles de luxe réalisés par le célèbre architecte Jean Walter au début des années 1930.

Alors qu’il évoluait à l’Inter en 2010, le joueur s’est offert un appartement de 1000 m2 à 17 millions d’euro (plus de 11 milliards de Fcfa) dans la ville de Milan. Quand il jouait à Majorque, L'avant-centre camerounais avait acquis un somptueux chalet évalué en 2006 à 1,5 milliards de Francs CFA. Cette magnifique oeuvre architecturale vaut au moins le triple de ce prix actuellement.

Le palace, qui s'établit sur une superficie de 419 mètres carrés, est construit sur une parcelle de terrain de 2.600 mètres carrés. Il compte entre autre cinq chambres, quatre salles de bains, un salon spectaculaire avec cheminée, une cuisine et un vaste garage.

Il dispose aussi d'une grande piscine extérieure, de l'air conditionné, d’un ascenseur, d’un gymnase, d’un jardin et d’une vaste terrasse. Selon la presse Italienne, Eto’o aurait même acheté une maison hantée de 40 pièces alors qu’il venait de rejoindre la Sampdoria de Gênes en Février 2015. L’information a été démentie par le concerné qui a ironisé sur « cet argent qu’il dépenserait sans être lui-même au courant ».

Déboires

« Le pichichi » s’est aussi lancé dans un important investissement immobilier à travers une société montée en Espagne. Malheureusement il s’est vu flouer par son ancien agent et homme de confiance, Jose Maria Messalles qu’il a trainé en justice.

Pas de bol non plus dans son affaire lancé en grande pompe au Cameroun. Set mobile sa société de télécommunication est au bord de la faillite. Décidément les footballeurs camerounais n’ont pas tous le nez creux dans les affaires.

« Beaucoup se font berner mais ils sont obligés de rester attentifs aux opportunités d’investissement », indique Claude Wafo un homme d’affaires proche de plusieurs footballeurs camerounais. « Avant, les joueurs profitaient des conseils de leurs agents pour leurs placements, indique encore Wafo.

Mais la situation a changé et les agents semblent simplement se focaliser sur la carrière sportive qui leur permet de faire immédiatement des profits », ajoute-il. Bien de footballeurs succombent à leur passion et franchissent le cap de l’investissement. Samuel Eto’o adore les montres de luxe.

Il a lancé Eto’o World (sa collection de montres) en 2011 avec un succès jusqu’ici mitigé. Alexandre Song est un afficionado réputé de la mode. Il a créé son « Système Tchakap » en 2014.

Une ligne de vêtements de sports qui peine à s’imposer. Parfaits amateurs dans le monde du business, certains footballeurs camerounais se sont carrément étripés sur des différends financiers.

En 2009, Patrick Mboma qui était engagé dans un projet de création d’une micro finance nommée Hope Finance a sollicité certains de ses anciens coéquipiers en sélection qu’ils y placent une partie de leurs avoirs.

Idriss Carlos Kameni et surtout Pierre Wome se sont montrés réceptifs à sa demande. Déjà en préretraite, Wome a déboursé jusqu’à 400.000 euros. Il était prévu au contrat signé par les parties qu’un remboursement de 480.000 euros (près de 315 millions de FCFA) serait effectué au profit du footballeur au plus tard le 13 juillet 2010.

La caution de ce deal n’était autre que Patrick Mboma lui-même. Malheureusement le principal initiateur du projet un certain Foumbi n’a pas tenu ses engagements. L’affaire a foiré avant d’avoir commencé et Wome n’a eu d’autres options que de trainer Mboma devant les tribunaux pour rentrer en possession de son dû.

Le 07 novembre 2014, la cour d'appel de Paris a rendu un jugement condamnant Patrick Mboma à rembourser 400.000 euros (262,382 millions de F CFA), assortis des intérêts au taux légal, à Pierre Womé. Sombre épisode qui démontre l’extrême crédulité d’une bonne franche de footballeurs camerounais dans le monde des affaires.

Pour remédier à ce manque d’expérience dans un domaine toujours aussi complexe, une société a vu le jour en 2014. L’African Opportunies for Footballers Fund a été lancé, en marge de la Coupe du Monde de football du Brésil, par Silk Invest.

La société d’investissements, via ce fonds destiné aux footballeurs africains, se propose de placer leurs gains dans des investissements dédiés au développement de l’Afrique. Son président Zin Bekkali, s’est associé avec l’international ivoirien Kolo Touré pour mener à bien ce projet.

Des approches ont déjà été faites en direction de footballeurs camerounais sans que les contours de ces transactions ne soient révélés. Aucune étude sérieuse n’a encore été menée concernant l’impact des investissements de la diaspora footballistique sur le développement du Cameroun.

Toutefois, force est de constater que les footballeurs professionnels prennent une part non négligeable dans les investissements directs étrangers (IDE) dans ce pays. Dotés d’une bonne surface financière, ces hommes d’affaires en godasse, s’ils sont bien conseillés, ont décidément un rôle à jouer dans l’émergence du Cameroun.

Source: camer-sport.be