• Il a publié des résultats de l’enquête
• Il annonce des poursuites judiciaires
• Des innocents sur la ligne de mire
C’est le contraire qui aurait étonné plusieurs observateurs quand on connait le mode de fonctionnement du Cameroun. Depuis vendredi dernier, le ministre des Sports et de l’éducation physique (Minsep) Narcisse Mouelle Kombi a rendu public les résultats de l’enquête diligentée par le président de la République après la bousculade mortelle survenue le 24 janvier dernier au stade d’Olembe. S’il n’y a pas grand-chose à mâcher de ce rapport, on note que va quand même que Narcisse Mouelle Kombi annonce que « cette enquête devrait certainement avoir des suites judiciaires ».
Ce qui est dans l’ordre normal des choses, mais qui cache mal les intentions de Narcisse Mouelle Kombi, qui selon plusieurs sources aurait déjà indexé des boucs émissaires qui serviront de bouclier pour la justice camerounaise. Quelques noms commencent à sortir, mais en gros, il se dit que ceux qui seront pointés du doigt ne représentent rien dans l’organisation de la Can.
Sur le plan du droit, « toute personne qui s’est rendue coupable d’infraction doit répondre devant la loi. Dans le cadre d’une telle enquête, s’il y a eu des manquements, la justice doit enquêter », indique Me Rodrigue Mbatchou, avocat au barreau du Cameroun.
Mais ce qui soulage encore certains c’est qu’il y a encore la possibilité que cette affaire soit noyée. Dans le rapport de cinq pages que le Cameroun a transmis la semaine dernière à la CAF, Narcisse Mouelle Kombi est encore parlant de ces poursuites. En théorie, l’exécutif ne donne pas d’instruction au pouvoir judiciaire. « C’est aussi pourquoi le ministre parle au conditionnel. Le ministre est très prudent parce qu’il n’est que ministre, il n’est pas du corps judiciaire », ajoute Me Rodrigue Mbatchou.
Selon l’avocat, les conclusions de l’enquête en cours vont certainement intéresser le tribunal de grande instance puisqu’il y a eu mort d’hommes. Il ajoute : « En matière criminelle, le dossier ne quitte pas le parquet pour le tribunal, il faut d’abord une instruction judiciaire. Le procès pénal a pour cela trois phases : l’enquête préliminaire coordonnée par le procureur de la République, l’instruction et le jugement. Les peines encourues vont de 10 à 20 ans ».
Mais le parquet va-t-il se saisir de l’affaire ? « Le parquet dispose de l’opportunité des poursuites. Il y a des cas où il y a eu mort d’hommes et le procureur décide de ne pas poursuivre l’enquête, peut-être parce que les arguments ne sont pas assez solides », note notre source.