Depuis la nomination de Marc Brys à la tête de la sélection camerounaise en avril dernier, une crise secoue le football camerounais, avec un conflit latent entre la Fédération camerounaise de football (Fecafoot) et le ministère des Sports. La situation a pris une nouvelle tournure en août, lorsque Brys a critiqué ouvertement deux icônes du football camerounais et africain, Samuel Eto’o et Rigobert Song, lors d’une interview avec le quotidien belge La Dernière Heure. Si en France, des propos similaires contre Zinédine Zidane avaient provoqué une levée de boucliers unanime dans le monde du football, la réaction au Cameroun a été plus mesurée.
Patrick Mboma, ancien coéquipier d’Eto’o et Song en sélection nationale, s’est exprimé sur cette affaire lors d’une interview exclusive avec *Afrik-Foot*. Pour lui, la défense d’Eto’o et de Song a été insuffisante comparée à celle déclenchée en France pour Zidane. « Je pense que la défense de Samuel Eto’o et Song a existé, mais elle n’a pas été à la hauteur de la sortie de Mbappé et des autres pour défendre Zidane. C’est vrai que les gens ont d’abord pris le temps pour voir si les propos attribués à Marc Brys n’étaient pas des fake news. Après recoupement, les gens se sont rendus compte que c'était vrai, les propos émanaient de lui, et certains ont riposté », a confié l'ancien Ballon d'Or africain 2000.
Patrick Mboma a également tenu à rappeler l’influence mondiale de Samuel Eto’o, soulignant que Marc Brys est un entraîneur peu connu en dehors de la Belgique avant sa nomination à la tête de la sélection camerounaise. « Il ne faut pas se tromper, on n’est pas fou, tout le monde sait qui est Samuel Eto’o au Cameroun, en Afrique et dans le monde, mais on ne connait pas Marc Brys », a-t-il ajouté, minimisant ainsi l'importance du technicien belge dans le paysage du football international.
L'ancien attaquant a également reproché à Brys un manque de respect et d’intelligence dans sa gestion de la situation, tout en évoquant des explications sociologiques pour ce genre de comportement. « Pourquoi ont-ils cette arrogance pour arriver et manquer de respect ? Ça, je ne le sais pas. Peut-être pour certains, c’est un manque d’éducation, pour d’autres, les effets du colonialisme pourraient l’expliquer. Ils pensent que les Africains ne sont toujours pas capables de réfléchir et de s’émanciper », a-t-il déploré, avant de conclure : « Marc Brys a manqué de tact et d’intelligence, et il ne faut pas lui donner plus d’importance que ça ! ».
Alors que la Fecafoot et le ministère des Sports peinent à trouver un terrain d’entente, la situation au sein de la sélection nationale reste tendue. L’incapacité à établir des rôles clairs entre les différents acteurs a conduit à des conflits de pouvoir, nuisant à l’harmonie autour des Lions Indomptables. Mboma a d’ailleurs évoqué cette confusion : « Il y a un patron et une autre personne qui doit considérer qu’elle a une relation de subordination, mais qui ne le fait pas. Il y a une forme de rébellion car ce personnage se sent protégé. On devait définir depuis longtemps dans quel couloir chacun devait évoluer ».